Altercation qui tourne mal ou attaque raciste ? Les nouveaux éléments sur la mort de Thomas à Crépol

Altercation qui tourne mal ou attaque raciste ? Les nouveaux éléments sur la mort de Thomas à Crépol Après la mort de Thomas lors du bal de Crépol (Drôme) le 18 novembre et la mise en examen de neuf suspects, les enquêteurs tentent d'établir le déroulé des faits et le point de départ du drame.

L'enquête est complexe, mais les premiers éléments semblent indiquer que l'attaque de Crépol n'a pas été l'expédition punitive décrite dans les heures suivant le drame. Près de deux semaines après la mort de Thomas Perotto, 16 ans, au bal du village de la Drôme organisé le 18 novembre, les enquêteurs poursuivent les investigations et s'interrogent sur le caractère raciste des violentes altercations.

Deux suspects principaux pour le meurtre de Thomas

Neuf suspects ont été mis en examen dans le cadre de l'enquête sur la mort de Thomas et tous, sauf un, sont nés à Romans-sur-Isère, ville voisine de Crépol. La question de la rivalité entre les jeunes de Crépol et ceux de Romans-sur-Isère, dont certains sont issus du quartier populaire de la Monnaie, sur fond de différence ethnique s'est posée. Mais les nouveaux éléments de l'enquête révélés par Le Parisien indiquent que si certains suspects sont bien d'origine maghrébine, d'autres portent des prénoms et des patronymes historiquement français. D'ailleurs sur les deux principaux suspects pour le meurtre de Thomas, qui présentent une ressemblance physique troublante et correspondent tous les deux à la description du coupable dressée par plusieurs témoins - "un grand brun, les cheveux longs bouclés" -,  l'un prénommé Ilyès Z. et âgé de 22 ans est d'origine maghrébine et l'autre âgé de 17 ans ne présente pas d'origines autres que françaises. Le second étant mineur son identité ne peut pas être révélée.

Une injure raciste et des propos anti-blancs évoqués

Contrairement à ce qui a pu être dit lors des premières heures de l'enquête, les jeunes de Romans-sur-Isère n'auraient pas programmé une expédition punitive au regarde des derniers éléments. Parmi les neufs suspects, au moins quatre d'entre eux ont même participé à la soirée pendant plusieurs heures avant que l'affrontement violent n'éclate : Chaïd A. (20 ans) identifié par son survêtement bleu et rose de l'Olympique lyonnais, Yanis B.-C. (18 ans), Ilyès Z. (22 ans) et un mineur de 16 ans. D'autres sont restés devant la salle des fêtes. A l'intérieur du bal, les jeunes de Crépol et ceux de Romans-sur-Isère ne se sont pas mélangés. Si la moitié de la centaine des témoins interrogés dit ne pas avoir noté de problèmes dans la soirée, d'autres participants à la fête décrivent une bande à l'écart jetant des regards malsains sur la foule.

Certains témoignages en plus de dépeindre une animosité entre les deux groupes rapportent des injures racistes, notamment celui d'une témoin qui dit avoir entendu dans la bouche de son ami Thomas L., un rugbyman de l'équipe de Thomas Perotto : "J'ai envie de taper des bougnoules". Neuf autres témoins ont rapporté aux enquêteurs avoir entendu plus tard dans la soirée, une fois la bagarre en cours, des propos "hostiles aux Blancs" de la part des Romanais. "On va t'avoir, petit Blanc", précise l'un des témoins.

Une provocation responsable d'une "rixe" ?

D'après les enquêteurs une "altercation" entre le rugbyman Thomas L. et le Romanais Ilyès Z. "pourrait être à l'origine de la rixe" écrit Le Parisien citant un rapport de police daté du 25 novembre. Au cours de la soirée, alors que la chanson "Tchikita" de Jul est diffusée, le rugbyman "m'attrape les cheveux et me dit que j'ai les cheveux longs comme Nikita" a déclaré le Romanais aux enquêteurs durant son audition. Une provocation en référence à la chanson mal accueillie par Ilyès Z. qui ajoute avoir demandé à Thomas L. de "dégager" à plusieurs reprises. "Allez, tu viens, on va dehors si tu as un problème" aurait répondu le sportif toujours selon le témoignage du suspect. Les deux hommes seraint ensuite sortis de la salle d'après plusieurs témoins.

L'altercation aurait alors débuté entre Ilyès Z. et Thomas L. rejoint par deux ou trois rugbymans selon le Romanais qui dit avoir été frappé à coups de poings et de pieds et avoir fini "à quatre pattes". Les rugbymans ont déclaré pour leur part aux policiers se défendre. Jusqu'à une trentaine de personnes aurait rejoint la bagarre selon les enquêteurs, notamment les jeunes de Romans-sur-Isère restés sur le parking, et certains de Crépol dont Thomas Perotto. Dans la bagarre, les Romanais étaient toutefois plus équipés, munis pour certains de couteaux ou de "gants coqués" selon Le Parisien. Le jeune Thomas a été victime d'un de ces couteaux, frappé près du cœur selon l'autopsie, et est décédé. Thomas L. a été poignardé à deux reprises, un autre a été gravement touché au dos et dix autres ont été plus légèrement touchés. Du côté des Romanais, cinq personnes ont été blessées par des coups.