Emeutes à Los Angeles : "Il peut y avoir des morts"... Trump tente un geste fou

Emeutes à Los Angeles : "Il peut y avoir des morts"... Trump tente un geste fou Donald Trump a ordonné le déploiement de plus de 4 000 membres de la Garde nationale, soit l'armée américaine, et de 700 Marines pour lutter contre les manifestations d'opposants aux mesures répressives contre l'immigration à Los Angeles. Une décision qui a électrisé les tensions.

L'essentiel
  • La ville de Los Angeles est la scène de violences et d'affrontements entre des manifestants contre les mesures répressive de lutte contre l'immigration et les forces de l'ordre fédérales depuis le week-end du 7 juin.
  • Plusieurs manifestants ont organisé des rassemblements après des raids d'expulsion menés par les autorités dans les quartiers de Los Angeles où se concentre la population immigrée. Des interventions ordonnées par Donald Trump et fortement contestées dans l'état démocrate.
  • Face aux manifestations, Donald Trump a ordonné le déploiement de 4 800 membres des forces de l'ordre fédérale en tout : 2 100 agents de la Garde nationale déployés le samedi 7 juin, auxquels se sont ajoutés 2 000 membres supplémentaires du corps armé national et 700 membres des Marines mobilisés à partir du lundi 9 juin.
  • Les forces fédérales des Etats-Unis ont été mobilisées sans le consentement des autorités californiennes. Le gouvernement démocrate de l'Etat, Gavin Newsom a estimé que ce déploiement était injustifié, les autorités locales ayant le contrôle de la situation, et servait à assouvir "le fantasme fou d'un président dictatorial".
  • La décision de Donald Trump de mobiliser la Garde nationale, c'est-à-dire l'armée américaine, est injustifiée selon Dominique Simonnet, journaliste et spécialiste des États-Unis interrogé par La Dépêche. Elle aggrave les tensions au lieu d'apaiser la situation et conduire à des drames selon lui. Il estime que Donald Trump souhaite utiliser les images de violences entre immigrés et forces de l'ordre pour donner de la force à son discours anti-immigration.
En direct

17:33 - Pourquoi l’envoi de militaires est-il "extrêmement rare" ?

Donald Trump a décidé ce lundi 9 juin de durcir sa réponse aux violences à Los Angeles en envoyant 700 Marines ainsi que 2 000 réservistes supplémentaires de la Garde nationale. Rachel VanLandingham, universitaire et ancienne officier, a insisté sur le fait que mobiliser une unité d’intervention comme les Marines est "extrêmement rare" et risqué, car ces soldats ne sont ni formés au maintien de l’ordre, ni habitués à collaborer "avec les forces de l’ordre locales", rapporte Sud-Ouest.

D’après William Banks, professeur de droit à l’université de Syracuse, déployer les Marines "va à l’encontre de la tradition américaine, qui est de laisser le maintien de la paix aux civils", c’est-à-dire à la police. Le milliardaire doit officiellement et formellement invoquer la "Loi sur l’insurrection" ou "Insurrection Act", une mesure exceptionnelle utilisée seulement une trentaine de fois depuis la fondation des États-Unis. Cette loi est invoqué "quand tout fout le camp", selon William Banks, qui avertit néanmoins : "c’est une pente glissante. S’il déclare l’état d’insurrection, ses pouvoirs deviendront presque illimités".

16:25 - Le gouverneur de Californie poursuit l’administration Trump en justice

Gavin Newsom, le gouverneur de l'État le plus peuplé des États-Unis, avec ses 39 millions d’habitants, qui jusque-là restait prudent dans ses critiques, a cette fois franchi un cap en s’attaquant directement au président Trump. Alors qu’il hésitait encore récemment à réagir aux rumeurs de coupes budgétaires fédérales visant la Californie, rappelle le LA Times, il a vivement dénoncé l’annonce du déploiement de la garde nationale et des marines par le président Donald Trump.

