Procès Paty : ce qu'a dit Brahim Chnina sur sa fille a profondément heurté l'audience
Brahim Chnina est accusé au procès du meurtre de Samuel Paty d'association de malfaiteurs terroriste. Il est poursuivi pour avoir participé à "l'élaboration et la diffusion de vidéos présentant des informations fausses ou déformées destinées à susciter un sentiment de haine" à l'encontre du professeur décapité le 16 octobre 2020.
Sa fille lui avait raconté quelques jours avant l'attentat, alors qu'elle était exclue de son collège, que Samuel Paty avait montré en classe des caricatures de Mahomet nu publiées dans Charlie Hebdo. Selon la jeune fille, l'enseignant avait demandé aux élèves musulmans de quitter la classe si cela les dérangeait. En réalité, il s'agissait d'un mensonge, l'élève n'étant même pas présente au cours.
Son père avait pourtant fait suivre cette rumeur sur des groupes WhatsApp. Brahim Chnina s'est ensuite rendu au collège de Conflans-Saint-Honorine en compagnie du militant islamiste Abdelhakim Sefrioui. Ils avaient demandé à parler à la principale, mais le ton était rapidement monté. Le soir même, le père se filme avec un masque chirurgical sur son visage déclarant que "sa fille a été choquée suite au comportement de son prof, c'était un voyou. Ce voyou ne doit plus rester dans l'Education nationale".
Brahim Chnina regrette d'avoir cru sa fille
Brahim Chnina est passé à la barre ce lundi 2 décembre. Il a affirmé "regretter infiniment" ses actes et d'avoir "cru sa fille à 100%". Le président lui a alors demandé s'il estimait s'être fait manipuler, il a répondu : "Sur cette histoire-là, oui, mais je me suis aussi fait avoir par moi-même". Il a ainsi admis qu'il ne pouvait pas tout mettre sur le dos de son enfant : "Elle a fait une faute et moi j'en ai fait autant", assurant qu'il avait cru "que Monsieur Paty n'aimait pas les musulmans". L'accusé a reconnu avoir "fait l'erreur impardonnable de donner les coordonnées du professeur et de l'école", assurant n'avoir pas eu conscience des potentielles conséquences de ce choix et avoir voulu protéger sa fille.
Par ailleurs, Brahim Chnina a pointé du doigt la principale du collège. Selon lui, elle ne l'avait pas informé de l'absence de sa fille au cours, ce qu'il estime être un élément déterminant. "Si elle m'avait dit 'votre fille n'était pas en cours', j'aurais peut-être fait marche arrière, mais au lieu de ça, elle m'a recalé d'une réunion", a-t-il raconté. Un argument très mal reçu par la cour.
L'interrogatoire a d'ailleurs heurté Gaëlle, l'une des sœurs de Samuel Paty, "Il revient toujours sur les mêmes positions, les mêmes postures, il rabâche depuis le départ", a-t-elle confié à franceinfo à la sortie de l'audience. Cette prise de parole a même été jugée "choquante". "Elle montre qu'il n'a pas compris sa part de responsabilité, ses actes et qu'il pouvait avoir des conséquences. Qu'il n'a pas compris, ou qu'il ne veut pas le dire aujourd'hui à la cour".
Brahim Chnina a aussi démenti être "un terroriste". Les investigations ont toutefois révélé "neuf contacts sur la période du 9 au 13 octobre 2020 entre Brahim Chnina et Abdoullakh Anzorov", l'assassin de Samuel Paty. L'accusé a pourtant assuré ne pas se souvenir de tels échanges. Il encourt 30 ans de réclusion criminelle, avec un verdict final rendu le 20 décembre.