Obsèques de George Floyd : les images des hommages

Obsèques de George Floyd : les images des hommages

La famille de George Floyd lui rend un dernier hommage ce mardi 9 juin. Hier, à Houston, ils étaient 6 300 à s'être recueillis sur le cercueil de quarantenaire mort le 25 mai dernier.

[Mis à jour le 9 juin 2020 à 12h38] Hier, à Houston (Texas), ils étaient 6 300 à rendre un dernier hommage à George Floyd. Sa dépouille, disposée dans un cercueil doré, était exposée dans l'église Fountain of Praise. Accompagné d'amis, l'un des anonymes venus lui saluer sa mémoire a expliqué au Monde : "Tout le monde était très ému, mais cette mort est aussi une source d'inspiration, c'est le sentiment qui a régné aujourd'hui." Laura Peña, avocate, a fait 6 heures de route pour se rendre à Houston. "Il est important pour la communauté latino-américaine de soutenir la communauté noire en ce moment", a-t-elle affirmé au Houston Chronicle. L'avocate a assuré vouloir "témoigner de l'histoire et être solidaire de nos frères et sœurs noirs."

Le frère de la victime, Philonise Floyd, a exprimé sa reconnaissance : "Je vous remercie tous d'être venus voir mon frère." "Ça fait mal, mais nous obtiendrons justice. Nous l'obtiendrons. Nous ne laisserons pas cette porte se fermer", a-t-il clamé. Al Sharpton, pasteur et militant des droits civiques, a ajouté : "Nous allons enterrer George demain [ce mardi 9 juin], mais le mouvement ne s'arrêtera pas tant que nous n'aurons pas obtenu justice." Selon lui, "il est temps que les gens entendent, agissent et changent."

Ce mardi, à 11h (heure locale), une cérémonie funéraire "familiale" est prévue à Houston. Le pasteur baptiste prononcera un éloge funèbre. La police de Houston escortera le corps de George Floyd jusqu'au Houston Memorial Gardens de Pearland, où sa mère est inhumée. Toutes les personnes qui le souhaitent sont invitées à suivre le passage du convoi funéraire. 

Lundi, le policier accusé du meurtre de George Floyd, Derek Chauvin, a comparu pendant 11 minutes devant la juge Jeannice Reding. Sa caution a été portée à un million de dollars. Le prévenu risque jusqu'à 40 ans de réclusion pour meurtre non prémédité. Sa prochaine audience est prévue le 29 juin prochain.

Affaire George Floyd : en savoir plus

Qu'est-ce que le mouvement blacklivesmatter ?

Le mouvement blacklivesmatter, devenu un hashtag très largement relayé sur les réseaux sociaux depuis la mort de Georges Floyd, n'est en réalité pas né avec ce triste événement. Il s'agit d'un mouvement, que l'on peut traduire en français par "la vie des Noirs compte", ayant émergé en 2013 pour dénoncer toute forme de racisme, y compris d'Etat, subi par les Afro-Américains aux Etats-Unis. Les violences policières, mises en avant par l'affaire George Floyd, sont régulièrement dénoncées par ceux qui se revendiquent de BLM. La toute première fois où le hashtag #blacklivesmatter est apparu lorsque George Zimmerman a été acquitté en juillet 2013. Ce Latino-Américain, responsable de la surveillance d'une résidence en Floride, était accusé d'avoir provoqué la mort de Trayvon Martin, Afro-Américain de 17 ans, après lui avoir tiré dessus. Après 16 heures d'audience lors du procès, Zimmerman avait été déclaré non coupable par les juges, ce qui avait provoqué une vague d'indignation aux Etats-Unis.

La vidéo de l'arrestation de George Floyd

La vidéo de l'arrestation de George Floyd est nette : on y voit cet Afro-Américain mis au sol par un policier, qui appuie son genou contre la tête de la victime. On entend également distinctement George Floyd se plaindre de ce traitement violent. "Mon ventre me fait mal, j'ai mal au cou. J'ai mal partout", dit-il, suppliant le policier et son collègue de lui donner de l'eau. "Je ne peux plus respirer. Ils vont me tuer", finit par dire George Floyd, qui décèdera quelques instants plus tard.

Comment George Floyd est-il mort ?

