Prisons attaquées : 30 interpellations en cours, une piste privilégiée par les enquêteurs

Prisons attaquées : 30 interpellations en cours, une piste privilégiée par les enquêteurs Les "auteurs présumés des attaques contre les agents pénitentiaires et les prisons de notre pays", ont été interpellées tôt ce lundi 28 avril, annonce le ministre de la Justice Gérald Darmanin.

Une vaste opération coordonnée par les enquêteurs de la Sous-direction antiterroriste (SDAT) avec l’appui des policiers judiciaires locaux est menée depuis ce lundi matin, à l'aube, pour interpeller une trentaine de suspects dans plusieurs départements français parmi lesquels la région parisienne en Seine-et-Marne et Hauts-de-Seine, la Drôme, le Gard, les Bouches-du-Rhône, le Var, le Rhône ou encore le Lot-et-Garonne, selon les informations du Parisien. Des propos confirmés par une source proche de l'enquête auprès de BFMTV. Sont visées : des personnes suspectées d'être liées aux attaques de prisons et du personnel pénitentiaire ayant eu lieu ces dernières semaines en France.

Au total, une trentaine de suspects serait visée par cette opération, selon les informations du Parisien, 22 selon le parquet national antiterroriste (des propos relayés dans les colonnes du Figaro). Les interpellations sont en cours, dont certaines s'effectuent au sein même de prisons, précise la chaîne d'informations en continu. Cette opération est menée dans le cadre de l’enquête pilotée par le parquet national antiterroriste (PNAT) et ouverte notamment des chefs d’"association malfaiteurs terroriste criminelle", "dégradation de biens" et "tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste". Sur X, le garde des Sceaux Gérald Darmanin s'est félicité de "l'interpellation des auteurs présumés des attaques contre des agents pénitentiaires et les prisons de notre pays. Force reste à la loi et à la République dans notre lutte implacable contre le narcotrafic", écrit le ministre de la Justice. 

La piste de la criminalité organisée privilégiée

Toujours selon les informations du journal Le Parisien, la police et la justice privilégient pour l'instant la piste de la criminalité organisée. "Ces opérations d’intimidation coordonnées auraient ainsi été commanditées, notamment depuis l’intérieur même des prisons, par des détenus influents, avant d’être sous-traitées à des exécutants zélés, des 'petites mains' recrutées sur les réseaux sociaux et téléguidées contre quelques centaines d’euros", précise le journal. 

"Il n'y a aucun doute sur le fait qu'on retrouvera les auteurs" assurait il y a dix jours le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur BFMTV. À ce moment-là, déjà, la piste du "narcotrafic", plutôt que celle de "l'ultra-gauche" était avancée par ce dernier, tout comme par le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Une intuition nourrie par le contexte et la campagne du garde des Sceaux sur la création de prisons hautement sécurisées et destinées à accueillir les narcotrafiquants les plus dangereux. Certains, comme le préfet de police de Paris, estiment par ailleurs que les inscriptions "DDPF", pour "droits des prisonniers français" ou "défense des prisonniers français", "donne une indication quand même assez précise sur le fait qu'on est sur des gens qui veulent faire pression sur les autorités politiques, sur la politique de fermeté qui est menée". 

Ce sont pourtant ces quatre lettres qui ont initialement mis l'hypothèse de l'ultra-gauche sur la table. Des groupes éponymes de l'acronyme sur Telegram ou Signal ont diffusé des appels à s'en prendre aux prisons ces derniers jours entre d'autres messages dénonçant la surpopulation carcérale, les conditions de détention qu'ils jugent "humiliantes" rapporte M6. Des messages dénoncent également le comportement de surveillants "qui nous frappent, qui violent certains détenus, qui exercent des pressions physiques et psychologiques". Mais là encore, les indices peuvent corroborer les deux pistes puisque des codes et expressions souvent employés par des dealers ont été retrouvés dans ces mêmes messages.

Des attaques coordonnées contre les prisons

Matériel incendié, coup de feu... Les attaques contre les prisons ont pris différentes formes. Elles ont commencé dans la nuit du dimanche 13 avril à lundi 14 à la prison de Réau (Seine-et-Marne) et le centre de formation des surveillants de prison, l'Enap, à Agen (Lot-et-Garonne). Puis les établissements de Toulon (Var), d'Aix-en-Provence, Marseille (Bouches-du-Rhône), de Valence (Drôme), de Nîmes (Gard), de Luynes (Indre-et-Loire), de Villepinte (Seine-Saint-Denis) et de Nanterre (Hauts-de-Seine) ont été ciblés ente lundi et mardi. Enfin, trois véhicules ont été incendiés sur le parking de la prison de Tarascon (Bouches-du-Rhône) et le hall d'un immeuble dans lequel habite un surveillant de prison a aussi été attaqué à Meaux-Chauconin-Neufmontiers.

