Rodéo urbain en Haute-Savoie : Retailleau dénonce une "tentative d'homicide abjecte" contre le pompier volontaire percuté

Bruno Retailleau a dénoncé une "tentative d'homicide", "révoltante" et "absolument abjecte", contre le pompier percuté lors d'un rodéo urbain samedi 10 mai à Évian-les-Bains (Haute-Savoie).

"Cette tentative d'homicide (…) a franchi toutes les limites. Elle est révoltante, elle est absolument abjecte", s'est indigné Bruno Retailleau, samedi 10 mai, après qu'un sapeur-pompier volontaire a été percuté lors d'un rodéo urbain. Le ministre de l'Intérieur a exprimé sa colère face à "cette société laxiste qui déconstruit le respect humain (…), déconstruit la notion d'autorité, la notion de hiérarchie. Cette société a engendré une fabrique de barbares, les mots ne sont pas trop forts, croyez-moi". Il a opposé "la France des gens honnêtes" et "les barbares qui méritent qu'ils soient punis".

Que s'est-il passé samedi pour déchaîner la colère du ministre ? Le soleil commençait à peine à se lever à Évian-les-Bains (Haute-Savoie), lorsque le drame s'est produit. Il est un peu plus de 6 heures du matin lorsqu'un homme, un sapeur-pompier volontaire d'une quarantaine d'année, est sur la route pour prendre son service. Il croise deux automobilistes en plein rodéo urbain devant sa caserne. Accompagné d'autres sapeurs-pompiers, qui auraient été alertés par le bruit des dérapages, il tente de les interrompre, selon le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, en déplacement sur les lieux du drame.

En regagnant la caserne, le pompier volontaire qui allait prendre son service a été percuté par un véhicule. Un acte qui semble volontaire. Il a été projeté en l'air à plusieurs mètres de hauteur et a percuté un muret dans sa chute. Le pompier, entre la vie et la mort, a été transporté à l'hôpital d'Annecy avec son pronostic vital engagé. Il est actuellement dans un coma grave avec un traumatisme crânien et thoracique. Ses collègues pompiers ont fait part de leur volonté de porter plainte. Le procureur de la République de Thonon les Bains a communiqué en fin d'après midi sur cette affaire. Le conducteur de la voiture aurait également tenté de rouler sur les autres pompiers présents au moment des faits, qui ont réussi à esquiver la voiture.

Les deux automobilistes interpellés

Le conducteur, âgé de 19 ans, circulait sans permis. Après avoir projeté le sapeur-pompier volontaire avec sa voiture, il a baissé la vitre et craché sur la victime et les autres pompiers qui étaient en train de secourir leur collègue, puis a tenté de fuir. Il a finalement été interpellé 40 minutes plus tard et placé en garde à vue. Des cartouches de protoxyde d'azote, de la vodka et des sodas énergisants ont été retrouvés dans sa voiture. Il a d'abord refusé de se soumettre à un test d'alcoolémie et de stupéfiants, mais les a tout de même subis. Selon le procureur de la République, il avait 0,28mg d'alcool par litre de sang. Les résultats de l'analyse toxicologique sont toujours attendus.

D'après les premiers éléments de l'enquête, il aurait déjà été condamné à trois reprises en 2024 pour usage et trafic de stupéfiants. Il était d'ailleurs convoqué, le 20 juin, devant le tribunal de Cambéry pour conduite sous emprise de stupéfiants et usage illicite de stupéfiants en récidive. Un autre automobiliste, âgé de 20 ans, a été interpellé et placé en garde à vue.

Une enquête pour tentative d'homicide est ouverte

Bruno Retailleau, est arrivé à 18h sur les lieux du drame. Après s'être entretenu avec le procureur de la République, les élus locaux, les sapeurs-pompiers et la police, il s'est exprimé devant la presse. "Mon premier mot, évidemment, dans ce drame, il sera pour la famille", a commencé le ministre, précisant qu'il avait une femme et un enfant en bas-âge." Le ministre de l'Intérieur souhaite un regain d'autorité, avec l'éventuelle mise en place de peines courtes, qui se compteraient en semaines, afin de lutter contre le "sentiment d'impunité".

La préfète de la Haute-Savoie a assuré "tout son soutien à ses proches et à ses collègues sapeurs-pompiers, professionnels ou volontaires, notamment présents sur les lieux".

La veille, Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, a fait passer une circulaire aux procureurs de la République concernant ces rodéos urbains, qu'il a qualifié de "fléau (…) qui pourrit la vie de nombreux Français". Il leur a été demandé de "saisir systématiquement les véhicules impliqués dans des rodéos et, comme la loi le permet, les vendre ou les faire détruire avant même le jugement".