Nicolas Sarkozy : "Le président n'a pas à s'impliquer dans les municipales"

Préfecture du Var, Toulon, le 11 mars 2008 - Lors de l'allocution prononcée à l'occasion de la cérémonie de remise de décrets de naturalisation, Nicolas Sarkozy est revenu sur le premier tour des municipales et sur son engagement dans la campagne.

"Mesdames et Messieurs,

nicolas sarkozy discours
Nicolas Sarkozy © Marco Pirrone

Aujourd'hui vous devenez des citoyens français à part entière. Ce pays est désormais le vôtre.

La France un pays de tolérance, un pays de liberté, un pays de démocratie. Ce sont des valeurs qui méritent d'être défendues, ce sont des valeurs qui méritent que l'on se batte pour elles.

Vous en connaissez le prix, vous qui avez fait le choix de quitter le pays qui vous a vu naître pour faire de la France votre nouvelle patrie, et prendre ainsi en partage notre culture, notre identité, notre idéal et notre destin.

Mieux que quiconque vous savez que lorsqu'on a la chance de vivre dans un pays de tolérance, de liberté, de démocratie on a le devoir de l'aimer, de le respecter, de faire en toutes circonstances son devoir de citoyens.

Désormais, il appartient à chacun d'entre vous, comme à chaque Français, que cette République, que cette Démocratie qui sont devenues les vôtres à partir d'aujourd'hui soient vivantes.

Au lendemain des élections municipales qui sont un moment fort de notre démocratie, je voudrais dire à tous les Français que c'est à chacun d'entre eux par leur engagement au service de tous, par leur civisme, de faire vivre jour après jour la République et la Démocratie.

Le Président de la République n'a pas à s'impliquer dans les élections municipales. Il ne s'agira pas dimanche prochain de décider de la politique de la Nation mais, pour chacun, de choisir la meilleure équipe pour gérer sa commune pour les six années à venir. Dimanche prochain, c'est de la démocratie locale dont il est question. Ce seront les questions de la vie quotidienne, de la proximité, du voisinage qui seront donc posées. C'est important. Trop important pour qu'aucun citoyen s'en désintéresse.



Je félicite tous ceux qui sont élus dès le premier tour et je pense d'abord à mon ami Hubert Falco dont le remarquable travail ici à Toulon a été plébiscité par les Toulonnais. Il n'y a qu'une morale dans la démocratie, celle du travail, celle du service rendu à ses concitoyens, celle des résultats au terme de son mandat. Qu'il me soit permis d'avoir une pensée particulière pour tous les ministres qui ont obtenu de bons résultats dans les villes où ils se sont présentés. C'est pour eux la reconnaissance de leur talent et de leur compétence, c'est pour le gouvernement tout entier un encouragement.

Les électeurs leur ont fait confiance alors même qu'ils sont pleinement engagés dans des réformes difficiles. Je pense bien entendu à ceux qui l'ont emporté dès le premier tour : Luc Chatel, Laurent Wauquiez, Michèle Alliot-Marie, Jean-Louis Borloo, Eric Woerth, André Santini, Valérie Létard, Roger Karoutchi ou encore Eric Besson. Je pense aussi à ceux qui solliciteront à nouveau les suffrages de leurs concitoyens dimanche prochain comme Xavier Darcos, Rachida Dati, Nathalie Kosciusko-Morizet ou encore non loin d'ici Christian Estrosi. Il m'a d'ailleurs informé de son intention de se consacrer entièrement à Nice et aux Niçois en cas de victoire, je lui redis toute ma confiance, je veux qu'il sache que quelle que soit sa décision je la respecterai. Cependant, je ne peux me satisfaire qu'au premier tour la participation ait été la plus faible jamais enregistrée à des élections municipales. Alors que près de 85% des électeurs avaient voté lors des élections présidentielles de 2007, seulement 66% des électeurs se sont rendus aux urnes dimanche dernier.

Il est de mon devoir d'appeler chacun, quels que soient ses choix, quelles que soient ses croyances, quelles que soient ses opinions, à se mobiliser pour que dans chaque ville, dans chaque village ceux qui seront élus aient la légitimité dont ils auront besoin pour agir.
 

"Après le deuxième tour, il appartiendra à chaque responsable politique et d'abord à moi-même de tirer les leçons de ces élections."

Après le deuxième tour, une fois acquis les résultats définitifs, il appartiendra à chaque responsable politique et d'abord à moi-même de tirer les leçons de ces élections. Le peuple aura alors parlé. Je tiendrai naturellement compte de ce qu'il aura exprimé.

