Avion russe abattu en Syrie : pourquoi ça chauffe entre la Turquie et la Russie
[Mis à jour le 24 novembre 2015 à 11h26] L'information a été confirmée par Moscou : l'un de ses avions militaires, un Su-24, a été abattu ce mardi matin au-dessus de la Syrie. Des chasseurs F-16 turcs pourraient être à l'origine de ces tirs. Le ministère de la Défense russe parle, lui, de "tirs présumés venant du sol". La Turquie a estimé que les appareils russes avaient violé son espace aérien et a décidé dans la foulée de saisir l'Otan (Organisation du traité de l'Atlantique nord) dont elle est membre ainsi que l'ONU pour traiter cet incident. Moscou se défend en affirmant que son avion militaire "se trouvait exclusivement dans l'espace aérien syrien" et affirme pouvoir le prouver.
Selon les médias russes qui citent des sources militaires turques, le jet aurait été prévenu dix fois en cinq minutes avant d'être abattu. Cette décision aurait été prise directement par le Premier ministre turc. Les deux membres d'équipages qui pilotaient l'avion russe auraient réussi à sauter en parachute mais leur sort est encore inconnu. Selon les médias turcs, ils auraient été capturés par un groupe rebelle. Des hélicoptères russes survoleraient la zone pour les retrouver. La carcasse de l'appareil se trouve actuellement sur le territoire syrien.
Rappel: selon les médias turcs, un des pilotes a été capturé par des rebelles syriens. L'autre: toujours recherché pic.twitter.com/A8OSbTpfDQ
— Breaking3zero (@Breaking3zero) November 24, 2015
La Russie avait déjà fait l'objet d'avertissements de la part de la Turquie et de l'Otan
Cet incident n'est que le dernier d'une série qui témoigne des relations tendues entre les deux pays depuis que la Russie a commencé à survoler la Turquie pour mener des raids contre Daesh. En octobre, les Turcs ont affirmé à plusieurs reprises avoir été victimes de "harcèlement" de la part des avions russes. Selon eux, l'aviation de Vladimir Poutine a violé l'espace aérien turc pour se rendre en Syrie. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan, avait déjà mis en garde la Russie. La Turquie avait aussi prévenu que Moscou "serait tenu responsable" si de tels incidents se reproduisaient. Il semble qu'elle ait mis ses menaces à exécution.
L'aéroport d'où partent les avions russes envoyés en renfort pour combattre Daesh se situe à moins de 50km de la Turquie, rapporte l'AFP. Il serait situé à Lattaquié, dans le nord-ouest de la Syrie. La Russie est engagée depuis début octobre dans une intervention dans ce pays. Une intervention critiquée par la coalition occidentale qui l'accuse de cibler des rebelles "modérés" plutôt que Daesh et de servir ainsi les intérêts de Bachar Al-Assad, président syrien décrié. La Turquie mène elle aussi des frappes aériennes chez son voisin et a envoyé une milice turkmène pour mener des actions au sol. Samedi dernier, elle a participé pour la première fois à une opération conjointe avec les Etats-Unis qui a permis aux rebelles de reprendre deux villages occupés par Daesh.
Crédit vignette : Andreas Safreider/Fotolia