Mort de Philippine : la première victime de Taha O. a son idée sur les failles de l'OQTF dans la récidive

Mort de Philippine : la première victime de Taha O. a son idée sur les failles de l'OQTF dans la récidive Dans une lettre poignante, une victime du suspect du meurtre de Philippine s'est exprimée ce dimanche. Elle souhaite le lancement d'une commission d'enquête sur "la prévention de la récidive dans les cas de crimes sexuels".

Dans une lettre adressée à l'AFP, une précédente victime du principal suspect du meurtre de Philippine, Taha Oualidat (déjà condamné pour viol en 2021) s'est exprimée ce dimanche 29 septembre. Écrite après la mort de Philippine, elle pointe notamment les dysfonctionnements administratifs des obligations de quitter le territoire français (OQTF) ainsi que les défaillances de la prise en charge des violeurs pour éviter la récidive. Cette jeune femme qui a souhaité garder l'anonymat a été violée par Taha O., pendant une agression en 2019 dans la forêt de Taverny (Val-d'Oise). Elle avait porté plainte rapidement, et son agresseur avait été condamné à sept ans de prison. 

Le "dysfonctionnement" de l'OQTF ne doit pas "oblitérer la question de la récidive" 

"Pourquoi n'a-t-on pas su arrêter cette escalade de la violence jusqu'au meurtre d'une jeune femme ?", s'interroge la rédactrice. Au coeur du débat, la connaissance du profil de l'agresseur. "Mon agresseur a été condamné à la peine quasi maximale encourue pour ce type de crime commis par un mineur et a été incarcéré. Immédiatement après sa libération, il aurait récidivé et commis l'irréparable (...) La dangerosité de Taha O. était connue. Un homme qui viole une femme est dangereux. Qu'il soit inconnu de sa victime ou son mari, qu'il soit étranger ou français, que le viol ait eu lieu dans une forêt ou dans un appartement conjugal. Le viol est un crime. Il est le radical de la violence, il contient en son sein une négation de l'autre, de son droit à être et à exister", explique-t-elle dans un récit poignant. Mais ce n'est pas tout, la jeune femme n'élude pas l'OQTF à laquelle son agresseur aurait du être soustrait. Elle l'évoque même à plusieurs reprises dans sa lettre, en revanche, elle se questionne et invite la société à prendre conscience de l'accompagnement qui pourrait être mis en place pour éviter ce genre de récidives.

L'obligation de quitter le territoire français qui avait été émise contre l'agresseur de cette jeune femme n'a pas été exécutée. "Les raisons de ce dysfonctionnement devront être éclaircies et ces failles corrigées", affirme-t-elle. Le "dysfonctionnement" de l'OQTF ne doit toutefois pas "oblitérer la question primordiale de la récidive". "Quelles mesures de prévention de la récidive sont prévues et effectivement mises en place dans les centres de détention ? Quel est l'impact de la détention dans la réduction des risques de récidives ? Quels programmes d'accompagnement à la réinsertion sont prévus ?", questionne-t-elle.  Des interrogations qui résonnent d'autant plus fort après la mort de Philippine, 19 ans. "Il me semble essentiel que nous nous interrogions collectivement sur l'effectivité des moyens mis en place et ceux à créer pour que ce qui est arrivé ne se reproduise plus", alerte la jeune femme.

"Je souhaite le lancement d'une commission d'enquête"

"Quand bien même cette OQTF aurait été respectée, quels dispositifs de coopération internationale existent pour prévenir la récidive de crimes sexistes et sexuels de criminels expulsés ? Notre fraternité, notre humanisme, ne peut pas s'arrêter aux portes de nos frontières", poursuit-elle. Dans sa lettre, la première victime de Taha O. fait une proposition pour tenter de réduire les trous dans la raquette qui persistent, encore, concernant les crimes sexuels et sexistes : "Je souhaiterais le lancement d'une commission d'enquête sur la prévention de la récidive dans les cas de crimes sexuels et sexistes", lance-t-elle, comme une bouteille à la mer, peut-être à destination des responsables politiques et de la justice qui doit désormais faire la lumière sur le meurtre de Philippine.