Les trois vrais enjeux du scrutin de dimanche

Les trois vrais enjeux du scrutin de dimanche Les résultats pour le Front national ne se limitent pas à la question d'un score national et d'une poignée d'élus. Tour d'horizon des enjeux bien au-delà du résultat du FN.

[Mis à jour le 22 mars 2015 à 12h17] C'est l'élection du Front national. Depuis des mois, le parti de Marine Le Pen est annoncé comme le grand vainqueur du premier tour des élections départementales. Durant la campagne électorale, qui a peu passionné les Français, il a été énormément question lors meetings du PS et de l’UMP des résultats obtenus par le Front national. Le parti de Marine Le Pen vise des scores à la hauteur de ce que les sondages auguraient durant la campagne, ce qui lui permettrait d’avoir des candidats au second tour dans des centaines de départements, et même dans une majorité sur l’ensemble du territoire. Le PS s’attend à une défaite, mais l’ampleur de celle-ci demeure inconnue, tandis que l’UMP compte sur une large victoire pour s’afficher comme la principale force d’opposition aux socialistes à l’échelle nationale.

Premier grand enjeu pour la formation lepéniste : atteindre la barre symbolique des 30 %. Un score, annoncé par plusieurs sondages depuis le début de la campagne, qui correspondrait à un véritable choc et deviendrait le symbole de l'ancrage local du parti. Dans le même ordre d'idées, la puissance du FN se mesurera à l'aune du nombre de cantons conquis. De un seul aujourd'hui, on parle d'une centaine de cantons à l'issue du scrutin. Mais pour savoir si ce second objectif est atteint, il faudra attendre le second tour, le 29 mars prochain.

Mais les varis enjeux de cette élection pour le Front national sont peut-être ailleurs. Les résultats du FN aux départementales seront aussi vus, le 29 mars, sous l'angle du nombre de conseils généraux (ou plutôt départementaux) conquis. Un département serait déjà un coup énorme pour le clan Le Pen. Deux, trois voire quatre départements lui permettraient de triompher. Parmi les départements visés par le FN, on compte justement quatre terres très convoitées : l'Aisne, l'Oise, le Vaucluse et le Var. Des  départements dont les résultats seront très observés dimanche.

Le troisième enjeu pour le FN, au-delà du score obtenu et de l'hypothétique conquête d'un ou de plusieurs départements, est sans doute l'un des plus importants : il s'agit de réussir à démolir le front républicain, déjà mal en point. Obstacle à l'élection de Jean-Marie Le Pen en 2002, il reste, bien qu'affaibli par le "ni-ni" de l'UMP, un caillou dans la chaussure de Marine Le Pen pour 2017. Au soir des résultats des départementales, dès le premier tour, la capacité du FN à semer le trouble chez les éliminés (PS ou UMP) sera donc très observée. Et le troisième tour, celui où l'Assemblée élue devra opter pour un président et une majorité, sera de ce point de vue explosif lui aussi. Là où la droite et la gauche seront au coude-à-coude, se seront peut-être les quelques élus Front national qui pourraient faire la différence. Un scénario à la régionales 1998, quand plusieurs élus (dont Jacques Blanc en Languedoc-Roussillon ou Charles Millon en Rhône-Alpes) avaient pactisé avec le FN pour s'imposer, est tout à fait envisageable.

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