Sur X, il qualifie cette décision "d’illégale" et "d’abus de pouvoir flagrant". Pour ce gouverneur démocrate, cette mesure constitue "un pas incontestable vers l’autoritarisme" et vise à satisfaire "le fantasme fou d’un président dictatorial". Dans le même message, il annonce poursuivre l’administration Trump en justice "pour mettre fin à cela" : "Les tribunaux et le Congrès doivent agir. L’équilibre des pouvoirs s’effondre. C’est une ligne rouge, et ils la franchissent. RÉVEILLEZ-VOUS !" De son côté, Donald Trump a qualifié Gavin Newsom "d’incompétent" et affirmé qu’il faisait "un travail épouvantable", allant même jusqu’à déclarer, le lundi 9 juin, qu’il serait "super" de pouvoir l’arrêter.

15:12 - Une journaliste australienne touchée par des tirs de caoutchouc

Alors en plein direct ce dimanche 8 juin, Lauren Tomasi, correspondante de la chaîne australienne 9 News, a été touchée à la jambe par une balle en caoutchouc. La journaliste "va bien. Je dois dire qu’elle est très solide, mais ces images sont horribles", a affirmé le Premier ministre Anthony Albanese lors d’une déclaration aux journalistes ce mardi 10 juin, après avoir discuté avec elle, selon Sud Ouest. La vidéo filmée au moment des faits montre qu’elle était "clairement identifiée" comme étant journaliste, "sans ambiguïté", a ajouté le ministre. "Nous ne trouvons pas acceptable que cela se soit produit et nous pensons que le rôle des médias est particulièrement important" a-t-il ajouté.

14:41 - Près de 60 personnes arrêtés à Los Angeles

Près de 60 personnes ont été arrêtées depuis le vendredi 6 juin, date à laquelle ont débuté à Los Angeles les manifestations contre les expulsions de migrants, selon l’agence AP citée par Euronews.  La California Highway Patrol a également procédé à l’arrestation de dix-sept manifestants après avoir évacué les autoroutes très fréquentées. La California Highway Patrol a également procédé à l’arrestation de dix-sept manifestants après avoir évacué les autoroutes très fréquentées. Lors des affrontements, cinq policiers et cinq chevaux de la police de Los Angeles ont été légèrement blessés

D’autres villes américaines se sont mobilisées simultanément, notamment San Francisco, Santa Ana en Californie, Dallas et Austin au Texas, ainsi que Minneapolis dans le Minnesota. À San Francisco, une soixantaine de personnes ont été interpellées dimanche à la suite d’une manifestation qui a dégénéré devant le bâtiment des services de l’immigration.

13:51 - Ces interventions de l'ICE à l'origine des émeutes

Le point de départ des manifestations qui se sont transformées en émeutes à Los Angeles sont les intervention de l'ICE, la police de l'immigration américaine, dans plusieurs quartiers de la ville où la population est en grande partie issue de l'immigration. Elles ont débuté vendredi, quand des habitants de la cité des Anges se sont interposés aux arrestations violentes de personnes immigrées menées par la police fédérale. Les interventions de l'ICE ont conduit aux arrestations d'une quarantaine de ressortissants mexicains ente vendredi et samedi selon les autorités mexicaines.

12:26 - Une stratégie de Trump derrière les émeutes à Los Angeles

En mobilisant la Garde nationale contre les manifestants, Donald Trump cherche à obtenir "des images 'd’horribles immigrés' qui menacent l’Amérique" pour donner du poids à son récit et "justifier la manière dont il dépeint la situation de l’immigration. [...] Donald Trump mélange de manière très cynique l’immigration légale, l’immigration illégale et la criminalité", explique le spécialiste Dominique Simonnet à La Dépêche. Mais cette stratégie a de quoi inquiéter selon le journaliste : "On voit un président aller contre les institutions et l’esprit de la Constitution. C’est difficile de dire jusqu’où la situation peut aller, mais il peut y avoir une escalade de violence et des morts". Et le spécialiste d'ajouter que Donald Trump peut "mettre en scène" la violence, mais est "également capable de la provoquer".