Un individu a mis le feu à plusieurs voitures devant l'établissement pénitentiaire à Valence, plusieurs véhicules ont également été brûlés sur le parking de la prison de Toulon et à proximité de celle de Marseille. Dans la cité phocéenne, des individus ont également mis le feu à une résidence abritant les logements de surveillants pénitentiaires. Mais c'est à Toulon que les actions ont été les plus violentes avec plusieurs tirs à l'arme automatique visant la porte de la prison. Selon le procureur de Toulon, Samuel Finielz, la porte du centre pénitentiaire a été visée par des tirs "à l’arme lourde" effectués par "plusieurs individus" arrivés à bord d’un véhicule. Les auteurs des tirs ont ensuite pris la fuite. Personne n'a été blessé, mais une dizaine de douilles a été retrouvée sur place. Le parquet a ouvert une enquête pour "tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique". Autant d'actes qualifiés "d'attaques terroristes" par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Dernières mises à jour

08:41 - La DZ mafia marseillaise aux commandes ?

Outre la piste de la criminalité organisée privilégiée par les enquêteurs, ces derniers explorent une piste plus resserrée menant à la "puissante DZ Mafia marseillaise", selon les informations révélées par RTL, ce lundi matin, après les attaques qui visent les prisons ou les agents pénitentiaires depuis deux semaines. Plusieurs sources proches de l'enquête évoquent même auprès du média un possible nouveau phénomène : "le narco-terrorisme", visant à intimider et déstabiliser l'Etat.

08:26 - Des suspects "jeunes, peu expérimentés"

La vaste opération d'interpellations lancée ce matin vise "essentiellement des exécutants, des personnes soupçonnées d’avoir été missionnées pour commettre ces actions punitives, sans être décisionnaires des opérations", révèle Le Parisien. La majorité est très jeune, certains sont mineurs et connus pour des petits délits en lien avec la législation sur les stupéfiants. Selon le journal, plusieurs de ces suspects ont laissé des traces et indices rapidement exploités par la police technique et scientifique sur les scènes de crime. Ils sont décrits comme "peu expérimentés, loin d'être des criminels aguerris". Le quotidien évoque même un "mode d’action grossier et imprudent tant sur le terrain que dans les méthodes de communication de l’organisation criminelle". 

18/04/25 - 17:25 - La sécurité des établissements pénitentiaires renforcée en Ile-de-France

"Des rondes et patrouilles renforcées autour des établissements pénitentiaires [ont eu lieu], significativement la nuit, mais aussi en journée. Elles permettent d'assurer une présence extrêmement importante autour des établissements pénitentiaires", annonce le préfet de Paris. En Ile-de-France,  "des rondes et patrouilles mobiles dynamiques" ont été mises en place lors des entrées et de sorties des personnes sur la zone des prisons. Les directeurs d'établissements doivent également signaler toutes formes de menaces sur leur personnel.

18/04/25 - 12:10 - Les narcotrafiquants derrière les attaques selon le préfet de police

Le parquet national antiterroriste n'exclut, ni ne privilégie une piste concernant les auteurs des attaques de prison. "Il n'y a pas de piste définitivement confirmée tant que ces investigations n'auront pas été au bout", a confirmé le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, qui estime toutefois qu'on "peut penser que cette action a quand même quelques rapports avec le narcotrafic, plutôt que l'ultragauche ou l'ingérence étrangère". Le préfet se range donc du côté des autorités qui penchent plus en faveur de représailles à la politique de Gérard Darmanin et de ses prisons hautement sécurisées pour les narcotrafiquants les plus dangereux. "Les investigations sont en cours, elles vont se poursuivre. Il n'y a aucun doute sur le fait qu'on retrouvera les auteurs. Nous sommes tout à fait déterminés", a ajouté Laurent Nuñez.

17/04/25 - 16:14 - 12 actes coordonnés et 21 véhicules incendiés

Pour l'instant, le parquet national antiterroriste (PNAT) - en charge des investigations - recense 12 actes coordonnés contre des prisons ou agents pénitentiaires depuis dimanche dernier. Deux concernent directement les domiciles de surveillants, un contre l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire et neuf visaient des prisons. Au total, pas moins de 21 véhicules ont été incendiés.

