Affaire Pélicot : la fille de l'accusé également droguée et violée ? Cette "intime conviction" qui l'a détruite
Lundi s'est ouvert à Avignon le procès de 51 hommes accusés de viol aggravé sur Gisèle Pélicot, alors qu'elle était droguée par son mari. Ce vendredi, Caroline Darian, sa fille constituée partie civile, qui a écrit un livre "Et j'ai cessé de t'appeler papa", a témoigné sur les faits allégués à celui qu'elle nomme désormais son "géniteur". Celle qui s'est engagée dans un combat contre la soumission chimique avec son association, #Mendorpas, a fait le récit du jour où sa vie a basculé.
Le 2 novembre 2020, Gisèle Pélicot téléphone à sa fille, qui craint une mauvaise nouvelle sur la santé de son père, souffrant de problèmes respiratoires. Gisèle Pélicot lui annonce en réalité avoir passé la journée au commissariat. Elle lui apprend alors les horreurs commises par son père : "Ton père me droguait pour me violer, par des inconnus. J'ai pu voir des photos, on a voulu me montrer des vidéos, mais c'était au-dessus de mes forces", révèle-t-elle au téléphone.
"Pour moi il y a eu un avant et un après 2 novembre 2020, précisément à 20h25, ma vie a littéralement basculé", a déclaré Caroline Darian lors du procès, comme le rapporte BFMTV. Elle n'aurait jamais pu imaginer que son père puisse commettre de telles atrocités, pensant vivre dans une famille "unie". Elle s'est rendue compte qu'elle ne le connaissait pas du tout, assurant n'avoir jamais "décelé un regard déplacé, un geste mal venu". Une révélation vécue comme un véritable "cataclysme". "J'appelle mes frères, on est démunis, on pleure, on ne comprend pas ce qui nous arrive. On a mal, une douleur que je ne souhaite à personne", s'est-elle remémorée.
Cet horrible doute qui persiste
La mère de famille découvre ensuite qu'elle est concernée d'encore plus près qu'elle ne le pensait. Un policier la convoque suite à des photos d'elle prises par son père, regroupées dans un dossier "Autour de ma fille, à poil". "Là je me découvre et je comprends que l'homme qui était mon père, en qui j'avais totale confiance, de qui je pensais qu'il avait une intégrité, qu'il respectait sa fille, qu'il en était fier, qui l'avait toujours encouragée, je découvre qu'en fait, mon père m'a photographiée à mon insu, dénudée", a-t-elle raconté aux procès.
En regardant la mise en scène, "une femme qui, a priori, dort, allongée sur le côté, la lumière allumée", fesses apparentes, la quadragénaire est prise d'un énorme doute. Elle a évoqué lors de l'audience son "intime conviction que ce n'est pas elle endormie sur ces photos mais elle droguée", ne dormant jamais dans cette position. A-t-elle alors aussi été victime de soumission chimique, voire de viols comme sa mère ? Caroline Darian n'a pas évoqué la seconde hypothèse.
S'il a avoué avoir drogué sa femme, Dominique Pélicot a toujours nié les faits concernant sa fille. Ce doute qui persiste empêche la mère de famille de se reconstruire : "Aujourd'hui, je ne cherche pas à enfoncer mon père, la justice s'en chargera (...) Comment fait-on quand on se présente devant vous dans une cour criminelle, quand la qualification des faits n'est pas à la hauteur de ce que la victime sait de ce qu'elle a subi, comment fait-elle pour se reconstruire, surtout quand son père n'a pas l'intégrité intellectuelle. Quand il n'est pas mis face à des preuves irréfutables, il n'avoue pas". Elle a estimé que son père est "l'un des plus grands prédateurs sexuels de ces dernières années". Le procès pourra peut-être lui apporter des réponses.