Alain Juppé : la solution de l'UMP ?
Ancien ministre des Affaires étrangères devenu maire de Bordeaux, Alain Juppé est sorti d'un silence qu'il s'était imposé depuis plusieurs semaines. Ce lundi, il a jugé que le duel Copé-Fillon, qui n'a cessé de se prolonger depuis dimanche soir, avec un interminable recomptage des voix et des accusations de fraudes, menaçait "l'existence même de l'UMP". "Je lance vraiment un cri d'alarme", a lâché l'ancien patron du RPR, lui-même fondateur de l'UMP sur iTélé. "C'est l'existence même de l'UMP qui est en cause aujourd'hui, alors il faut arrêter cette confrontation." Avant la campagne interne, Alain Juppé avait proposé d'être un candidat de rassemblement pour la présidence du parti. Il s'engageait dans le même temps à ne pas concourir à la présidentielle de 2017. "J'avais dit évitons une confrontation entre des candidats qui ont moins en tête l'avenir de l'UMP que l'échéance de 2017", a d'ailleurs rappelé le maire de Bordeaux à la télévision au sujet de cette option vite abandonnée. Et si Alain Juppé s'imposait en médiateur et en arbitre crédible entre les deux camps de la droite devenant par surprise le nouveau chef de l'UMP ? La question est posée plus ou moins explicitement dans plusieurs titres de presse.
OUI. "Il faut sortir de cette confrontation lamentable", a dit Alain Juppé lors d'un point presse après son interview sur iTélé. Et le maire de Bordeaux a presque offert ses services au parti dans les médias. Comme il y a quelques mois, il a de nouveau mis en avant son idée d'une présidence collégiale et non pas dépendante d'un seul homme, autrement d'une "instance qui accompagnera le nouveau président". Plus explicitement, il estime que s'il peut "être utile pendant quelques jours ou quelques semaines pour calmer les choses et remettre le train sur les rails", il le fera "volontiers, mais pas au-delà". Alain Juppé a aussi clairement évoqué la tenue d'une autre consultation en cas d'impossibilité de départager Copé et Fillon. Une consultation à laquelle il pourrait être un candidat crédible. Doté d'un fort taux de sympathie chez les militants et chez les électeurs de droite, Alain Juppé a longtemps figuré dans le podium des personnalités politiques préférées des Français quand il était ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy. Ancien pilier de l'UMP – "le meilleur d'entre nous " selon Chirac, son mentor – il aurait aussi l'expérience nécessaire selon plusieurs observateurs et a soigneusement évité de se prononcer en faveur de l'un ou de l'autre des deux candidats (il aurait voté blanc ce dimanche). Il serait donc l'homme parfait pour recoller les morceaux, d'autant plus qu'il compte des soutiens de poids dans le parti : l'ancien patron de l'Assemblée Bernard Accoyer, l'ancien ministre du Logement Benoist Apparu ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet n'ont jamais caché leur sympathie pour le personnage.
NON. Alain Juppé souhaite clairement que la Commission de contrôle des opérations électorales (Cocoe), chargée de trouver une issue au scrutin très serré entre Jean-François Copé et François Fillon, aille jusqu'au bout de "son travail". Le maire de Bordeaux a annoncé avoir "parlé" aux deux candidats et pense toujours qu'une solution est possible. "Ils m'ont dit qu'ils étaient prêts l'un et l'autre à accepter la décision de la commission de contrôle des opérations électorales." Autre élément pouvant écarter tout type de velléités de Juppé pour l'UMP : il s'est départi de toute ambition nationale. "J'ai dit très clairement que mon objectif était clair : c'est me consacrer à ma ville de Bordeaux et c'est ce que je fais. Je n'ai pas du tout l'intention de prendre des responsabilités nationales", a-t-il confié aux intervieweurs qui l'interrogeaient. Ancien Premier ministre marqué par les grèves de 1995, ancien proche de Chirac condamné par la justice en 2004, ancien grand perdant des législatives de 2007, Alain Juppé est aussi un personnage omniprésent depuis trente ans dans le paysage politique français. Un statut que d'aucuns verraient plus comme un handicap que comme un avantage pour le maire de Bordeaux.
EN VIDEO - Le maire de Bordeaux Alain Juppé a estimé le 19 novembre 2012 que "l'existence même de l'UMP" était en cause en raison de la confrontation entre Jean-François Copé et François Fillon.