Elisabeth II et ses comptes offshore : la défense de la reine d'Angleterre

Elisabeth II et ses comptes offshore : la défense de la reine d'Angleterre ELISABETH II - La reine d'Angleterre a investi de l'argent dans des paradis fiscaux, révèle une enquête journalistique internationale. Les conseillers financiers d'Elisabeth II ont donné des éléments d'explication.

[Mis à jour le 6 novembre 2017 à 15h01] Légal mais immoral ? Peut-on résumer les placements effectués par la reine d'Angleterre à cette interrogation ? D'abord, les faits tels que le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) le révèlent dans l'enquête dite des "Paradise Papers" : la souveraine britannique, qui possède une fortune estimée à près de 580 millions d'euros, aurait placé de l'argent sur des comptes localisés dans des paradis fiscaux. Le Monde, qui fait partie des médias du Consortium mondial, écrit ainsi que le duché de Lancastre (le domaine réunissant le patrimoine privé d'Elisabeth II qui gère sa fortune) a "effectué un investissement de 7,5 millions de livres en 2005 dans le Dover Street VI Cayman Fund LP, une structure des îles Caïmans, qui est allée nourrir un autre fonds américain, qui a lui-même investi dans des sociétés de capital-risque du monde entier". Au total, 10,7 millions de livres auraient été placés sur des comptes offshore.

Outre ces mouvements financiers qui posent question, l'enquête révèle que le duché de Lancastre a parmi son portefeuille des actions dans l'entreprise BrightHouse, une société controversée outre-Manche : ses magasins d'électroménager sont accusés d'abus sur des personnes vulnérables et souffrant de troubles mentaux, à travers des pratiques litigieuses consistant à proposer des crédits de manière très incitative et sans se soucier du niveau de compréhension des interlocuteurs.

Elisabeth II a "découvert" des placements litigieux

"Nous opérons de nombreux investissements et certains d'entre eux se font avec des fonds offshore. Tous nos investissements sont audités et légitimés", a réagi le directeur financier du duché de Lancastre, qui assure que ces placements n'ont pas permis à la Couronne de profiter d'avantage fiscal. Les chiffres avancés sont par ailleurs de nature à relativiser l'ampleur des placements. Selon les conseils financiers de la reine, les actifs situés aux îles Caïmans ne représentent que "0,3%" du portefeuille détenu par la souveraine. Au sujet de sa participation dans la société BrightHouse, les arguments développés sont plus étonnants : la Couronne a semble-t-il "découvert" cet argent placé au sein de cette société, assurant qu'un mouvement financier avait été opéré au travers d'un fonds d'investissement. Le poids de cette participation est par ailleurs estimé à 0,0006% des actifs de la reine par ses conseillers. Le duché de Lancastre a martelé que la reine "paye de son plein gré des impôts sur tout revenu reçu du duché". Et d'ajouter, auprès du Guardian : "Les investisseurs s'engagent auprès d'un fonds pour une certaine période, et ne participent pas aux décisions d'investissement".

Placer son argent dans les paradis fiscaux peut être légal

Ce que révèlent les investigations journalistiques sur les Paradise Papers sont des activités pour la plupart tout à fait légales, qui relève de "l'optimisation fiscale". Il s'agit de mouvements financiers opérés pour placer de l'argent dans différents comptes, via des circuits financiers complexes, afin de payer le moins d'impôts possible. L'ennui pour la reine d'Angleterre, au-delà de l'effet désastreux de ce type de pratique sur l'opinion public britannique, est que la Couronne n'a jamais fait apparaître ces montages dans les déclarations annuelles auxquelles elle s'astreint.