Mort de Philippine : Bruno Retailleau promet de "renverser la table"
Plus d'une semaine après que Philippine Le Noir de Carlan a été retrouvée morte dans le bois de Boulogne, le ministre de l'Intérieur veut "renverser la table, pour que ça ne se reproduise pas".
- Dans les pages du Journal du Dimanche, le nouveau ministre de l'Intérieur est revenu dimanche sur le meurtre de Philippine Le Noir de Carlan. Il promet de "tout faire en sa mémoire, quitte à bousculer les règles, à renverser la table, pour que ça ne se reproduise pas."
- L'étudiante de 19 ans a été retrouvée morte samedi 21 septembre dernier dans le bois de Boulogne, en région parisienne. Elle avait disparu la veille à proximité de son université, Paris-Dauphine.
- Le principal suspect dans le meurtre de Philippine est Taha O., ressortissant marocain de 22 ans. Il avait déjà été condamné pour viol en 2022 et était soumis depuis sa libération à une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Son ancienne avocate s'est exprimée samedi dans Le Parisien : "On craignait un suicide, pas une récidive", a confié Me Laura Beauvais.
- Le suspect a été arrêté en Suisse mardi soir, alors qu'il tentait vraisemblablement de fuir la France. La France va demander son extradition, ce qui pourrait prendre quelques semaines, voire plusieurs mois.
14:41 - Marion Maréchal déplore des sanctions "qui ne sont pas appliquées"
FIN DU DIRECT - Invitée sur BFMTV et interrogée sur Taha O., suspect principal dans le meurtre de Philippine et soumis à une OQTF qui n'a pas été exécutée, Marion Maréchal a déploré des sanctions "qui ne sont pas appliquées". L'eurodéputée a dénoncé "une faillite de l’Etat" et souhaite la "remise en cause des accords migratoires dérogatoires avec l’Algérie, le Maroc, la Tunisie".
Concernant les déclaration de Bruno Retailleau, elle doute qu'il obtienne "des résultats", puisqu'il participe à "un gouvernement du centre, avec un garde des sceaux de gauche".
13:34 - Faire évoluer "l'arsenal juridique" français, la promesse de Bruno Retailleau
Mercredi, le ministre de l'Intérieur avait déjà appelé à une évolution de "l'arsenal juridique" après l'arrestation de Taha O., principal suspect, en Suisse. "Face à un tel drame, précédé de bien d’autres, nous ne pouvons pas nous contenter de déplorer ou de nous indigner", avait-il écrit dans un communiqué.
Lundi, sur TF1, Bruno Retailleau avait promis d'utiliser "tous les moyens" pour "faire baisser l'immigration en France", dont le changement des règles européennes, et il fait de l'exécution des OQTF une priorité.
12:13 - Bruno Retailleau promet de "renverser la table, pour que ça ne se reproduise pas"
Le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau est revenu dans le JDD sur la mort de Philippine et promet de "tout faire en sa mémoire, quitte à bousculer les règles, à renverser la table, pour que ça ne se reproduise pas". Il souhaite changer les "règles défaillantes", citant "les libérations anticipées, la réponse pénale, les remises de peine, la durée de rétention, les conditions d’expulsion, l’appel non suspensif des préfets au moment de la libération dans un CRA".
Après la mort de l'étudiante, plusieurs responsables politiques ont critiqué le "laxisme de la justice", le suspect principal ayant été libéré début septembre alors qu'il était soumis à une OQTF.
Une mort par asphyxie et des zones d'ombre
Le corps de l'étudiante en 3e année de licence économie et ingénierie financières à l'Université Paris Dauphine a été découvert à moitié enterré non loin de la cantine de l'université, où elle avait été aperçue une dernière fois à 14 heures le 20 septembre. Le Parisien a révélé que les médecins légistes chargés de l'autopsie avaient conclu dimanche à une mort par asphyxie.
Pour autant, les circonstances exactes de la mort de Philippine et le mode opératoire de son potentiel assassin restent encore à éclaircir. Car si la strangulation est la première idée qui vient à l'esprit lorsque l'on parle de décès par asphyxie, les médecins légistes seraient formels : Philippine n'aurait pas été étranglée. L'absence de trace de serrage tendrait même à écarter cette hypothèse, relève Le Parisien, qui affirme par ailleurs que les rumeurs selon lesquelles Philippine aurait été victime de coups seraient fausses.
Pour expliquer l'asphyxie, une source du quotidien de la capitale évoque "une compression", sans que davantage de détails ne soient livrés pour l'heure. Les "autres examens et expertises" à mener, évoqués dès dimanche soir par le parquet de Paris, pourraient être expliqués par ce manque de clarté de la situation. Mais un expert balaie d'emblée que tout ne pourra pas être déterminé par les médecins légistes et qu'il faudra attendre les résultats du travail d'enquête pour en savoir plus.
