Hadis Najafi, tuée à 20 ans dans une manifestation en Iran : sa dernière vidéo

Hadis Najafi, tuée à 20 ans dans une manifestation en Iran : sa dernière vidéo Hadis Najafi a été tuée en marge des manifestations qui secouent l'Iran depuis dix jours. La jeune femme apparaissait sur les réseaux sociaux, les cheveux découverts, dans un mouvement de contestation, avant d'être touchée par des coups de feu.

[Mis à jour le 26 septembre 2022 à 16h07] Alors que le régime iranien continue de réprimer les contestations de plus en plus importantes dans la rue, les manifestants comptent les victimes. Dimanche 25 septembre, le mouvement de révolte a été marqué par un nouveau décès brutal, celui de Hadis Najafi. Cette jeune iranienne est décédée à Karaj, lors d'une manifestation, après avoir reçu six balles à la tête, au cou et à la poitrine. Selon les observateurs, il ne fait aucun doute que ce sont les forces anti-émeutes qui ont ouvert le feu sur la jeune femme.

Depuis plus de dix jours, l'Iran est en proie à une révolte, né suite au décès de Masha Amini, tuée après son arrestation par la police des mœurs pour mauvais port du voile. Les réactions d'indignation ont été portées par des manifestations improvisées et par de multiples images publiées sur les réseaux sociaux où l'on peut voir des Iraniennes enlever leur voile en signe de désapprobation avec la dureté du régime. Une vidéo de Hadis Najafin, avant son décès, en faisait partie. 

Hadis Najafi, symbole de résistance

La jeune Iranienne, seulement âgée de 20 ans, était originaire de la province du Kurdistan. C'est la sœur de Hadis Najafi qui a confirmé son décès à la journaliste et activiste iranienne Masih Alinejad après les manifestations de Karaj, 30 km à l'ouest de Téhéran. Une vidéo de la militante était devenue virale sur Twitter où elle apparaissait, en train de se nouer les cheveux en signe de rébellion contre le régime répressif.

La journaliste Masih Alinejad a déclaré sur compte Twitter : "Hadis Najafi, une fille de 21 ans, doit devenir un autre symbole comme Mahsa Amini car elle n'a pas gardé le silence face à la tyrannie. Elle a été tuée pour avoir protesté contre la mort brutale de Mahsa. J'appelle le monde à être aussi la voix de Hadis Najafi. Une vraie héroïne." Selon la militante, "Hadis était une fille avec un grand cœur qui adorait danser".

Contacté par Le Point, l'organisation de défense des droits de l'Homme, Amnesty International a confirmé la mort de Hadis Najafi. "D'après nos informations, Madame Hadis Najafi a été tuée par les forces de sécurité iraniennes durant la soirée du mercredi 21 septembre alors qu'elle manifestait sur le boulevard Eram à Karaj, à l'ouest de Téhéran". Raha Bahreini, chercheuse spécialisée sur l'Iran au sein de l'ONG, précise au média que "d'après les témoins que nous avons interrogés et la photo du corps de la victime, il apparaît plutôt que celle-ci a été la cible de tirs de fusils de chasse à billes de plomb", ajoutant qu'il s'agit d'une "arme régulièrement utilisée par les forces de l'ordre contre les manifestants et qui peut s'avérer létale lorsqu'elle est utilisée de près contre eux, ce qui semble être le cas ici." La journaliste militante Masih Alinejad a partagé, sur Twitter, des images des funérailles de Hadis Najafi.

L'ancien Président de la République, François Hollande, a régi via son compte Instagram au décès de la jeune femme, avec ce commentaire : "Soutien aux Iraniennes et Iraniens qui luttent avec courage, parfois jusqu'à la mort, pour défendre la liberté et la démocratie."

Manifestations meurtrières

Dix jours après le décès de Masha Amini, le mouvement de protestation ne faiblit pas. L'ONG Iran Human Rights a annoncé via son site internet le 24 septembre qu'au moins "54 personnes ont été tuées par les forces de sécurité lors de manifestations en Iran". "Des centaines de personnes ont également été blessées ou arrêtées. Les perturbations et les coupures d'Internet se poursuivent dans tout le pays. " Dans des propos rapportés par AFP, le chef du pouvoir judiciaire iranien a menacé de ne faire preuve d'"aucune indulgence" contre les manifestants.

Dans un communiqué d'Amnesty International daté du 23 septembre, Heba Morayef, directrice de l'organisation au Moyen-Orient, s'est insurgée du "nombre croissant de morts" qui démontre de "manière alarmante à quel point les autorités ont été impitoyables envers la vie humaine dans l'obscurité de la fermeture d'Internet." Elle a demandé aux États membres de l'ONU d'aller "au-delà des déclarations sans conviction, entendre les appels à la justice des victimes et des défenseurs des droits de l'homme en Iran et mettre en place de toute urgence un mécanisme d'enquête indépendant des Nations unies."