Nouvelles accusations contre l'abbé Pierre : des enfants victimes dans la moitié des cas
Un an après les premières révélations, l'abbé Pierre est visé par 12 nouvelles accusations, dont sept concernent des mineurs, a indiqué un rapport du cabinet spécialisé Egaé publié mercredi 9 juillet. L'abbé Pierre, décédé en 2007, est désormais visé par 45 accusations de violences sexuelles, a rappelé BFM TV. Henri Grouès, de son vrai nom, avait fondé Emmaüs en 1985 pour venir en aide aux plus démunis. Dans un communiqué, l'association a indiqué qu'Emmaüs et la Conférence des évêques de France (CEF) avaient "décidé conjointement la mise en place d'un dispositif de réparation financière" pour les victimes de l'abbé Pierre.
Le rapport publié mercredi 8 juillet cite plusieurs témoignages anonymisés, parmi lesquels ceux de deux sœurs. L'une d'elles dit que le prêtre s'est masturbé sur son sexe alors qu'elle avait 11 ans. Sa sœur décrit quant à elle une fellation forcée, ce qui relève du viol, quand elle avait 15 ans. Ces faits remontent aux années 1970. Dans un mail, une autre victime a rapporté "au moins trois faits de violences sexuelles lorsqu'elle avait 10 ans" dans les années 1990. Une autre raconte avoir "subi un contact entre ses cuisses, sous sa jupe" alors qu'elle voyageait en train dans le wagon de l'abbé Pierre en 1953.
La commission reconnaissance et réparation (CRR), une instance mise en place par la CEF après les révélations, en 2021, sur la pédocriminalité dans l'Église depuis les années 1950, sera chargée de mettre en place le dispositif de réparation financière. Celui-ci sera opérationnel dès le mois de septembre 2025 et sera "entièrement financé par les fonds propres du mouvement Emmaüs et ceux de la CEF", a précisé l'association dans son communiqué. De son côté, l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et réparation (Inirr) s'est engagée à "prendre en charge la réparation pour les trois victimes de l'abbé Pierre qui l'ont déjà contactée".
Après avoir recueilli les témoignages des victimes, la CRR et l'Inirr proposent une réparation financière qui peut monter jusqu'à 60 000 euros. Interrogé par France Bleu, Mgr François Durand, l'évêque du diocèse de Valence, a estimé qu'il était "normal d'écouter les victimes, de les accompagner et, dans cet accompagnement, de leur proposer un processus de réparation, y compris financier." Toutefois, il a souligné que "ce qui a été commis reste irréparable". L'évêque de Valence a ajouté qu'il fallait accorder du crédit aux témoignages de ces victimes. "On peut être assez sûr que ce que rapportent les personnes est véridique, étant donné le nombre de victimes et ce qu'elles décrivent avec précision", a estimé Mgr François Durand. L'abbé Pierre étant décédé, la justice civile et la justice canonique sont dans l'impossibilité de se prononcer. "Ce fonds d'indemnisation n'est pas la panacée, mais c'est un élément pour aider autant que possible les personnes à se reconstruire un peu", a conclu l'évêque.