Jean-Marc Ayrault : un système de fichage des SDF à Nantes ?
[Mis à jour le 18 décembre 2012, à 15h36] "Les drôles de fiches de la mairie". C'est derrière ce titre que le Point.fr jette un pavé dans la marre ce mardi matin. Le site de l'hebdomadaire publie un listing datant de 2006, prouvant selon lui que les SDF de la ville de Nantes ont été "illégalement fichés". Des détails sont même donnés sur chaque personne inscrite dans ce fameux répertoire. "Olivier consomme de l'alcool, consomme des drogues (dures et douces). Il a effectué une cure de désintoxication. Il a eu plusieurs problèmes avec la justice", cite en guise d'exemple le Point. La ville, dont Jean-Marc Ayrault a été le maire de 1989 à 2012, disposait en effet de nombreuses informations sur ses sans domicile fixe : nom et prénom évidemment, mais aussi date de naissance, addictions éventuelles, antécédents avec la justice, surnoms (une pratique courante pour ceux qui vivent dans la rue), et même antécédents médicaux et psychiatriques. Les orientations sexuelles seraient même précisées dans certains cas, plusieurs SDF étant présentés comme des "homosexuels".
Le fichier informatisé contiendrait au total 129 noms selon Le Point qui propose de consulter deux de ces fiches sur son site Web. La principale piste évoquée pour expliquer ce fichage serait un dispositif mis en place par le Centre communal d'action sociale (CCAS) de Nantes, structure spécialisée dans l'aide sociale et dépendante du maire. Les agents du CCAS auraient ainsi enfreint la loi, peut-être même avec l'aide de fichiers policiers. Le nom de Gilles Nicolas, directeur de la réglementation et de la tranquillité publique à l'époque et proche de Jean-Marc Ayrault à la mairie de Nantes est également cité. Ancien policier et membre des RG, il pourrait être à l'origine de ce dispositif selon Le Point. Il aurait pu recevoir l'appui de deux autres anciens des Renseignements généraux, Lionel Edmond à la mairie et Didier Fillion-Nicolet, directeur du renseignement intérieur dans le département de Loire Atlantique.
Matignon n'a pas encore réagi aux informations du Point, mais dans l'après-midi, la ville de Nantes a publié un communiqué indiquant "qu'il n'y a jamais eu de politique de fichage à la mairie de Nantes". D'après ce communiqué, le fichier publié par l'hebdomadaire relevait de "pratiques professionnelles mal contrôlées par la ville auxquelles il a été mis fin". Le fichier aurait d'ailleurs été détruit "dès que la Ville en a eu connaissance". La mairie de Nantes précise également qu'une "politique de protection des données à caractère personnel" a été mise en place en 2009 "en lien avec la CNIL" et qu'un "correspondant Informatique et Libertés" assure depuis 2010 "la mise en œuvre et le suivi des mesures visant au respect de la loi de 1978 et qu'une mise à niveau des procédures a été effectuée".
EN VIDEO - Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé mardi 11 décembre plusieurs mesures de lutte contre la pauvreté, notamment une hausse du RSA "socle" de 10 % d'ici 2017, une rallonge budgétaire pour le logement ou encore un contrat pour les jeunes en difficulté assorti d'une allocation.