Robert Sarah : ce cardinal médiatique et ultra-conservateur pourrait succéder au pape François
La mort soudaine du pape François, 88 ans, le lundi de Pâques, a suscité de nombreuses interrogations quant à son successeur. Alors que les préparatifs des funérailles ont commencé, plusieurs noms émergent comme potentiels candidats à la succession, et parmi eux, celui du cardinal ultra-conservateur Robert Sarah se distingue particulièrement.
Originaire de Guinée, Robert Sarah est une des figures majeures du clergé catholique contemporain. Né en 1945 à Ourous, dans une famille modeste – son père était cueilleur de rôniers –, il devient prêtre en 1969, puis archevêque de Conakry en 1979, à seulement 34 ans. Il entre à la Curie romaine en 2001 comme secrétaire de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, puis fait cardinal par Benoît XVI. A partir de 2014, il occupe un poste influent en tant que Préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, poste qu'il occupera jusqu'à sa démission en 2021.
Défenseur acharné de la liturgie traditionnelle, Sarah est un anti moderniste convaincu. Il dénonce l'idéologie du genre, l'avortement, le mariage homosexuel, et rejette toute ouverture aux couples de même sexe. Dès l'élection du pape François en 2013, il s'oppose ouvertement sur plusieurs sujets, notamment les restrictions imposées à la messe traditionnelle en latin, les bénédictions aux couples de même sexe ou encore sur l'accueil des migrants. Sur ce dernier point, sa vision est sans détour : "Le meilleur accueil que vous pouvez leur offrir, c'est de développer leur pays, qu'ils restent chez eux", affirmait-il sur Europe 1 en 2021.
"Ce qui compte, c'est de retrouver Dieu"
Déjà cité lors de la succession de Benoît XVI en 2013, sa candidature ressurgit avec force aujourd'hui. Notamment dans les sphères traditionalistes aux États-Unis et en France, où son nom est omniprésent sur les réseaux sociaux, rapporte Le Parisien. "Coqueluche des tradis" selon un vaticaniste interviewé par le journal, il incarne aujourd'hui une ligne de fracture possible dans l'après-François. Pourtant, Sarah assure ne pas aspirer au pontificat : " Ça ne m'intéresse pas. Ce qui compte, c'est de retrouver Dieu ", confiait-il à Paris Match en 2022. Le cardinal y exprimait aussi son admiration pour François, malgré leur opposition.
Mais sa popularité dans les médias, soutenue notamment par l'éditeur Fayard et le milliardaire Vincent Bolloré, ne reflète pas nécessairement son influence réelle au Vatican. "Même s'il a des amitiés, notamment avec le cardinal Gerhard Ludwig Müller, mais il ne fédère pas au-delà des anti-François" d'après le vaticaniste, interviewé par Le Parisien. Et c'est bien là que les choses se compliquent : sur les 135 cardinaux électeurs, 108 ont été nommés par François. Ainsi, le prochain conclave, marqué par une Eglise engagée dans le dialogue et les réformes sous François, pourrait privilégier un profil plus ouvert et pastoral.
Pour autant, dans un climat tendu – entre scandales, débats sur la famille et tensions liturgiques –, certains pourraient voir en Sarah une figure de rigueur doctrinale et de stabilité, selon RTL info. Le conclave se tiendra dans les prochaines semaines. Seuls les cardinaux de moins de 80 ans y voteront. Sarah aura 80 ans le 15 juin. Il pourra donc participer au conclave, voter… et être élu, de justesse.