L'ICE, la police anti-immigration de Trump, divisent même les shérifs

L'ICE, la police anti-immigration de Trump, divisent même les shérifs L'ICE, la police douanière et de l'immigration américaine, a mené plusieurs interventions musclées visant l'arrestation de personnes immigrées. Des opérations aux méthodes et aux conséquences critiquées par d'autres forces de l'ordre.

Les interventions de l'United States Immigration and Customs Enforcement (ICE) sont à l'origine des affrontements observés à Los Angeles depuis le vendredi 6 juin. Cette police de l'immigration américaine a beaucoup fait parler d'elle depuis le début de l'année et pour cause, elle est en première ligne depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. L'ICE est le bras armé du président américain dans sa mission qui consiste à "arrêter l'invasion des frontières". Plusieurs vastes opérations, parfois semblables à des raids, ont été menées à travers les Etats-Unis pour arrêter des personnes issues de l'immigration clandestine.

Crée en 2003, ces services de l'immigration et de police douanière ont été pensés pour renforcer la sécurité sur le sol américain face à aux risques venus de l'étrangers après les attentats du 11 septembre 2021. Plus de 20 000 personnes travaillent au sein de cette police, sur le terrain ou dans l'administration, et sont rattachés aux 400 bureaux répartis dans l'ensemble des Etats-Unis. Une unité conséquente dotée d'un budget de 8 milliards de dollars selon les informations renseignées sur son site. Ces moyens doivent permettre à "l'ICE de protéger l'Amérique en menant des enquêtes criminelles et en appliquant la législation sur l'immigration afin de préserver la sécurité nationale et la sécurité publique".

Les criminels étrangers sont donc la principale cible de l'ICE, mais la définition du terme criminel semble s'être élargie depuis le second mandat de Donald Trump. "Les trafiquants de drogue, les violeurs, les meurtriers, les individus qui ont commis des actes odieux à l'intérieur de notre pays et qui ont terrorisé des citoyens américains respectueux de la loi, doivent absolument être la priorité de l'ICE. Mais cela ne signifie pas que les autres criminels illégaux qui ont franchi les frontières de notre pays ne sont pas concernés", déclarait la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt en janvier, donnant le ton de la politique anti-migratoire.

L'ICE, un "obstacle de taille" pour la police

Pour appliquer la loi sur l'immigration, l'ICE est autorisée à mener des opérations dans des zones sensibles recevant du public : les écoles, les églises, les commerces, les restaurants ou encore les administrations. Des lieux dans lesquels les interventions peinent à être discrètes, certaines ont même fait polémique, soit par leur violence, soit par les mouvements de panique qu'elles suscitent, comme lors d'une descente dans une discothèque du Colorado en avril dernier.

Ces autorisations sont censées faciliter le travail de l'ICE qui a vu ses quotas d'interpellations augmenter avec l'arrivée de Donald Trump à la tête du pays. Il est désormais fixé à 3 000 arrestations par jour. Des méthodes qui poussent toutes les communautés issues de l'immigration, même légale, à se méfier de ce service et de l'ensemble de la police. "Se sentir en sécurité chez soi, quelle que soit son origine, est un droit fondamental", a rappelé le shérif de Santa Fe, ville du Nouveau-Mexique, lors d'une réunion publique rapporte le site NPR. Comme lui, plusieurs services de police tentent de rassurer les administrés étrangers.

Si de nombreux policiers soutiennent la lutte contre les immigrés clandestins qui commettent des crimes et des délits, ils sont aussi nombreux à ne pas vouloir mettre les immigrants respectueux des lois dans la même case. Certains regrettent que les immigrants légaux ou illégaux victimes de crime ne se signalent pas à la police par peur d'être expulsés. Par ses méthodes, l'ICE est devenue un "obstacle de taille pour les forces de l'ordre" selon le président de l'Association nationale des shérifs, Kieran Donahue.

Le mode opératoire de l'ICE ne convainc pas l'ensemble des forces de l'ordre, il est même parfois décrié - les relations entre polices locales et police de l'immigration diffèrent selon les Etats -, mais tous les policiers sont obligés de travailler avec ces services a rappelé Kieran Donahue. Le shérif a confirmé qu'en cas d'arrestation d'une personne sans papiers, il doit en référer aux autorités de l'immigration et donc à l'ICE : "Nous ne pouvons pas, à moins d'y être délégués, faire respecter la loi fédérale, mais nous faisons respecter l'État de droit. Nous sommes donc pris entre deux feux, entre le marteau et l'enclume."