11:42 - Des gaz lacrymogène et des tirs de plombs face à des jets de béton

Les manifestations se sont tendues à la mi-journée le lundi 9 juin selon le déroulé des faits rapportés par le Washington Post. Alors que les manifestants s'agglutinaient devant le bâtiment Edward R. Roybal qui abrite un centre de détention pour migrants, les forces de l'ordre ont tenté de les déloger en usant de gaz lacrymogène et en tirant des plombs non létaux dans la foule. En réponse, les manifestants "jetaient du béton, des bouteilles et d'autres objets" selon la police de Los Angeles. Un ordre de dispersion a été émis et de premières arrestations ont eu lieu. Les manifestants se sont ensuite rendus sur l'autoroute pour bloquer la circulant et alors que la police intervenait, deux motards ont foncé sur une ligne policière faisant deux blessés. Des projectiles ont ensuite été lancés sur les véhicules des forces de l'ordre par les manifestants. Les policiers ont plusieurs fois fait usage des gaz lacrymogène et des tirs de plomb.

11:11 - Trump "nous livre une guerre" avancent les habitants de Los Angeles

Après les raids menés par les services d'immigration dans le quartier où se concentre la population immigrée de Los Angeles et l'envoie de l'armée contre les manifestants, les habitants de la cité des Anges considèrent les actions de Donald Trump comme de la persécution : "Je pense qu'il nous livre une guerre, à nous, les habitants de Los Angeles", a déclaré en Angelenos auprès du Washington Post. Le président américain a estimé que la deuxième ville du pays a été "envahie et occupée" par les migrants, un discours qui lui permet de justifier les raids anti-immigration qui ont eu lieu la semaine dernière et qui sont à l'origine des manifestations comparées à des "insurrections" par son chef de cabinet Stephen Miller. Ces mesures de répression contre l'immigration remémorent de tristes souvenirs à certains Angelenos. "Ma famille a été internée dans des camps. Ça me rappelle des souvenirs : à cause de votre apparence, de la couleur de votre peau, vous allez être interné. C'est très effrayant", a témoigné un couple d'Américains d'origine japonaise et vivant à Los Angeles depuis de longues années. 

10:45 - "Aucun président n’a fait ça" avant Donald Trump

Donald Trump a bel et bien le droit d'ordonner le déploiement de la Garde nationale, mais en l'état la mesure ne paraît pas justifiée selon le journaliste et spécialiste des Etats-Unis Dominique Simonnet interrogé par La Dépêche : "Ce n’était absolument pas justifié ni sur le plan de la réalité de la situation, ni même sur le plan légal. [...] La Garde nationale, ce n’est ni plus ni moins que l’armée, donc elle doit être utilisée uniquement à l’extérieur du territoire national ou en cas d’extrême urgence à l’intérieur. L’armée n’est pas formée pour maîtriser une manifestation. Elle a d’autres armes, d’autres équipements qui sont destinés au champ de bataille".

Dominique Simonet rappelle que normalement c'est le gouverneur de l'Etat qui demande à l'Etat fédéral et donc la présidence l'intervention de la Garde nationale. "Sauf que là, on a vu le président, de sa propre initiative, envoyer l’armée, sans l’accord du gouverneur. C’est à la fois un détournement de la loi et un abus de pouvoir du président. Aucun président n’a fait ça", soutient le journaliste. 

10:33 - La décision de Donald Trump injustifiée selon les autorités de Los Angeles

L'ordre de Donald Trump de mobiliser plusieurs milliers d'agents de la Garde nationale face aux manifestations à Los Angeles est fortement décriée : les manifestants et citoyens dénoncent des violences démesurés et d'autres s'interrogent sur l'intervention des individus censés les protéger. Les autorités de Los Angeles et de Californie s'opposent également à la mesure présidentielle. La maire de Los Angeles, Karen Bass, a estimé que la police locale maîtrisait la situation et les affrontements qui ne concernaient que quelques rues et que le "chaos" a été "provoqué par l'administration". Quant au gouvernement de Californie, le démocrate Gavin Newsom il a jugé l'intervention de la Garde nationale sans son consentement comme "inconstitutionnelle".

10:22 - 4 800 membres de l'armée américaine déployées à Los Angeles par Donald Trump

Entre le 7 et le 9 juin, Donald Trump a ordonné la mobilisation de 4 800 membres de l'armée américaine à Los Angeles pour lutter contre les manifestations organisées pour contester les mesures migratoires répressives. Il a d'abord déployé 2 100 hommes de la Garde nationale, une composante de l'armée, puis a ordonné la mobilisation de 2 000 gardes nationaux supplémentaires et de 700 membres des Marines.