Dans l'avenir, vous aurez, vous aussi, le droit, je dirai même le devoir, de voter. Car la cérémonie d'aujourd'hui n'est pas une simple formalité administrative. C'est un moment essentiel de votre vie où, sans rien oublier de ce que vous êtes, vous devenez Français avec les droits et les devoirs que cela implique.

La France est une Nation ouverte et accueillante : chaque année 150 000 personnes de nationalité étrangère obtiennent la nationalité française, dont plus de la moitié par naturalisation, c'est-à-dire par une décision du Gouvernement.

Pourtant, la naturalisation est l'aboutissement d'un long parcours, d'une dizaine d'années de résidence en France en moyenne. Elle n'a rien d'automatique, rien d'un droit acquis. Elle n'est pas donnée à tout le monde.

La naturalisation résulte d'un acte de volonté de votre part. Vous avez choisi, vous avez décidé de devenir Français. Vous avez démontré que vous réunissiez toutes les conditions pour devenir un membre à part entière de notre communauté nationale : le Français est votre langue. Vous avez respecté les lois de la République ; vous avez contribué à l'enrichissement de la Nation par votre travail, votre engagement associatif ou en assumant vos devoirs de parents.

Le Gouvernement, en vous accordant la nationalité française, vous a donc reconnu les qualités pour devenir français.

En tant que Président de la République, je tiens à vous en féliciter.

La France est une Nation rassemblée autour de principes fondamentaux, l'égalité des droits, l'égalité absolue entre les femmes et les hommes, la solidarité entre les générations, l'obligation scolaire, la valeur du travail, le respect des biens et de la personne d'autrui, la tolérance, le respect de l'environnement.

La France a une identité, forgée par l'histoire. Alors les historiens ne sont pas tous d'accord sur la date à laquelle commence l'histoire de notre pays. Pourtant les noms des bâtisseurs célèbres de notre Nation vous sont déjà familiers : Clovis, Philippe Auguste, Jeanne d'Arc, Henri IV, Bonaparte, Charles de Gaulle.

La langue française est le cœur de notre identité nationale, sa principale richesse. En tant que citoyens français, vous en êtes les dépositaires. L'identité de la France, c'est un patrimoine littéraire, artistique, paysager sans équivalent dans le monde. Ce patrimoine, vous devez vous l'approprier, chacun à votre manière. Vous devez le faire vôtre et en transmettre la passion à vos enfants. 
 

"L'unité de la Nation française va de pair avec sa diversité."

Mais l'unité de la Nation française va de pair avec sa diversité. Tout au long de l'histoire de notre pays, il s'est constamment enrichi de la volonté, de l'ardeur, du talent, de la créativité de ceux qui ont choisi de rejoindre la communauté nationale. Vous allez perpétuer cette tradition.

"Qu'est-ce qu'une nation ?" se demandait Ernest Renan au XIXème siècle. Et il écrivait : " Une nation c'est une âme, un principe spirituel. Deux choses constituent cette âme. La possession en commun d'un riche legs de souvenirs et le consentement actuel, c'est-à-dire le désir de vivre ensemble.

Vous êtes désormais des citoyens français. Vous devenez membres de la communauté politique. A travers le droit de vote, vous participerez à la vie démocratique de la Nation et aux grands choix qui vont préparer notre avenir.

Bien sûr, la citoyenneté n'est pas à géométrie variable. L'égalité constitue le principe fondamental de la Nation française. Et en tant que Président de la République, je suis le garant de ce principe. La République ne saurait donc tolérer le moindre signe de discrimination ou d'injustice liée aux origines.

En devenant français, vous vous mettez au service de la France. Notre pays est confronté à de multiples défis, la croissance, la démographie, la sécurité, son influence en Europe et dans le monde, la solidarité, la protection de l'environnement. La France a désormais besoin de vous, vous êtes à présent à l'égal de tous les Français, responsables de l'unité de notre pays, responsables de sa cohésion, responsables de son avenir. En décidant de devenir français, vous avez manifesté votre désir de vivre ensemble et je suis heureux, en présence de Brice Hortefeux, notre ministre de vous accueillir.

Madame, Mademoiselle, Monsieur, la France, à compter d'aujourd'hui, n'est plus seulement votre pays de résidence. La France, aujourd'hui, est devenue votre patrie. C'est avec tous les Français, qu'il vous incombe désormais de bâtir la France de demain. C'est avec tous les Français qu'il vous incombe désormais de bâtir une République fraternelle et une démocratie irréprochable."