Des policiers accusés de violences aux JO, une plainte déposée à l'IGPN
Le voyage à Paris de Neil Andrew Frias Diaz, un américano-chilien de 35 ans, a tourné au cauchemar. Il raconte à nos confrères du Parisien que, mardi 30 juin, il se rendait au centre aquatique, en Seine-Saint-Denis, pour assister à une épreuve de water-polo des JO, opposant notamment la France au Japon. Afin d'immortaliser ce moment pour sa mère qui est "juive cubaine", Neil Andrew sort un drapeau israélien et fait un selfie juste avant d'arriver aux contrôles des billets.
Il raconte que trois policiers se sont approchés de lui pour un contrôle d'identité : "Ils m'ont demandé pourquoi je prenais cette photo, ils m'ont pris mon téléphone pour regarder dedans […]. Je leur ai montré mon ticket", aidé par une autre spectatrice pour la traduction. Après cela, il s'est à nouveau rendu dans la queue vers l'entrée, mais "dix minutes plus tard, cinq autres policiers sont arrivés sur [lui]. Ils [lui] ont dit [qu'il] était interpellé. [Il a] demandé pourquoi, l'un d'eux a dit [qu'il] faisait de la résistance." Il aurait ensuite été tiré par les pieds jusqu'à un fourgon de police.
Il assure ensuite avoir passé 27 heures en garde à vue, ne pouvant pas prévenir ses amis, ni avoir accès à un avocat ou un médecin. Le trentenaire décrit aussi des humiliations, avec un refus de lui donner de l'eau et l'invitant à boire dans les toilettes.
Une plainte déposée à l'IGPN
Trois jours après cet événement, Neil Andrew a des bleus sur les bras, ainsi que des plaies qui commencent à cicatriser. Assisté de son avocat, Me David Cazeneuve, il a déposé une plainte auprès de l'IGPN (l'Inspection générale de la police nationale). Il est accusé d'avoir "opposé une résistance violente" et "d'avoir pénétré par force ou par fraude dans une enceinte sportive" en état d'ivresse et est convoqué le 26 novembre prochain, alors qu'il rentre le 5 août à New York. Une longueur de procédure inhabituelle pendant ces Jeux, où la tendance est plus à juger en comparution immédiate pour éviter ces désagréments calendaires. Le procureur de la République de Bobigny, Éric Mathais, explique que "la gravité et la nature de ce dossier ne nécessitaient pas de l'orienter en comparution immédiate", ajoutant que "le parquet de Bobigny n'a pas été informé d'une éventuelle plainte pour violences illégitimes".
Le sentiment qui prédomine chez Neil Andrew, c'est l'incompréhension. En plus d'affirmer qu'il était sobre le jour de l'événement, son avocat assure auprès de nos confrères que "la seule chose que [Neil] a faite, c'est sortir un drapeau israélien. C'était un match France-Japon, il n'y avait pas, par exemple, de supporters iraniens tournant autour", faisant référence à la situation plus que tendue au Proche-Orient. Il ajoute que "ce sont des événements extrêmement graves et inquiétants".