"Ça, je ne pourrai jamais lui pardonner" : la fille de Gisèle Pelicot s'explique sur sa relation avec sa mère

"Ça, je ne pourrai jamais lui pardonner" : la fille de Gisèle Pelicot s'explique sur sa relation avec sa mère Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot, s'est confiée au sujet de sa relation avec sa mère. Elle revient sur un procès extrêmement douloureux : "dans cette salle d'audience, elle était censée m'aider", regrette-t-elle.

Huit mois après l'historique procès des viols de Mazan, et la condamnation de Dominique Pelicot et des 50 autres accusés - déclarés coupables de viols aggravés ou d'agression sexuelle pour l'un d'entre eux - la fille de Gisèle Pelicot, Caroline Darian, a accordé une interview au média britannique The Telegraph. Elle poursuit son combat pour tenter de se reconstruire, et obtenir des réponses à des questions qui persistent toujours. Sa relation avec sa mère, elle, en est impactée à jamais.

La femme de 46 ans confie qu'elle et sa mère ne se parlent plus. "Ma mère m'a lâché la main dans la salle d'audience (...) elle m'a abandonnée", dit-elle. Un épisode, très dur à avaler pour elle, après tout le soutien dont elle a fait preuve auprès de sa mère meurtrie. "Pendant quatre ans, j'ai accompagné ma mère partout. Je l'ai soutenue sans jamais la juger. Et ce n'était pas toujours facile, car elle ne voulait pas entendre ce que je lui disais sur Dominique. Mais dans cette salle d'audience, elle était censée m'aider", confie-t-elle. 

Selon la fille de Gisèle Pelicot, sa mère "était la seule personne capable de convaincre son mari d'avouer, et ça, je ne pourrai jamais lui pardonner. Jamais", lâche-t-elle. Caroline Darian regrette également le fait que Gisèle Pelicot ait trouvé impossible de croire que son mari s'en soit pris à sa propre fille. Lorsqu'il n'était plus interrogé à ce sujet-là pendant l'audience, "il savait qu'il avait gagné et qu'il ne répondrait à aucune question me concernant. Et c'était horrible pour moi. J'ai été forcée de crier dans cette salle d'audience, même si ce n'est pas autorisé, car l'indignation était toute ma force : 'Tu vas mourir seul, comme un chien'", se rappelle Caroline Darian. 

"Ma mère n'est pas une icône"

"Tu sais ce que ma mère m'a dit à plusieurs reprises dans la cour pendant le procès ? 'Arrête de te donner en spectacle'", confie-t-elle à la journaliste du Telegraph. Dans son livre "I'll Never Call Him Dad Again", qui sort le 28 août, elle compare sa mère à une "reine médiévale" dans la salle d'audience. Pour autant, elle estime que cette personne "n'a rien à voir avec" elle. "Ce que j'essaie de dire, c'est que ma mère n'est pas une icône – pas pour moi", poursuit-elle. "Ce que je ne respecte pas, c'est qu'elle n'ait pas rempli son contrat avec moi. On reste mère jusqu'à la mort, quelles que soient les épreuves – mais elle ne l'a pas fait", déplore la fille de Gisèle Pelicot. 

Caroline Darian évoque également les dégâts collatéraux causés par cette affaire, notamment auprès de son fils, qu'elle nomme "Tom" dans son livre. "Je suis si triste pour toi, maman", lui a lancé l'enfant de 11 ans lorsque cette dernière a dû lui apprendre qu'il ne verrait plus sa grand-mère. Aujourd'hui, "nous n'avons plus ni père, ni mère", explique-t-elle. Figure de la lutte contre les violences faites aux femmes, Gisèle Pelicot est aujourd'hui mondialement connue. "C'est formidable que ma mère prêche la bonne parole", dit Caroline, mais "j'espère qu'un jour, en regardant dans le rétroviseur, elle se dira : 'Merde. Tu sais, je n'étais pas là où j'aurais dû être'". Elle, souhaite mettre en avant une différence fondamentale avec sa mère : "Elle a choisi Dominique Pelicot comme mari, mais je n'ai pas choisi de l'avoir comme père. Alors, pour moi, la douleur est double", reconnaît Caroline Darian.