Les premiers mots de Serge Atlaoui à ses proches, après 19 ans en prison en Indonésie
Serge Atlaoui a attendu dix-neuf ans dans une prison d'Indonésie avant de pouvoir rentrer en France. Le ressortissant français avait été arrêté en 2005 dans une usine de la banlieue de Jakarta où de la drogue avait été découverte. Il avait été dès lors incarcéré par les autorités qui le soupçonnaient d'être un "chimiste" impliqué dans un marché de stupéfiants. L'artisan soudeur originaire de Metz s'est pourtant toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique. Depuis 2005, la France négocie le retour de Serge Atlaoui avec l'Indonésie. Un accord a finalement été conclu ce 24 janvier 2025.
Ce mardi, à la mi-journée, les services pénitentiaires indonésiens ont fait savoir qu'il avait été extrait de sa cellule de la prison de Salemba, dans la capitale indonésienne, avant d'embarquer dans un convoi direction l'aéroport Soekarno-Hatta. Après la prise en charge des forces de l'ordre françaises, il doit décoller dans la soirée pour Paris et arrivera mercredi matin. "Il est extrêmement soulagé ", indique son avocat Richard Sédillot, en contact régulier avec lui, auprès du quotidien l'Est Républicain.
L'arrestation de Serge Atlaoui avait suscité un vif émoi en Indonésie, où la législation antidrogue est l'une des plus sévères du monde, mais aussi en France. D'autant que la justice indonésienne a prononcé les plus lourdes peines contre le Français. D'abord condamné à la réclusion à perpétuité, il a vu sa peine s'alourdir sur décision de la Cour suprême en 2007 : en appel, la juridiction a décidé de le condamner à la peine de mort.
Heureusement, le père de quatre enfants a obtenu un sursis après que Paris a intensifié la pression, les autorités indonésiennes ayant accepté de laisser un appel en suspens suivre son cours. Mais sans l'intervention de la France, Serge Atlaoui devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015.
Des retrouvailles attendues
Cet accord découle d'une demande officielle de la France réclamant le "retour immédiat" de Serge Atlaoui en raison de "la détérioration de (son) état de santé", dont la gravité reste encore inconnue selon Ici (anciennement France Bleu). La demande a obtenu une issue favorable, même si le sort du sexagénaire à son arrivée sur le sol français doit être précisé dans le cadre de l'accord. Une nouvelle incarcération en France est-elle possible ?
Son avocat, sollicité par France Inter, indique qu'il demandera "évidemment" une remise immédiate en liberté. "Il a vécu des années atrocement difficiles, loin de tous ceux qu'il aime, enfermé, il a toujours gardé une dignité et un calme toujours impressionnants", assure Me Richard Sédillot.
Avant de retrouver sa famille, le Lorrain sera d'abord "conduit à Bobigny et présenté au parquet puis placé en détention", a indiqué à l'AFP son avocat. "Nous interviendrons devant le tribunal compétent qui statuera sur l'adaptation de la peine et nous demanderons qu'une adaptation permette sa mise en liberté", a-t-il ajouté.
Malgré les péripéties judiciaires qui l'attendent, Serge Atlaoui ne manque pas d'optimisme : "J'ai échappé au peloton d'exécution, j'ai survécu à deux cancers, je peux bien attendre quelques jours encore", a-t-il dit à son entourage, contacté par RTL. Des premiers mots qui démontrent un état d'esprit combatif. "Je suis émerveillé par le courage de cet homme qui est incroyable, affirmait déjà, en 2015, Me Richard Sédillot au sujet de son client. Et lorsqu'il envisage le pire, il ne pense qu'à ses proches, il ne parle jamais de lui. C'est un homme d'une grande générosité."
C'est pourquoi, le sexagénaire préfèrent attendre la fin des procédures pour retrouver sa famille dans les meilleures conditions. "Je suis l'aîné de onze frères et sœurs, il y a beaucoup de monde qui attend mon retour depuis 19 ans ! Mais je les verrai quand je serai libre, pas dans un tribunal ou une prison française", a-t-il déclaré lors de cet appel avec ses proches.