Du Covid à la grippe, la vaccination indéniable pour éviter de faire craquer l'hôpital à Noël ?

Du Covid à la grippe, la vaccination indéniable pour éviter de faire craquer l'hôpital à Noël ? COVID. Alors que les épidémies de grippe et de bronchiolite frappent la France, la 9ème vague de Covid-19 fait peser le risque d'une surcharge des hôpitaux à l'approche de Noël, et les autorités appellent à un renforcement de la vaccination.

[Mis à jour le 2 décembre 2022 à 16h42] A l'approche des fêtes de fin d'année, le retour du Covid-19 dans la société française avec une 9ème vague de l'épidémie pourrait venir gâcher les célébrations. La Première ministre, Elisabeth Borne, a été claire sur le sujet, mardi 29 novembre à l'Assemblée nationale : "Cette nouvelle vague nous le rappelle : le virus n'a pas disparu, l'épidémie frappe encore, tue encore." Une situation d'autant plus préoccupante qu'elle ajoute une "pression supplémentaire" sur un système hospitalier français qui doit déjà faire face aux épidémies de grippe et de bronchiolite. 

Tous les indicateurs de l'épidémie de Covid-19 repartent en effet à la hausse ces dernières semaines. Dans son dernier point épidémiologique paru dans la soirée du jeudi 1er décembre 2022, Santé publique France indique que 69 253 cas ont ainsi été enregistrés en 24 heures ce 1er décembre 2022, soit 18 723 cas de plus que le jeudi précédent. Le taux d'incidence est proche de 500 cas pour 100 000 habitants sur sept jours. Cela correspond à une hausse de 38% en une semaine. Le nombre de tests, antigéniques comme PCR, réalisés quotidiennement est également en augmentation.

Les hôpitaux français doivent donc faire face à une triple épidémie en cette fin d'année 2022. En effet, les cas de bronchiolite sont encore nombreux, et la grippe saisonnière frappe déjà fort dans plusieurs régions. L'épidémie de bronchiolite touche particulièrement les régions de l'ouest de la France, tandis que celle de grippe est plus largement répartie sur le territoire français. Plus fragiles, les personnes de moins de 15 ans et de plus de 65 ans sont davantage frappées par la grippe saisonnière. Concernant le Covid-19, le nombre de passages aux urgences pour suspicion de contamination est en hausse de 23% sur une semaine. En revanche, le nombre de nouvelles hospitalisations et d'admissions en soins critiques est stable. 

Cumulés, les trois virus respiratoires font courir le risque d'une surcharge de patients dans les hôpitaux déjà éprouvés et toujours fragilisés par les séquelles de la pandémie. Si à l'heure actuelle, l'applicabilité des gestes barrières est seulement recommandée, des mesures obligatoires pourraient être prises localement en cas de flambée des cas. Le président de la Fédération hospitalière de France et maire de Reims, Arnaud Robinet, a alerté sur le fait que "l'hôpital est sous tension", et a appelé le gouvernement à rendre le port du masque obligatoire dans les transports en commun" face à une situation "explosive", lors d'un entretien sur Public Sénat, mardi 29 novembre. 

Face à cette 9ème vague, Santé publique France considère qu'un "renforcement de la vaccination s'impose", et que "l'adhésion aux gestes barrières, dont le port du masque, devrait être accentuée pour protéger les plus vulnérables". Des propos qui font écho à ceux tenus par Elisabeth Borne, mardi dernier devant l'Assemblée : "Aider nos soignants, c'est être vigilant ensemble et je lance un appel solennel : respectons les gestes barrières ! Portons le masque dès que nous sommes avec des personnes fragiles ou dans des zones de promiscuité, comme les transports en commun. Ce sont des petits gestes qui sauvent des vies, nous le savons. Ils sont décisifs pour faire reculer l'épidémie."

Des mesures barrières contre le Covid-19 à Noël ?

Si la tendance du Covid-19 à circuler plus facilement durant l'hiver, comme beaucoup d'autres virus respiratoires, a été prouvée, Noël est d'autant plus une période propice à une augmentation des contaminations. Cela s'explique par deux raisons : le regroupement de plusieurs personnes dans une pièce non aérée et le brassage de population pour les retrouvailles familiales qui facilitent la transmission du virus. La vaccination et l'immunité ont permis de réduire les risques de la maladie, mais l'épidémiologiste Mircea Sofonea rappelle que le Covid-19 "est toujours présent" et que certaines personnes fragiles en "meurent encore" si les dispositions suffisantes ne sont pas prises.

Pour limiter le nombre de contaminations au Covid-19 mais aussi aux autres virus hivernaux, les professionnels de santé invitent dès à présent à renouer avec les mesures sanitaires les plus basiques, à savoir la distanciation sociale, le lavage régulier des mains et même le port du masque en cas de grande proximité ou dans les lieux mal ventilés. Des gestes qui ne sont pas sans rappeler les injonctions faites pendant la pandémie de Covid-19 et qui ont depuis été abandonnés par la majorité de la population. Le port du masque par exemple, s'il est recommandé, n'est plus la norme dans les lieux clos, pourtant il permet de protéger les autres contre tous les virus respiratoires. "On n'a pas assez expliqué que le masque était une protection pour les autres infections respiratoires de l'automne et de l'hiver", a d'ailleurs répété l'infectiologie Benjamin Davido, sur l'antenne de BFMTV. Quant à l'épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille, Philippe Amouyel, il insiste pour dire qu'il "faut utiliser les outils" pour lutter contre les épidémies. 

Des recommandations pour les fêtes

Aucune consigne ou contrainte ne devrait être édictée pour les fêtes de la fin d'année 2022, en revanche les professionnels de santé émettent déjà des recommandations et beaucoup se rapprochent de celles rédigées par le Conseil scientifique en décembre 2021 : 

  • Limiter le nombre d'invités
  • Aérer régulièrement les lieux
  • Respecter la distanciation sociale et le port du masque si nécessaire
  • S'assurer que tous les convives ou au moins les personnes fragiles ont reçu toutes les doses de rappel
  • Pratique un autotest ou un test antigénique le jour même, en particulier en cas de doute ou si des symptômes

Les épidémiologistes insistent aussi sur l'importance de recourir à la vaccination, aussi bien pour le Covid-19 que pour la grippe. Les deux campagnes sont menées de front depuis début novembre mais peinent à faire le plein selon les données de Santé publique France. Les personnes âgées et fragiles sont invitées à faire un rappel du vaccin contre le Covid-19 six mois après la dernière injection ou trois mois après la contraction du virus. Quant à la grippe tout le monde, en particulier la population vulnérable, est invité à se faire vacciner surtout après deux hiver passés (presque) sans grippe et pendant lesquels l'immunité face au virus a drastiquement diminué.

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