Qui se cache derrière l'enlèvement de David Balland ? Ce que l'on sait du réseau criminel
C'est une histoire digne d'un film d'action – ou d'horreur. Le cofondateur de l'entreprise de cryptomonnaie Ledger, David Balland, et sa femme, ont été enlevés mardi 21 janvier et séquestrés pendant respectivement 24 et 48 heures. Une rançon était demandée en échange de leur libération et le doigt du chef d'entreprise a été mutilé pour faire pression. Le couple a finalement été retrouvé par le GIGN, mais toute la lumière n'a pas encore été faite sur cette affaire. Derrière cet enlèvement et cette séquestration pourrait se trouvait une opération criminelle "très organisée" et ayant possiblement des ramifications à l'étranger.
"Dix personnes ont été interpellées" pour l'enlèvement de David Balland, a indiqué Marie-Laure Pezant, porte-parole de la gendarmerie, au micro de Franceinfo. Il s'agit de neuf hommes et d'une femme, selon Le Figaro, âgés entre 20 et 40 ans. Certains sont d'ailleurs connus de la justice "notamment pour des faits de délinquance de droit commun", a expliqué la gendarme. Trois des personnes interpellées ont été remises en liberté à l'issue de leur garde à vue ce vendredi 24 janvier, leur lien avec la vaste opération d'enlèvement n'ayant pas été établi. Les sept autres individus doivent être présenté devant un juge d'instruction à Paris en vue d'une mise en examen. Selon la procureure de Paris, Laure Beccuau, citée dans Le Point, les suspects vont être poursuivis pour séquestration en bande organisée afin d'obtenir le versement d'une rançon en cryptomonnaie, avec acte de torture. Ils encourent la prison à perpétuité.
Le commanditaire toujours recherché
Malgré ces interpellations, l'enquête est toujours en cours. Les premiers éléments suggèrent que les personnes arrêtés ont été de simples exécutants d'un contrat recrutés par une ou plusieurs commanditaire(s) encore inconnu(s). C'est la piste privilégiée et rapportée par le porte-parole de la police, Marie-Laure Pézant : "Maintenant, il nous faut remonter aussi aux commanditaires." Qui sont-ils ? "Les investigations sont en cours", indique la porte-parole, mais la piste de commanditaires se trouvant à l'étranger est possible. Elle est même suggérée par la localisation des comptes bancaires sur lesquels la rançon devait être versée, lesquels se trouvaient au Maroc selon les informations du Parisien. "C'est pour ça que c'est important de travailler en coopération avec l'international", a-t-elle poursuivi.
Les indices concernant la personne ou le groupe derrière l'enlèvement de l'investisseur David Balland sont encore rares. Tandis que le projet des petites mains recrutées et arrêtées se précisent. A une exception près, tous les suspects sont des hommes âgés de 20 à 40 ans. Ils sont issus de différents départements français - la Seine-Saint-Denis, l'Essonne, Paris ou encore les Bouches-du-Rhône pour l'un d'eux - et ne se connaissaient pas avant le début de l'opération criminelle. Ces individus aux profils de petits délinquants, notamment de "jobbeurs" pour la trafic de drogue, ont indiqué durant leurs auditions avoir été recrutés par le ou les chef(s) de l'opération sur les réseaux sociaux et indépendamment les uns des autres. Même les missions à réaliser par chacun pour l'enlèvement et la séquestration ont été données individuellement à chaque suspect rapporte Le Parisien. Certains devaient enlever les victimes, d'autres les surveiller lorsqu'elles étaient otages, quelques-uns étaient chercher de conduire les véhicules volés... La seule femme de l'équipe aurait eu pour mission de récupérer les clefs de la maison louée sur Airbnb pour séquestrer le couple et d'autres bâtisses et de ravitailler les autres suspects.
Ce qu'il s'est passé
Les forces de l'ordre sont parvenues à libérer David Balland mercredi 22 janvier : 230 gendarmes étaient mobilisés lors d'une opération "exceptionnelle", tout comme le GIGN avec 90 agents et "l'unité nationale cyber pour faire des investigations numériques", a relaté la gendarme. "Au départ, on sait qu'il y a deux personnes qui ont été enlevées, mais on ne sait pas où elles sont, si elles sont toujours en France, si elles sont parties à l'étranger, on a aucun élément et en 48 heures, on met tous nos moyens locaux, nationaux et on parvient à les retrouver."
David Balland était retenu dans l'agglomération de Châteauroux (Indre). Une rançon de plusieurs millions d'euros était demandée en cryptomonnaie. Le doigt du chef d'entreprise a été sectionné et envoyé à ses proches, notamment le cofondateur de Ledger Éric Larchevêque, pour faire pression sur eux et exiger la rançon. Une partie a été payée en cryptomonnaie - la porte-parole de la gendarmerie n'a toutefois pas révélé le montant - mais le paiement a été gelé par les forces de l'ordre. La femme de David Balland a été retrouvée jeudi, ligotée dans le coffre d'une voiture à Étampes (Essonne).
17:49 - La fortune d'Éric Larchevêque, cible principale des ravisseurs du couple Balland ?
David Balland, cofondateur de l'entreprise de cryptomonnaie Ledger, a été enlevé et mutilé par un groupe de malfaiteurs, qui pour sa libération a exigé une rançon de plusieurs millions d'euros en cryptomonnaies - 10 millions, selon Le Parisien. Et d'après les informations du journal, les ravisseurs en avait après la fortune de l'autre cofondateur de Ledger, Éric Larchevêque, estimée à plusieurs centaines de millions d'euros - bien plus que la victime. Éric Larchevêque est en effet connu du grand public pour sa participation dans l'émission M6 "Qui veut être mon associé ?". Et c'est à lui que le groupe criminel a envoyé la vidéo du doigt mutilé de David Balland. De quoi étayer cette piste.
Ce n'est toutefois pas lui qui a payé une partie de la rançon, avant la libération du couple Balland, puisqu'il ne pouvait pas débloquer rapidement une telle somme. Les associés de l'entreprise ont tous mis la main au portefeuille pour tenter de sauver le cofondateur. Avec l'accord de la gendarmerie, précise Le Parisien, qui souhaitait préserver l'intégrité des otages avant leur libération.
17:28 - La rançon devait partir vers des comptes marocains
Les ravisseurs de David Balland et de sa femme avaient exigés une rançon de 10 millions d'euros sous forme de cryptomonnaies. Une partie avait été versée par les proches du couple, avant leur libération par les forces de l'ordre. La somme devait partir sur des comptes au Maroc, selon le Parisien. Une information qui appuie la théorie d'une organisation criminelle dont la tête serait un commanditaire situé à l'étranger.
16:09 - Sept personnes déférées pour une mise en examen
Sur les 10 suspects interpellés pour l'enlèvement et la séquestration de David Balland, 7 vont être présentées à un juge d'instruction en vue d'une mise en examen rapporte Le Parisien. Les 3 dernières ont été remises en liberté faute de pouvoir faire de lien avec le kidnapping et les violences. Selon la procureure de Paris, citée dans Le Point, les suspects vont être mis en examen pour séquestration en bande organisée afin d'obtenir le versement d'une rançon en cryptomonnaie, avec acte de torture. Ils encourent la prison à perpétuité.