Libérée par Israël, une ex-députée palestinienne dévoile les "attaques fréquentes" subies lors de sa détention
Au début de l'été dernier, l'enfer du camp de détention de Sde Teiman, le "Guantánamo israélien", avait déjà été révélé par plusieurs lanceurs d'alerte, dont un médecin qui avait pu se rendre dans ce lieu où des prisonniers seraient maintenus attachés, yeux bandés, nus, portant seulement une couche pour faire leurs besoins. Des conditions de détention inhumaines que les ONG ne manquent pas de dénoncer.
Cette semaine, après sa libération d'une prison israélienne dans le cadre de l'accord de trêve entre Israël et le Hamas, l'ex-députée palestinienne et militante Khalida Jarrar a, à son tour, pu témoigner des "mauvais traitements" subis par les prisonniers palestiniens. Cheveux blanchis, visage pâle, l'air hagard, cette figure du Front populaire de libération de la Palestine était méconnaissable à son arrivée à Ramallah, en Cisjordanie occupée. À sa libération, elle confie avoir été dans un premier temps incapable de parler. "C'était la première fois que je parlais à un être humain, après six mois d'isolement dans ma cellule", a-t-elle confié à l'AFP, dont Le Parisien et L'Orient-Le jour se font l'écho.
Des "attaques fréquentes" et "l'aspersion régulière de gaz"
Aujourd'hui âgée de 61 ans, Khalida Jarrar est passée à plusieurs reprises par les prisons israéliennes, placée en détention administrative, c'est-à-dire sans inculpation ni procès, et elle l'assure : "Depuis 1967, les conditions n'ont jamais été aussi dures qu'aujourd'hui." Selon elle, les prisonniers palestiniens subiraient des "attaques fréquentes" et "l'aspersion régulière de gaz". Jugeant les "rations alimentaires insuffisantes et de piètre qualité", l'ex-députée palestinienne déplore également la "politique d'isolement pratiquée par les autorités" israéliennes. Les prisonniers palestiniens sont "traités comme s'ils n'étaient pas des êtres humains", explique celle qui dirige également Addameer, une organisation de défense des prisonniers détenus par Israël et l'Autorité palestinienne.
Les autorités pénitentiaires israéliennes, elles, démentent toute accusation. Elles assurent que, selon leurs informations, "aucun incident de ce type ne s'est produit dans les prisons sous [leur] responsabilité" et rappellent que ceux qui le souhaitent peuvent tout à fait "déposer une plainte, qui sera examinée minutieusement". Il n'en reste pas moins que depuis l'attaque du 7 octobre, les ONG de défense des droits humains multiplient les alertes, rapportant elles aussi une détérioration des conditions de détention des Palestiniens, avec des mauvais traitements et de la torture.