Mahsa Amini : ce que l'on sait de sa mort, ce que disent les autorités iraniennes
En Iran, Mahsa Amini est morte le 16 septembre, à la suite de son interpellation par la police, trois jours plus tôt, pour "port de vêtements inappropriés". Le décès de la jeune femme de 22 ans provoque la colère dans le pays.
[Mis à jour le 27 septembre 2022 à 18h40] Mahsa Amini, jeune iranienne de 22 ans, originaire du Kurdistan (nord-ouest du pays), a été arrêtée par les autorités à Téhéran pour "port de vêtements inappropriés" le 13 septembre dernier. Dans le pays depuis la révolution islamique de 1979, un strict code vestimentaire doit être respecté pour les Iraniennes. Lors d'un contrôle, Masha Amini a été arrêtée par la police des mœurs, chargée de faire respecter le port du voile. Après cette arrestation la jeune femme est tombée dans le coma et est décédée trois jours plus tard, le 16 septembre 2022.
Les autorités iraniennes se sont défendues indiquant que la jeune femme soufrait de "problèmes cardiaques". Selon la police, "elle s'est soudainement évanouie alors qu'elle était avec d'autres personnes dans une salle de réunion", rapporte France Info. Elle aurait ensuite été conduite immédiatement à l'hôpital. Hossein Rahimi, chef de la police de la capitale iranienne, l'assure : "Toutes les preuves montrent qu'il n'y a pas eu de négligence, ou de comportement inapproprié de la part des policiers". Les manifestants s'opposent à cette version. Le lendemain de son décès, des funérailles ont été organisées dans sa ville natale de Saqqez, au Kurdistan, où certaines femmes ont enlevées leurs voiles, un crime en Iran. Les habitants de la ville ont ensuite jetés des pierres sur le siège de gouverneur, rapporte Franceinfo.
Interrogé par le média iranien, Iranwire, le cousin de Masha a affirmé que sa famille subissait "des pressions pour soutenir publiquement la version des faits du régime." La famille a toujours refusé de corroborer la version de la police estimant que ce sont "mensonges". Selon les autorités iraniennes, Masha Amini aurait été "entraînée" par des "séparatistes kurdes", accusation catégoriquement rejeté par l'entourage de la défunte qui selon eux n'avait pas "d'affiliation politique". Pour son cousin, Masha était seulement une personne "douce qui ne pensait qu'à la vie, la musique, les voyages, l'art." ; ajoutant que la victime n'avait jamais quitté l'Iran.
La mort de Mahsa Amini génère de vives réactions
Le président iranien Ebrahim Raïssi a confirmé l'ouverture d'une enquête, jeudi 22 septembre. Cette annonce n'a pas calmé la colère d'une partie de la population heurtée par les circonstances du décès. Les manifestations s'accentuent en Iran depuis le décès de Mahsa Amini. Sur les réseaux sociaux apparaissent de nombreuses images de femmes enlevant leurs hijabs pour manifester leurs désaccords avec le régime iranien. Depuis plus de dix jours, des manifestations ont lieu à travers le pays. Elles ont été vivement réprimées par le régime iranien. Ainsi, NetBlocks, une organisation qui surveille les flux web partout dans le monde, indique sur Twitter, mercredi 21 septembre, que "l'Iran est soumis aux restrictions Internet les plus sévères depuis le massacre de novembre 2019". Les réseaux mobiles sont fermés, des perturbations régionales ont été observées durant les manifestations et les réseaux Instagram et WhatsApp ont été restreints.
La Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme par intérim, Nada Al-Nashif, a exprimé son inquiétude face à la mort en détention de la jeune femme détenue par la police de la moralité iranienne. Elle a ajouté également que "les autorités doivent cesser de cibler, de harceler et de détenir les femmes qui ne respectent pas les règles du hijab". Plus étonnant, un député iranien, Jalal Rashidi Koochi, a critiqué cette "police des mœurs". "Gasht-e Ershad (patrouille d'orientation) n'obtient aucun résultat, sauf causer des dommages au pays" a-t-il indiqué à l'agence de presse ISNA.
Les mouvements contestataires réprimés
Depuis la mort brutale de Masha Amini, un sentiment de révolte se fait sentir dans les rues iraniennes. Sur les réseaux sociaux de multiples images émergent où les femmes brûlent leurs voiles en signe de protestation contre le régime. En réponse, les autorités usent de la violence. L'ONG Iran Human Rights a affirmé dans un communiqué datant du 26 septembre qu'au moins 76 personnes avaient été tuées par les forces de sécurité iraniennes. L'organisation a ajouté que les familles ont été "menacées de poursuites judiciaires si elles rendaient leur décès public." Le communiqué a également indiqué que "les perturbations Internet continuent d'entraîner des retards dans les rapports." En effet, de nombreuses ONG accusent le régime de bloquer l'accès à Internet dans tout le pays du Moyen-Orient.
Ce lundi 26 septembre, dans un communiqué du ministère des affaires étrangères, la France a fait part de sa collaboration avec les pays européens pour évaluer "les options disponibles en réaction à ces nouvelles atteintes massives aux droits des femmes et aux droits de l'Homme en Iran".