De Samuel Paty à l'enseignant tué à Arras, une série de points communs troublants et quelques différences capitales
Une attaque au couteau d'une violence inconcevable devant un lycée, les mots "Allah Akhbar" prononcés par l'assaillant, et surtout un professeur assassiné. Le drame qui s'est déroulé ce vendredi 13 octobre 2023, dans les rues d'Arras, dans le Pas-de-Calais, tuant un enseignant, a une résonnance toute particulière à quelques jours seulement d'un triste anniversaire : celui de l'assassinat de Samuel Paty, décapité à Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre 2020.
Devenu de symbole de la lutte contre l'obscurantisme et des risques qu'elle comporte, le prof d'histoire-géographie avait été attaqué il y a trois ans jour pour jour ou presque par un lycéen de 18 ans à l'époque, Abdoullakh Anzorov, qui avait agi à la suite d'une polémique sur l'exposition par l'enseignant de caricatures de Mahomet à ses élèves.
Cette fois, c'est d'un professeur de français dont il est question et celui-ci pourrait être une victime collatérale. Selon les premiers éléments communiqués dans la presse au sujet de l'attaque au couteau d'Arras, il aurait tenté de s'interposer alors que l'agresseur, un jeune d'origine Tchétchène radicalisé, visait plusieurs autres personnes et semblait chercher un prof d'histoire selon un témoin présent sur place. On compte deux autres victimes blessées dans cet assaut, dont un agent technique et un professeur d'EPS. L'un d'eux est en urgence absolue. Ils ont été transférés à l'hôpital d'Arras.
Des points communs déstabilisants
D'autres points communs relient ce drame avec l'assassinat de Samuel Paty il y a trois ans. L'auteur des coups de couteau est un ancien élève, comme Abdoullakh Anzorov qui avait décapité Samuel Paty. Comme lui, l'auteur présumé de l'attaque à Arras était armé d'un couteau. Comme lui, il était né en Russie, d'origine tchétchène.
Cette fois en revanche, l'auteur de l'attaque serait fiché S pour radicalisation et surveillé depuis plusieurs mois par la DGSI, contrairement à Abdoullakh Anzorov qui n'était pas fiché, bien que connu des services de police pour des faits de droit commun. Autre différence notable : si Abdoullakh Anzorov avait été tué à la suite de l'attaque, emportant avec lui ses derniers secrets, ce n'est pas le cas de l'assaillant d'Arras, qui pourra peut être livrer des détails sur sa psychologie et son passage à l'acte. Et être un jour au centre d'un procès, pour l'histoire et pour les familles des victimes.