George Floyd, 46 ans, est mort le 25 mai 2020, à Minneapolis dans le Minnesota, suite à une interpellation policière, qui a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux. Les images montrent une arrestation très brutale effectuée par 4 policiers. L'un d'eux, Derek Chauvin, apparaît agenouillé sur le cou de George Floyd, alors que celui-ci est plaqué au sol, durant plusieurs minutes. Les agents des forces de l'ordre ont indiqué avoir agi suite à un appel signalant George Floyd en état d'ivresse et ont indiqué dans leur rapport que ce dernier avait opposé une vive résistance, ce que contredisent les images prises par un témoin et par une caméra de vidéosurveillance. Au sol, George Floyd a exprimé de manière claire qu'il ne pouvait plus respirer. Une enquête ouverte par les services de police et une investigation du FBI ont conduit à l'arrestation de Derek Chauvin.

Qui est Derek Chauvin ?

Derek Chauvin a été inculpé vendredi 29 mai pour "homicide involontaire" et "acte cruel et dangereux ayant causé la mort", suite à la première enquête menée sur les conditions d'interpellation de George Floyd. Le mercredi 3 juin, le chef d'accusation contre lui a été aggravé, comme le réclamaient des centaines de milliers de manifestants, et est passé de "homicide involontaire" à "meurtre". L'homme a fait l'objet de plusieurs reportages de médias américains depuis les faits survenus le 25 mai. Les journalistes de CNN ont dévoilé que Derek Chauvin a fait l'objet de 18 plaintes par le passé pour son comportement, ayant conduit, simplement, à deux lettres de réprimande. L'ancien policier de Minneapolis a par ailleurs été décoré d'une médaille, après avoir reçu une balle, lors d'une intervention pour violence domestique, en 2008. Il a aussi été impliqué dans deux autres fusillades : l'une d'elle, en 2006, a conduit à la mort d'une homme de 42 ans, abattu par la police, qui a indiqué dans un rapport officiel avoir agi par légitime défense.

Quelle est la réaction de Donald Trump ?

Le président américain a d'abord fait savoir, samedi 30 juin, qu'il avait appelé la famille de George Floyd pour lui présenter ses condoléances. ".Je me tiens du côté de tous les Américains en quête de justice et de paix", a-t-il déclaré lors d'un point presse, avant de commenter les manifestations en ces termes : "Je me tiens aussi devant vous en ferme opposition à quiconque exploite cette tragédie pour piller, voler, attaquer et menacer. [...] Je comprends la douleur que ressentent les gens. Nous soutenons le droit des manifestants pacifiques et nous entendons leurs appels. Mais ce que nous voyons dans les rues de nos villes n'a rien à voir avec la justice ou la paix. La mémoire de George Floyd est déshonorée par les émeutiers, les pillards et les anarchistes. La violence et le vandalisme sont le fait des "Antifa" et d'autres groupes radicaux de gauche qui terrorisent les innocents, détruisent des emplois, nuisent aux entreprises et incendient des bâtiments", a ajouté Donald Trump. Dimanche 31 mai, le président américain s'est montré plus direct, en ciblant sur Twitter ses opposants politiques et en condamnant les rassemblements, appelant les élus et les gouverneurs démocrates à "être plus fermes" contre les émeutiers. "Ces gens sont des anarchistes. Appelez notre garde nationale maintenant. Le monde vous regarde et se moque de Joe l'endormi (Joe Biden, NDLR). Est-ce ce que l'Amérique veut ? Non !". Mardi 2 juin, Donald Trump a appelé les gouverneurs à faire preuve de fermeté pour "maîtriser leurs rues" et qu'il était prêt à déployer l'armée pour "rapidement résoudre le problème pour eux".

Violences policières aux USA : de quoi parle-t-on ?

Comme le rapporte MappingPoliceViolence, les violences policières touchent principalement les populations noires aux Etats-Unis : ils sont 3 fois plus représentés que les personnes blanches dans le nombre de personnes tuées par la police entre 2013 et 2019. Autre chiffre saisissant : sur l'année 2019, il n'y a que 27 jours durant lesquels il n'y a eu aucun décès dû à un tir de policier. La carte ci-dessous permet de se rendre compte de l'ampleur du phénomène, MappingPoliceViolence faisant un point sur chaque personne tuée par la police en 2019 :