Mort de Thomas à Crépol : six suspects déjà en prison, quelle peine risquent-ils ?

Mort de Thomas à Crépol : six suspects déjà en prison, quelle peine risquent-ils ?

Les neuf suspects impliqués dans la mort de Thomas, jeune tué en marge d'un bal à Crépol (Drôme) le 19 novembre dernier, ont été mis en examen auprès du parquet de Valence samedi 25 novembre. L'identité des six suspects majeurs de précise.

Après 96 heures passées en garde à vue, neuf suspects dans le meurtre de Thomas à Crépol (Drôme) ont été présentés au parquet de Valence dans l'après-midi du samedi 25 novembre. Ils étaient dix à avoir été interpellés, suite au drame survenu en marge d'un bal dans la nuit de du samedi 18 au dimanche 19 novembre. Parmi les suspects, trois d'entre eux sont des mineurs âgés de 16 à 18 ans. Le parquet a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire criminelle.

Durant leur garde à vue dans le cadre de l'enquête pour "meurtre" et "tentatives de meurtre en bande organisée" qui aura duré quatre-vingt-seize heures, soit le temps maximum possible pour ce genre d'affaires, les neuf individus, âgés de 16 à 22 ans, ont commencé à livrer leur version des faits. Vendredi, le jeune de 20 ans qui a été "formellement désigné comme auteur du coup de couteau mortel", selon le procureur, un certain Chaïd A., a nié être l'auteur des faits, avait communiqué CNews. Selon le parquet de Valence, cet individu de 20 ans est déjà connu des services de police et a été condamné à deux reprises pour des affaires de "recel de vol" et de "port d'arme blanche ou incapacitante de catégorie D sans motif légitime".

Que risquent les mis en cause ? Le code pénal évoque des peines très claires : les condamnations possibles pour les suspects peuvent aller de deux ans de prison avec sursis pour des "faits de violences aggravées", jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité pour "violences volontaires en réunion", " meurtre en bande organisée" et aussi "tentative de meurtre en bande organisée". Tout dépendra du jugement et du procès. Les suspects sont en détention provisoire en attendant une nouvelle décision de justice.

Qui sont les agresseurs de l'attaque à Crépol ?

Sur les neufs suspects interpellés, l'un a donc été identifié comme le principal suspect responsable de la mort de Thomas. Il s'agit d'un homme de nationalité française âgé de 20 ans. Son prénom, Chaid, fait partie des six prénoms communiquée par le JDD et confirmé par Le Figaro ce lundi 27 novembre. Il est "né à Romans-sur-Isère d'une mère également de nationalité française et résidant dans le centre [de Romans-sur-Isère], et non pas au quartier de la Monnaie" comme cela avait pu être supposé dans un premier temps, selon un communiqué du procureur de la République de Valence.  Le Parisien révèle qu'il était scolarisé dans un lycée professionnel de la ville. Il a également déjà été condamné pour recel de vol et pour port d'arme blanche de catégorie D. Surtout, depuis le 25 septembre, il avait interdiction de porter une arme, pendant deux ans. Chaid A. serait l'individu ayant subi des moqueries sur son physique durant la soirée et se ferait surnommé "chiquita" (fillette) pour ses cheveux longs, comme le révèle Le Parisien. Des habitants de Romans-sur-Isère raconte au Figaro qu'il "traîne à la Monnaie avec une bande de trente jeunes environ ". " Ils font les petites mains pour les deux gros dealers du quartier."  Ce dernier nie cependant toute implication dans les faits.

Les cinq autres suspects majeurs se nomment Yasir, Mathys, Fayçal, Kouider et Yanis, et sont âgés de 19 à 22 ans. Trois autres suspects sont des mineurs. L'un d'entre eux serait âgé de 20 ans, né à Romans-sur-Isère et dont le casier judiciaire est un peu plus fourni, avec notamment une condamnation à du travail d'intérêt général "pour une infraction à la législation sur les stupéfiants" et une "amende de composition pénale pour une infraction délictuelle au Code de la route". Un autre suspect est natif de Romans-sur-Isère, âgé, lui, de 21 ans, et possède deux mentions de condamnation dans son casier, dont une peine d'emprisonnement assortie d'un sursis probatoire durant deux ans, pour des faits de violences aggravées. Un autre d'entre eux est âgé de 22 ans, a également deux mentions dans son casier judiciaire, dont une condamnation "à de l'emprisonnement avec sursis pour des faits d'outrage et menace à l'encontre de dépositaires de l'autorité publique et conduite d'un véhicule sans permis". Les deux autres sont âgés de 19 ans, un est né à Romans-sur-Isère, l'autre en Italie.

Les suspects ont commencé à livré leurs versions des faits, comme annoncé par RTL vendredi 24 novembre. Pour l'instant, Le Parisien indique qu'aucune de leur version ne concorde. Les jeunes en questions on précisé qu'ils se serait rendu au bal de Crépol pour vérifier la rumeur selon laquelle "beaucoup de filles" y seraient présentes. 

Tous les suspect semblent se connaître, sept d'entre eux ont été arrêtés vers Toulouse pendant une possible tentative de fuite vers l'Espagne et les deux derniers ont été interpellés à Romans-sur-Isère. D'après plusieurs témoignages, le groupe serait venu "pour en découdre avec les personnes présentes à la soirée". L'avocat de quatre des suspects assure toutefois que ses clients se sont rendus au bal de Crépol pour faire la fête et que la soirée a dégénéré, réfutant ainsi l'hypothèse d'une attaque préméditée.

