"J'ai l'impression d'être la coupable" : Gisèle Pélicot, accablée par la défense, fait front

"J'ai l'impression d'être la coupable" : Gisèle Pélicot, accablée par la défense, fait front Le ton est monté ce mercredi 18 septembre dans la salle d'audience du procès des viols de Mazan. La principale victime s'est offusquée des questions que lui posaient les avocats de la défense, mais aussi le président du tribunal.

Depuis l'ouverture du procès médiatique dit des viols de Mazan, Gisèle Pélicot, la principale victime, n'avait jamais haussé le ton. Invitée à la barre ce mercredi 18 septembre après-midi, celle qui a été droguée à son insu durant une décennie par son époux qui l'offrait à des hommes, dont une cinquantaine sont aujourd'hui accusés de l'avoir violée, a dénoncé les propos et questions que lui posaient plusieurs avocats de la défense et le président du tribunal.

"Depuis que je suis dans cette salle d'audience, je me sens humiliée. Je suis alcoolique, je suis complice. Il faut avoir un degré de patience pour supporter tout ce que j'ai pu entendre", a d'abord déploré Gisèle Pélicot alors que le président du tribunal lui demandait notamment si elle avait participé "aux choix des partenaires", ce qu'elle a réfuté, arguant ne pas faire "d'échangisme" et ne pas avoir donné son consentement. "Mes questions vous permettent de vous exprimer", s'est défendu le président du tribunal, avant de lui demander si elle avait été "en mesure soit de consentir à un acte sexuel soit [de s']y opposer".

"Dans l'état où j'étais, je ne pouvais répondre à qui que ce soit. Les vidéos vont l'attester", a répondu Gisèle Pélicot, avant de faire part de son ressenti : "En tant que femme, l'humiliation elle est totale !" Et la principale victime de l'affaire des viols de Mazan de fustiger les débats autour de l'horodatage. "Est-ce que c'est une question de temps le viol ? Tout homme a le droit à une défense, mais de parler de minutes de secondes… Ils sont venus me violer ! Peu importe le temps passé", s'est agacée Gisèle Pélicot, vitupérant : "Avec tous les débats, j'ai l'impression d'être la coupable et les 50 victimes sont derrière moi. D'ailleurs, ils devraient s'asseoir à ma place !"

"Quand on voit une femme, endormie sur son lit, il n'y a pas un moment où on s'interroge ? Ils ont quoi à la place du cerveau ?" a ensuite questionné Gisèle Pélicot. Et de laisser éclater sa colère : "Pour moi, ce sont des dégénérés ! Pas un moment ils ne se sont posé la question. Je n'ai pas l'habitude de m'énerver, mais là franchement, ça suffit !"

"Un viol est un viol !"

Interrogée plus tard par l'avocat général sur ce que cela lui faisait d'entendre un avocat de la défense dire qu'"il y a viol et viol", Gisèle Pélicot n'a pas hésité à qualifier ces propos d'"irresponsable[s]". "Si c'était sa femme, sa sœur ?" a-t-elle questionné, estimant qu'"un viol est un viol". Une réponse qui n'a évidemment pas plu au principal intéressé. "Je pense que je vais saisir le bâtonnier", s'est emporté Me de Palma pour qui la réponse de Gisèle Pélicot serait une mise en cause personnelle. "Vous l'avez dit ou vous l'avez pas dit ?" a rétorqué Gisèle Pélicot. Et l'avocat de se justifier : "J'ai dit qu'il y avait le viol dans son acception populaire journalistique et le viol juridique. Que les propos vous aient blessés, aient pu choqué ce n'était pas mon intention. Je voulais rappeler les règles de droit."

"Est-ce que vous n'auriez pas des penchants exhibitionnistes que vous n'assumeriez pas ?" a par la suite posé un autre avocat. "C'est incroyable, avec son mari on est exhibitionniste ?" s'est cette fois-ci agacé l'avocat de Gisèle Pélicot. "Cette question est dégradante, c'est insultant", a quant à elle rétorqué la principale intéressée, avant de lâcher : "Je comprends que les victimes de viols ne posent pas plainte !"