Le corps de Philippine retrouvé en partie enterré
Vendredi après-midi, l'étudiante avait quitté l'Université vers 14 heures, après avoir déjeuné au Crous. Elle devait se rendre chez ses parents dans les Yvelines, à Montigny-le-Bretonneux. C'est la dernière fois qu'elle a été aperçue. Constatant que leur fille n'arrivait pas, ses parents avaient tenté de l'appeler, sans réussite. La sœur de la jeune femme avait été la première à donner l'alerte, le soir même, sur les coups de 23 heures en se rendant au commissariat du 16e arrondissement de la capitale. Une procédure pour disparition inquiétante avait alors été ouverte.
L'inquiétude était rapidement montée chez ses proches. Philippine n'avait pas pour habitude de rester injoignable très longtemps. Son téléphone a borné pour la dernière fois au bois de Boulogne. Une battue a alors été organisée samedi pour tenter de retrouver la jeune femme disparue. Près de cinquante personnes ont prêté main-forte à la famille en se rendant sur place. Son téléphone a d'abord été retrouvé, avant la découverte du corps, "à environ 20 mètres du lieu de découverte de l'appareil, derrière un monticule", précise Le Parisien.
À 16h50, le corps de Philippine a été découvert, en partie enterré, près d'un chemin de randonnée. "La victime a été formellement identifiée tard dans la soirée", ce dimanche, a confirmé le parquet de Paris auprès du Parisien, notamment grâce à la chaîne autour de son cou et les vêtements qu'elle portait. Une enquête a été ouverte pour homicide volontaire et confiée à la brigade criminelle.
Un homme avec une pioche aperçu par des témoins
Désormais, une interrogation doit être levée : que faisait Philippine Le Noir de Carlan à l'arrière de son Université alors qu'elle était censée se rendre chez ses parents dans les Yvelines ? En effet, la station de RER de la ligne C, que l'étudiante était censée emprunter, se trouve "de l'autre côté", explique Le Parisien. "Il pouvait lui arriver d'aller marcher un peu là-bas [au bois de Boulogne ndlr.], juste pour prendre l'air, pour s'aérer", affirmait mardi une connaissance de la famille au quotidien.
Selon les informations du Figaro, des témoins auraient aperçu un homme avec un masque chirurgical et portant une pioche se diriger vers le lac du bois de Boulogne. L'individu, "brun d'environ 1m80", a-t-il constitué un début de piste pour les enquêteurs ? La géolocalisation du téléphone de Philippine aurait en tout cas orienté les recherches des enquêteurs, selon des proches de l'enquête auprès de la chaîne d'information en continu. En parallèle, les auditions se poursuivaient ces derniers jours, et les proches qui ont participé aux recherches le samedi devaient notamment être entendus dans les locaux de la brigade criminelle.
Choc et incompréhension dans l'entourage de Philippine
Lundi, une minute de silence pour rendre hommage à Philippine a été organisée dans le hall d'accueil de la fac, l'occasion pour ceux qui l'ont côtoyée de se remémorer la personne qu'elle était. C'était "une fille très intelligente, bienveillante, très solidaire avec ses camarades et surtout pleine de vie", a témoigné auprès du Parisien une ancienne professeure de la jeune femme. "Elle était brillante et très travailleuse. C'était une tête de classe. Je me disais souvent qu'elle aurait sûrement accès à de meilleurs masters que moi", confie au Figaro une étudiante. Et une autre camarade de renchérir : "C'était une très bonne élève qui aimait beaucoup lire. Elle était profondément gentille. Elle était douce et très discrète. Ce n'était pas quelqu'un d'extravagant. Elle passait du temps avec sa famille dès qu'elle le pouvait."
Alors qu'une veillée de prière s'est organisée dimanche soir dans l'église Saint-Pierre-du-Lac, que fréquentaient la victime et sa famille, un encadrant de Philippine chez les scouts s'est également souvenu d'elle dans les colonnes du Figaro. "Elle est très active, très gentille et très proactive. Elle était toujours partante et disponible s'il y avait besoin de faire quoi que ce soit ou pour motiver les autres", s'est-il rappelé.
Ce lundi, à l'université, l'insécurité dans le bois de Boulogne voisin était sans surprise sur toutes les lèvres, mais ceux qui ont connu Philippine s'interrogeaient avant tout sur qui aurait bien pu lui en vouloir. "Elle était très bosseuse, vraiment gentille, un peu timide et réservée. Je ne sais pas qui aurait pu vouloir lui faire du mal", s'est confiée au Figaro une camarade de classe. "Je ne la connaissais que de vue, mais c'était une fille très gentille qui ne semblait pas avoir de problème", a également remarqué auprès du Parisien une connaissance.