17/04/25 - 15:37 - Darmanin et Retailleau serrent la vis : la liste des nouvelles mesures de protection réclamées aux préfets

Dans un télégramme conjoint adressé aux préfets, au préfet de police et au directeur de l'administration pénitentiaire, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau appellent à "renforcer sans délai la surveillance et la protection" des établissements pénitentiaires, ainsi que de leurs personnels, révèle ce jeudi France Info. Les deux ministres dévoilent de nouvelles mesures, dans un document que le média a pu consulter : patrouilles dynamiques, détection des véhicules et individus suspects, notamment. "Les agents pénitentiaires devront faire preuve d'une attention particulière dans la détection de toute personne ou de tout véhicule suspect" et "signaler tout fait, y compris de 'basse intensité' (jets de projectiles, tag...) commis à l'encontre d'un établissement pénitentiaire". Aussi, "les véhicules de l'administration ne seront plus stationnés en dehors des enceintes et les véhicules personnels seront également mis à l'abri chaque fois que possible", précise-t-on.

17/04/25 - 13:23 - Qui se cache derrière les sigles "DD" ou "DDPF" ?

Dans la nuit de jeudi, les lettres "DD" ont été taguées sur la boîte au lettres d'un agent pénitentiaire de la prison d'Amiens. Un procédé déjà employé depuis dimanche dernier, avec l'inscription "DDPF" signifiant "droit des prisonniers français", qui accompagnent les dégradations. A Tarascon et à Meaux-Chauconin-Neufmontiers, cette inscription a aussi été retrouvée récemment. Mais alors, qui est derrière ces sigles ?

Selon Jérôme Poirot, consultant BFMTV et ancien adjoint à la coordination nationale du renseignement, l'enquête ouverte pour association de malfaiteurs terroriste et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste donne "un indice très clair sur l'origine potentielle de ces actions". "Le fait que le parquet national anti-terroriste se soit saisi quasi-immédiatement" de l'affaire veut dire beaucoup, confie-t-il au micro de la chaîne d'informations en continu. De son côté, le garde des Sceaux parle lui d'une "attaque terroriste", ce mercredi, lors d'une visite au centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède. Et la piste de l'ultra-gauche ? "C'est probable", d'après une source proche du dossier auprès de 20Minutes.

17/04/25 - 12:48 - Un agent pénitentiaire de la prison d'Amiens pris pour cible

Des dégradations ont été signalées devant le domicile d'un agent pénitentiaire de la prison d'Amiens, apprend BFMTV ce jeudi 17 avril. "L'agent a constaté des flammes sur sa boite aux lettres aux alentours de minuit. Elle a aussi été taguée de deux lettres 'DD'", précise le média. Il pourrait s'agir des deux premières initiales de DDPF, pour "défense des droits des prisonniers français". Un pneu du véhicule de l'agent a aussi été crevé.

17/04/25 - 10:04 - Une vigilance renforcée autour des sites pénitentiaires

Selon les informations de BFMTV, le préfet de police de Paris a demandé dans une note interne à ses services de faire preuve "d'une attention particulièrement soutenue la nuit" à l'égard des sites pénitentiaires d'Ile-de-France, après les attaques coordonnées qui ont visé plusieurs prisons à ravers la France depuis dimanche dernier. Par ce biais, Laurent Nuñez espère "permettre d'éviter au maximum le risque d'action délictuelle et d'interpeller leurs auteurs, avec une attention particulièrement soutenue la nuit", précise-t-il.

17/04/25 - 09:02 - "Notre intime conviction, c'est la piste de narco-racailles", indique Retailleau

Ce jeudi 17 avril, le ministre de l'Intérieur était l'invité de RTL au sujet de la vague d'attaques contre les prisons françaises depuis dimanche dernier. Si cette nuit "a été calme" a rappelé le ministre, il a également assuré que "ces gens-là, où qu’ils se trouvent, nous les trouverons". "Notre intime conviction, c'est la piste de narco-racailles (...) L’une des pistes les plus crédibles. lls ne nous ont pas déclaré la guerre, mais c’est nous qui leur avons déclaré la guerre avec la loi narcotrafic. Nous allons pouvoir taper à leur portefeuille"", lance Bruno Retailleau.

Toutefois, les pistes de l’extrême gauche et de l’ingérence étrangère ne sont pas fermées : "L’autorité judiciaire communiquera au bon moment", assure-t-il. "Quand on tirera un premier fil, on tirera toute la pelote. Je serai étonné qu’ils n’aient pas laissé d’indices, car ce sont des pieds nickelés. Ils ont reçu l’ordre de brûler des voitures de surveillants pénitentiaires, mais ont brûlé celles de détenus", poursuit le ministre.

