Régionales 2015 : Manuel Valls au secours de Damien Alary sur l’idée de présidence déléguée
Damien Alary, le président PS sortant de la région Languedoc-Roussillon, l’avait annoncé le 30 juillet. Après dix jours et une polémique qui enfle, Manuel Valls s’est vu obligé de défendre la mesure ce mardi. Surnommé "loi Alary", le futur texte prévoit la création d’une nouvelle fonction de président de région délégué suite à la refonte territoriale. "Dans le cadre des grandes régions, il est tout à fait normal d’imaginer qu’il puisse y avoir une présidence déléguée pour que chaque territoire garde sa force, sa spécificité", a dit le premier ministre. Pourtant, en Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon, cette mesure fait scandale à quelques mois des élections régionales 2015.
En effet, les opposants de Damien Alary l’accusent d’avoir négocié la création de ce nouveau poste auprès de Matignon pour garder de l’influence sur le territoire. "On distribue les postes sans attendre la décision des électeurs", dénonce dans Côté Toulouse Dominique Reynié, candidat LR-UDI pour les régionales en Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon. Un accord passé entre le PS et le PRG prévoit qu’en cas de victoire, la présidence de région revienne à la socialiste Cole Delga alors que la vice-présidence serait occupée par la radicale Sylvia Pinel. Damien Alary se retrouverait donc le bec dans l’eau et aurait demandé à Manuel Valls de lui créer ce poste sur mesure. Carole Delga le lui a d’ailleurs déjà promis, tout en restant prudente. "Nous ne serons pas une direction bicéphale. Il n’y aura pas de concurrence entre nous, ce sera bien moi la présidente", affirme-t-elle à Libération.
Problème, à gauche aussi l’initiative indigne dans la région. Monique Iborra, député PS de Haute-Garonne, juge le futur texte "choquant" et affirme que ses "valeurs démocratiques ne peuvent l’accepter". "Si on doit voter un texte à l’Assemblée, il est peu probable qu’il y ait une majorité socialiste", prévient Sébastien Denaja, député PS de l’Hérault. Patrice Prat et Christophe Cavard, députés du Gard, sont déjà vent debout contre l’idée d’une présidence déléguée, tout comme Jean-Claude Pérez, député de l’Aude.
Mardi, lors d’un déplacement dans le Gard, Manuel Valls a estimé que "ceux qui cherchent les polémiques ou ceux qui en créent n’ont pas de projets pour ces nouvelles grandes régions". Pour lui, "il n’y a rien de très nouveau sous le soleil, sinon que ce sera bien inscrit dans la loi". Le premier ministre a expliqué qu’il y avait déjà eu des présidents de région délégués par le passé et que cette option avait même été envisagée dans la loi sur la fusion et les compétences des régions. "A l’époque, on avait considéré que cela ne devait pas nuire au débat". Aujourd’hui, ce débat est bel et bien lancé. Parmi les arguments des opposants, le coût de la mesure. Dominique Reynié avait avancé le chiffre de 114 millions d’euros. "La fusion va amener une baisse des coûts. Je pense notamment au nombre de vice-présidents qui seront moins nombreux", répond le premier ministre. Toutefois, Manuel Valls précise que cette fonction sera facultative : "Chacun sera libre d’utiliser cette présidence déléguée".