L'enquête confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Grenoble doit se poursuivre pour déterminer la possible préméditation de l'attaque à Crépol. Les enquêteurs doivent également établir les motivations des suspects. Dans les premiers jours de l'enquête, le procureur de la République confiait au Dauphiné Libéré que "les faits s'apparenteraient à un règlement de comptes".

Des obsèques dans l'émotion

Les obsèques de Thomas se sont tenues vendredi 24 novembre, dans la commune de Saint-Donat-sur-l'Herbasse. Le Dauphiné Libéré précisait dès vendredi matin que de nombreuses personnes étaient présentes à l'église où se déroulaient dans la matinée la cérémonie. Des chaises et des enceintes avaient été installées en dehors de l'église pour que la foule présente puisse assister à la cérémonie. Selon France Bleu, pas moins de 2 000 personnes avaient fait le déplacement.

Lors de la cérémonie, le grand-père de Thomas s'est exprimé au nom de la famille. "Thomas était un brave garçon, réservé, bien élevé et serviable. Il croquait la vie à pleines dents et utilisait souvent papy et mamie pour le récupérer à l'école, aller au sport, l'emmener à la pêche ou aller voir les copains", a-t-il commencé, avant de revenir sur le terrible drame. "Une bande de loubards qui avait un couteau à la place du cœur lui a enlevé la vie, sa joie festive avec ses copains et mis la famille dans une tristesse indescriptible", a-t-il déclaré, avant de remercier la police pour son efficacité et de confier ses attentes vis-à-vis de la justice. "Ces gens-là, des sauvages, doivent être mis très rapidement à l'écart de notre société. Néanmoins, et en en tout état de cause, cela ne nous rendra jamais mon Thomas... Pardon Mamie, notre Thomas", a-t-il conclu.

Comme annoncé par La Fédération Française de Rugby ce vendredi 24 novembre sur X, une minute de silence en hommage à Thomas a été respectée sur tout les terrains de rugby durant le week-end du 25 et 26 novembre.

Jeudi soir, une veillée funèbre avait été organisée à l'église de Crépol. Une veillée organisée à l'initiative de la paroisse, mais avec l'accord de la famille. Selon France Bleu, plus de 400 personnes s'étaient réunies, dont certaines avaient dû rester dehors, devant l'église, faute d'avoir une place à l'intérieur, selon le reporter de BFMTV. Une veillée qui se voulait "un moment d'espérance, au milieu de la tragédie et de la douleur", selon le père Dominique Fornerod, le curé de la paroisse.

Mercredi, une marche blanche avait également été organisée par sa famille à Romans-sur-Isère et avait rassemblé 6 000 personnes. Dans les colonnes de Paris Match, la maman de Thomas a dénoncé l'attaque menée contre son fils et partagé sa douleur : "Ils m'ont enlevé mon Thomas. Tout ça, c'est de la folie furieuse."

Que s'est-il passé au bal de Crépol ?

L'agression mortelle est survenue dans la nuit du 18 au 19 novembre, alors qu'entre 300 et 400 jeunes s'étaient réunis dans la salle des fêtes de Crépol, dans la Drôme, pour le bal d'hiver. Selon les informations du Parisien, qui relaie les témoignages des gardés à vue, c'est une bande de jeunes hommes qui aurait eu vent de la présence de "beaucoup de filles" au bal de Crépol qui se serait rendue sur place, et non, comme cela a pu être rapporté, des jeunes venus en découdre avec les participants. À leur arrivée, le groupe se serait divisée en deux, certains entrant dans la salle des fêtes, les autres préférant boire des flashs (alcool fort) à proximité d'une supérette. Pour l'heure, l'histoire ne dit pas si ceux cantonnés aux flashs se sont vus refuser l'accès de la salle à leur arrivée. 

Alors qu'il a un temps été question d'un refus d'entrée, qui aurait entraîné la bagarre qui a coûté la vie au jeune Thomas, certains suspects affirment avoir, eux, simplement répondu à une provocation. D'après eux, un rugbyman proche de Thomas aurait tiré les cheveux, en fin de soirée, de l'un des leurs en le traitant de "Chiquita", soit de fillette. S'en serait alors suivis de vifs échanges verbaux, puis une sortie de la salle des fêtes et une bagarre générale à laquelle se seraient alors joint l'équipe restée à la supérette, dont certains des membres avaient des couteaux sur eux. 

Quoi qu'il en soit, les pompiers sont intervenus aux alentours de 2 heures du matin et ont pris en charge une vingtaine de personnes, selon les autorités. Selon le dernier bilan, 16 personnes âgées de 23 à 28 ans ont été blessées et deux se trouvaient en urgence absolue sans engagement du pronostic vital. Thomas, un jeune homme de 16 ans, est la seule victime décédée. Il a succombé à ses blessures après avoir reçu un "coup de couteau" au cœur puis à la gorge. La victime de 28 ans, sortie de l'hôpital, racontait sur RTL jeudi 23 novembre que "deux, trois personnes sont arrivées sur [lui] et c'est là [qu'il s'est] fait planter dans le dos". Et de préciser : "Ça m'a légèrement touché le poumon, ça m'a cassé une côte."