17/04/25 - 08:40 - "Des éléments qui commencent à remonter vers telle ou telle orientation", indique le procureur antiterroriste

"Ce qui est important de retenir à cette heure, c'est qu'il n'y a pas de piste qui soit privilégiée (...) Ce serait une erreur de fermer l'une ou l'autre des voies pour le moment. Il n'y a pas eu d'arrestation, ni de ciblage spécifique de profils (...) Notre objectif est d'être le plus ouvert possible sur toutes les pistes qui peuvent être envisagées pour ce type d'actes". En revanche, "Il y a évidemment, à mesure que les investigations avancent, des éléments qui commencent à remonter vers telle ou telle orientation", indique ce jeudi 17 avril sur France Info le procureur de la République antiterroriste Olivier Christen. 

"Nous nous sommes saisis parce que le terrorisme relève de plusieurs qualifications possibles dont celle qu'on appelle le terrorisme par intimidation. Elle n'est pas définie précisément par la loi mais, selon les auteurs, elle correspond à une action d'une exceptionnelle gravité qui a pour finalité de faire pression sur la population ou les pouvoirs publics pour qu'ils fassent ou ne fassent pas quelque chose". "Dans la mesure où nous avons été confrontés à une action concertée sur l'ensemble du territoire national, sur un laps de temps relativement long, on peut considérer aujourd'hui que nous sommes dans ce type de fait", poursuit-il au sujet des différentes attaques de prisons en France depuis dimanche dernier.

17/04/25 - 08:29 - "Ils ont tapé au hasard", des violences qui s'étendent ?

Mercredi 16 avril, trois véhicules garés sur le parking de la prison de Tarascon (Bouches-du-Rhône) ont été incendiés. L'un d'entre eux appartenait à David, qui n'est pourtant pas agent pénitentiaire, la profession tant décriée par les auteurs des faits et des dégradations depuis ce dimanche dans toute la France. Il travaille pour une société sous-traitante en charge de l’entretien et de la logistique de l’établissement depuis 3 ans et a été interrogé par Le Figaro

"Nous, on n’a rien à voir avec eux, souffle David. On travaille ensemble, bien sûr, mais on n’est pas des hommes en bleu, ceux contre lesquels ils sont souvent énervés (...) Je ne pense pas que c’est visé. Ils ont tapé au hasard. C’est gratuit", regrette-t-il, dans les colonnes du quotidien. Selon lui, les attaques sont choisies de façon totalement arbitraire. Un avis partagé par Nicolas Capron, délégué syndical FO à Tarascon : "Un des agents pénitentiaires touchés est en arrêt maladie longue durée et a sa voiture garée ici depuis des semaines (...) Ce sont des agents qui n’ont aucun problème avec des détenus à l’intérieur. C’est le symbole de la République qu’on a voulu attaquer", assure-t-il.

16/04/25 - 23:09 - Comment la justice a-t-elle eu accès aux conversations sur Telegram ?

FIN DU DIRECT - La plateforme Telegram collabore de plus en plus avec les forces de l'ordre, et ce depuis qu'elle est dans le viseur de la Justice. Les organisations criminelles privilégiaient en effet cette application puisqu'elle ne modérait pas ses contenus ni ne collaborait avec les autorités. Mais depuis l'arrestation et la mise en examen de son fondateur, Pavel Durov, en 2024, la plateforme a changé totalement de stratégie. Dans l'enquête sur les attaques contre des prisons françaises, Telegram a donc annoncé collaborer pleinement, permettant aux enquêteurs de mettre la main sur les conversations incriminantes. 

16/04/25 - 20:07 - "Nous ne voulons pas laisser faire", assure le gouvernement

"Nous ne voulons pas nous laisser faire. Nous voyons bien que nous avons appuyé là où ça fait mal, très probablement. Nous sommes prêts à mener une lutte jusqu'au bout contre ce narcotrafic", a réagi Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, à la sortie du Conseil des ministres ce mercredi. Elle a rappelé que les enquêtes sont en cours.

16/04/25 - 17:44 - Les coupables "seront retrouvés, jugés et punis", assure Macron

"Certains cherchent à intimider nos personnels pénitentiaires et s'attaquent avec une violence inadmissible aux établissements. Ils seront retrouvés, jugés et punis. Notre troisième force de sécurité intérieure accomplit une mission essentielle de défense de l'État de droit et de la paix publique, avec courage et dévouement. Je réaffirme à tous nos agents du ministère de la Justice mon total soutien et celui de la Nation", indique Emmanuel Macron, ce mercredi 16 avril après les diverses attaques contre des prisons françaises depuis dimanche dernier.

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