Vaccin Pasteur : pourquoi l'Institut met-il fin à son projet ?
VACCIN PASTEUR. Dans un communiqué, l'Institut Pasteur a annoncé la fin de son projet principal de vaccin tout en annonçant le développement d'autres candidats.
Ce 25 janvier, l'Institut Pasteur a annoncé la fin de son projet principal de vaccin contre le Covid-19, un échec pour la France après le retard du vaccin de Sanofi. Basé sur le virus du vaccin contre la rougeole, l'Institut indique dans un communiqué que ce dernier n'est pas assez efficace, selon des résultats intermédiaires d'essais cliniques. "Dans ces études de première administration chez l'homme, le candidat vaccin a été bien toléré, mais les réponses immunitaires induites se sont avérées inférieures à celles observées chez les personnes guéries d'une infection naturelle ainsi qu'à celles observées avec les vaccins autorisés contre le SARS-CoV-2/Covid-19" explique Pasteur dans son communiqué. Quelques minutes plus tard, le laboratoire américain Merck a également annoncé la fin de ses recherches sur ce vaccin.
Toutefois, "l'Institut Pasteur poursuivra le développement d'autres candidats vaccins arrivés en fin de phase préclinique, et maintient sa forte mobilisation scientifique pour lutter contre l'épidémie de Covid-19" explique le communiqué. "Le premier, administrable par voie nasale, est développé avec la société de biotechnologie TheraVectys, issue de l'Institut Pasteur et spécialisée dans la mise au point de vaccins. Le second est un candidat vaccin à ADN. Ces deux candidats sont aujourd'hui en phase préclinique."
Un vaccin en spray nasal à l'étude
La branche lilloise de l'institution travaille non pas sur un vaccin à injection, mais sur la création d'un vaccin sous forme de spray nasal. Le directeur de recherche à l'Inserm, le chercheur Camille Locht, a expliqué au micro de BFM Lille le mercredi 16 décembre 2020 qu'"au lieu d'injecter avec une aiguille dans le bras, on asperge le nez avec ce vaccin". Cette méthode n'est pas une première puisqu'un vaccin nasal contre la grippe existe déjà, même si elle demeure moins répandue. Camille Locht, qui officie également en tant que directeur au Centre d'Infection et d'immunité de Lille, a indiqué que lui et ses équipes étaient "en train de le développer aussi pour une autre maladie respiratoire, qui est la coqueluche".
Un vaccin moins cher et avec une conservation facile ?
Le vaccin décliné en spray nasal présente plusieurs avantages, selon le chercheur. La première concerne l'administration même du vaccin dans le nez. "Notre vaccin va induire une immunité au niveau du nez. Le nez est la portée d'entrée pour le virus de la Covid", a-t-il soutenu. De plus, Camille Locht a ajouté que le vaccin de l'institut Pasteur allait "être très bon marché [puisqu']il suffit simplement de faire une grande culture d'un bacille (une bactérie, ndlr), de récolter ce bacille, de le lyophiliser et il est prêt à l'emploi".
Les conditions de stockage du vaccin sont également plus simples à appliquer que celui de Pfizer, par exemple, qui nécessite une conservation à des températures extrêmement basses. Le spray nasal peut être conservé à 4°C pendant au moins deux années. "Par rapport au vaccin Pfizer, qu'il faut conserver dans les congélateurs à -80°C, on a l'avantage logistique pour la distribution du vaccin", a souligné Camille Locht.
Quand le vaccin sera disponible ?
"On est au tout début. On est dans les stades de développement, dits précliniques", a-t-il en outre fait savoir, avant de préciser : "C'est un vaccin de deuxième génération, qui ne sera pas utilisable dans les mois voire l'année qui vient". Le remède de l'Institut Pasteur de Lille ne sera donc pas au point d'ici le début de la campagne de vaccination qui aura lieu à la fin du mois de décembre en Europe.