Pas de triomphe du FN selon deux études

Pas de triomphe du FN selon deux études Une analyse du site ElectionScope.fr indique que c'est bien un raz-de-marée bleu et non pas bleu-marine qui est à attendre lors des élections. Un constat partagé par un sondage diffusé à une semaine du scrutin.

[Mis à jour le 17 mars 2015 à 10h02] Un sondage Harris Interactive semble confirmer une impression palpable depuis plusieurs jours. Et si le Front national, annoncé comme grand vainqueur des élections départementales dimanche prochain, passait en seconde position dans la toute dernière ligne droite ? L'enquête d'Harris pour M6, publiée à 7 jours précis du scrutin, donne en effet l'avantage à l'UMP et à ses alliés (notamment les centristes de l'UDI) en les créditant de 32 % des suffrages, alors même que le FN campe à 29 % des voix. Cette étude arrive après un sondage OpinionWay daté du 6 mars qui donnait pour la première fois l'UMP en tête devant le FN, et une autre de l'Ifop (1er mars) qui accordait exactement le même pronostic aux deux partis. Mais les sondages ne sont pas les seuls à remettre en doute la poussée du FN.

Une analyse d'ElectionScope, site Internet de chercheurs spécialisés en analyse politico-économique et en prévisions électorales, relativise en effet très nettement la poussée du Front national lors des élections départementales des 22 et 29 mars prochain. Leur étude, qui n'utilise pas de méthode de sondage, mais une analyse croisée de nombreux facteurs comme les résultats des précédentes élections, l'évolution du taux de chômage ou la situation politique du chef de l'Etat, de la majorité et de l'opposition par exemple, est particulièrement enrichissante. Pour la première fois en effet, il ne s'agit pas de livrer "en vrac" des intentions de votes aux départementales à l'échelle nationale, mais d'analyser localement les enjeux dans chaque cantons.

En ressort une évaluation nuancée des résultats des départementales. Au soir du premier tour, ElectionScope indique par exemple que la droite dans son ensemble sera très largement majoritaire, en arrivant en tête dans 64 % des cantons. Dans ce chiffre, ElectionScope distingue un résultat pour le FN et un autre pour l'UMP. Et le parti de Nicolas Sarkozy arriverait devant celui de Marine Le Pen avec 33 % des cantons contre 31 %. La gauche de son côté, arriverait en tête dans 36 % des cantons seulement au soir de ce premier tour, en comptant toutes ses composantes. Le taux d'abstention évalué dans l'étude est de 57 %. Des données qui tendent à confirmer les sondages des  derniers jours, mais qui donnent donc une UMP devant le Front national dans un premier temps.

Un résultat du FN très haut au premier, beaucoup moins au second

Mais c'est peut-être l'extrapolation des résultats au second tour qui est la plus enrichissante. Selon ElectionScope, le Front national, certes qualifié dans 48 % des cantons, serait laminé par la droite républicaine le 29 mars. Les alliés UMP-UDI prendraient ainsi 1353 cantons sur les 2054 en jeu lors de l'élection, battant les candidats du Front national dans la très grande majorité des cas, selon le modèle proposé par les chercheurs Véronique Jérôme-Speziari et Bruno Jérôme. Le PS gagnerait seulement 535 cantons, ce qui lui ferait perdre une bonne partie des 60 départements qu'il détient aujourd'hui. Quant au FN, il ne remporterait l'élection que dans 107 cantons. Un chiffre considérable qui le porterait à 214 élus en France contre un seul aujourd'hui et qui, avec un peu de réussite, lui permettra peut-être de rafler un département (voir les départements FN probables). Mais un chiffre aussi largement insuffisant pour prétendre être le vainqueur des départementales.

La carte proposée par ElectionScope.

Restent des "signaux contradictoires". Au lendemain du sondage Harris Interactive donnant l'UMP devant le FN, un nouveau sondage de l'Ifop, pour le Figaro et Europe 1, a été publié ce lundi 16 mars. Cette fois, le FN revient en position de leader avec 30 % des intentions de vote devant l'ensemble UMP-UDI à 29 % et le PS à 19 %. Et le sondage de l'Ifop est plus affiné qu'à l'accoutumée. L'institut a procédé à des sondages dans un échantillon de 205 cantons. Ce même lundi, un sondage Odoxa pour le Parisien vient aussi renforcer l'impression que le FN est en mesure de remporter un département. Le parti de marine Le pen est crédité de 41% des suffrages dans l'Aisne, l'un des principaux départements visés par le FN. Les deux chiffres ne disent pas en revanche quel sera la perspective du Front national au second tour, avec une réserve de voix qui semble limitée.

Le FN perdant, mais faiseur de roi ?

Le Front national sait que pour s'imposer dans un département, il lui faut la majorité absolu du nombre de conseillers départementaux, car au troisième tour, même arrivé en tête grâce à une majorité relative, le FN perdra, puisque les autres élus ne voteront pas pour un président du département frontiste. Après le second tour, les négociations et les débats locaux sur les alliances à former vont être rugueuses. Dans plusieurs départements, ce sont les voix des élus du Front national qui pourraient faire pencher la balance entre le bloc des élus de gauche et le bloc des élus de droite. Mais le PS ou l'UMP accepteront-ils de se faire élire à la tête du département grâce à des voix FN ? La droite et la gauche vont-elles se mettre d'accord pour faire en sorte que la force politique arrivée en tête entre les deux partis deviennent celle qui dirigera le département ?