Ce petit son peut indiquer que le corps est dans ses 24 dernières heures de vie
L'organisme refroidit, les muscles se raidissent, l'abdomen gonfle, des tâches rouges se multiplient... Tous ces phénomènes sont le signe d'un corps mourant. À quelques secondes de la fin, l'activité cérébrale s'intensifie et sécrète davantage de substances neurochimiques, sans doute à l'origine des expériences de mort imminente (EMI). Mais ce n'est pas tout, entre 24 et 48 heures avant le décès, la personne en fin de vie n'arrive parfois plus à déglutir, ce qui provoque une accumulation de salive dans sa gorge. L'air inspiré se déplace sur ces sécrétions orales et produit un son étrange, à la croisée entre un gémissement, un ronflement et un cliquetis.
Ce phénomène, appelé "râle agonique" ou "râle du mourant", n'est pas douloureux pour le patient qui est déjà profondément endormi à ce stade. En revanche, pour les personnes présentes à ses côtés, cela peut être perturbant d'entendre ce bruit proche de l'étouffement ou de la noyade duré plusieurs heures.

Selon les universitaires Aurélie Perret et Bara Ricou, "la famille est affectée et les soignants se sentent souvent frustrés de ne rien pouvoir faire tant est forte la culture interventionnelle en réanimation". Pour cause, il n'existe que deux moyens naturels d'atténuer ce son (même si dans les faits, cela ne change rien pour le patient) : on peut assoir l'expirant ou le retourner avec la tête légèrement surélevé pour faire sortir la salive. Sinon, les soignants peuvent lui donner des médicament pour atténuer les voies respiratoires et adoucir le râle, indique la docteure Pauline Moyart.
Selon Julie McFadden, une infirmière américaine en soins palliatifs, ce son peut être interprété comme le son qui annonce la mort dans les 24h. Aucune étude ne vient corroborer cette affirmation avec certitude, mais cette spécialiste considère que c'est bien un signe qui ne trompe pas. Pourtant, le déclin progressif commence parfois plus tôt qu'on ne le pense. Dans "les six mois" précédant la mort, on constate d'ores et déjà des symptômes relatifs à une dégénération corporelle, affirme-t-elle. Le patient devient plus "introverti", il boit et mange moins, mais dort beaucoup plus. Des signes annonciateurs qu'il est important de connaître pour la soignante. En effet, la mort serait plus facile à entendre si l'on sait à quoi s'attendre.