Une trêve à Gaza grâce à Trump ? Ce qu'on sait de l'accord "imminent"
"Les négociations progressent" concernant une trêve entre Israël et le Hamas a affirmé le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, lundi 13 janvier. Le même jour, le président américain Joe Biden a assuré qu'un accord de trêve est "sur le point" d'aboutir. Après 15 mois de guerre au Proche-Orient, jamais les deux belligérants n'ont été aussi proches d'un accord, et l'intensification des négociations ne semble pas étrangère à l'agenda politique américain.
Ce 20 janvier, Joe Biden laissera la place à Donald Trump à la Maison Blanche. Or, dès sa victoire à l'élection présidentielle en novembre dernier, le président élu a promis "l'enfer" à la région en cas de non libération des otages israéliens retenus par le Hamas avant son arrivée au pouvoir. La menace a-t-elle eu pour effet d'accélérer les pourparlers ? Joe Biden a en tout cas insisté auprès du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, pour qu'un accord soit conclu avant l'investiture du républicain.
L'influence de Trump sur Israël
Après des mois de conflit et de frappes meurtrières quotidiennes, ce n'est pas tant la menace formulée par Donald Trump que l'intervention de son équipe dans les négociations qui a permis de faire avancer les négociations. Le Premier ministre israélien s'est montré plus "flexible" face à l'émissaire du républicain envoyé pour prendre part aux négociations, le pro-israélien Steve Witkoff, rapporte France Inter. Alors même que l'accord qui semble "sur le point" d'être conclu est une proposition faite les Etats-Unis "il y a plusieurs mois" selon Joe Biden et amendée à la marge. Le positionnement et la politique de Donald Trump ont aussi calmé les forces d'extrême droite israéliennes qui ont fait barrière aux précédentes propositions de trêve. Ces dernières espèrent pouvoir compter sur le soutien du républicain en faisant des efforts sur un accord de trêve. Même si certaines continuent de s'opposer à la conclusion d'un accord.
Si la prochaine investiture de Donald Trump a pu faciliter les négociations concernant une trêve, cette percée dans les discussions pourrait être due à l'usure et la fatigue des deux camps après plus d'un an de guerre. Le Hamas comme l'armée d'Israël ont perdu beaucoup de leurs capacités militaires durant les mois de combats et leur popularité ont baissé dans leur camp respectif fait remarquer Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, sur Franceinfo. Benyamin Nétanyahou a ainsi pu céder sous la pression populaire qui s'attache plus à la libération des otages qu'à l'extermination du Hamas. Un revirement après des mois passés à suivre la politique de l'extrême droite et sa volonté de démanteler le groupe islamiste quel qu'en soit le coût humain.
Que prévoit l'accord de trêve ?
L'accord de trêve en question prévoirait la libération de 33 à 34 otages israéliens sur les 94 qui restent selon le décompte de l'armée, essentiellement des enfants, des femmes et des hommes de plus de 55 ans ou malades. A noter que l'armée israélienne estime que 34 des otages sont décédés depuis leur enlèvement. En parallèle, 1000 prisonniers palestiniens seraient libérés, mais aucun n'ayant participé à l'attaque du 7 octobre selon Reuters. Les échanges se feraient après un arrêt des combats et par étape en contrepartie d'un retrait progressif des troupes israéliennes et du retour des civils palestiniens dans le nord de Gaza.
Une deuxième phase, et peut-être une troisième phrase, de la trêve serait négociée seize jours plus tard. Elle servirait à libérer les otages restants vivants et morts, en échange de nouveaux prisonniers palestiniens, et devrait aboutir au retrait total des troupes israéliennes selon Euronews. Sur ce point les négociations ne seraient pas finies. Il faut dire que le Hamas a toujours souhaité que l'accord prévoit une cessation permanente de la guerre et le retrait de l'armée israélienne de Gaza, quand l'Etat hébreu a jusqu'à présent refusé d'arrêter définitivement le combat avant l'extermination du Hamas.
Une position encore soutenue par certains ministres israéliens d'extrême droite comme celui des Finances, Bezalel Smotrich, qui refuse de soutenir un "accord de reddition qui inclurait la libération d'hyper-terroristes, l'arrêt de la guerre, et la perte de ce qui a été acquis au prix de beaucoup de sang versé et de l'abandon d'un grand nombre d'otages".
Si plusieurs sources américaines et israéliennes se montrent optimistes quant à la signature d'un accord de trêve entre l'Etat hébreu et Gaza, tout peut encore changer jusqu'au dernier moment. Les prochains jours devraient être cruciaux : le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a évoqué un délai d'une "semaine", tandis qu'une source qatarie prenant part aux négociations a estimé auprès de l'AFP le 13 janvier que "les vingt-quatre prochaines heures vont être déterminantes pour la conclusion de l'accord". En cas de prolongations des discussions, c'est la date du 20 janvier qui pourrait être butoir.