FN, gauche, droite, qui est le grand perdant des régionales 2015 ?
On ne connait pas encore le résultat des élections régionales, qui seront accessibles ce dimanche à 20 heures avec les premières estimations du 2e tour, mais on sait déjà qu'il n'y aura pas de grand gagnant. Pour plusieurs raisons : d'abord parce que selon toute vraissemblance, encore une fois, le niveau de l'abstention sera extrêmement élevé, probablement au dessus des 45 %. Si l'on ajoute à cela le nombre de personnes non inscrites sur les listes électorales (près de 5 millions de personnes), et le nombre de personnes qui décideront de voter blanc, alors on se rend compte que bien plus de la moitié du corps électoral ne choisira pas le moindre candidat. C'est un premier désaveu de l'offre politique proposée aux Français. Relevons que ce dimanche, le scrutin est majoritairement constitué de triangulaires. C'est quasiment mathématique, aucun des candidats présents dans une triangulaire ne convaincra plus de 20 % du corps électoral (et il s'agit d'une estimation haute).
Premier constat donc : quels que soient les satisfecits que l'on entendra ce dimanche soir, les dirigeants des partis politiques n'ont vraiment pas de quoi se réjouir. Du reste, pour eux, les enseignements à tirer des résultats des élections régionales seront considérables, à 18 mois des élections présidentielles. Pour la gauche, il faudra jauger l'ampleur du recul de la présence des socialistes et de leurs alliés dans les conseils régionaux. Le PS dirige encore pour deux semaines 21 régions sur 22. Combien pourra-t-il en gérer à l'issue des élections régionales et de la rentrée en vigueur de la réforme territoriale ? Depuis des semaines, le Premier ministre et le premier secrétaire du Parti socialiste confient à leur entourage que conserver 4 régions serait une petite victoire.
Pour le Front national : l'ambition est claire, remporter 2 ou 3 régions. Mais les désistements des listes socialistes en Paca et dans le Nord-Pas-de-Calais sont un obstacle pour les deux candidates engagées dans cette élection. Dans le cas d'une ou deux régions remportées par le Front national, il s'agirait d'une victoire pour un parti qui peine à gagner des élections à deux tours. Mais pourra-t-il s'afficher comme le "premier parti de France" et se revendiquer grand gagnant de ces élections en perdant 11 ou 12 scrutins sur 13 ? Non, bien entendu.
Pour la droite : quel que soit le nombre de régions remportées, l'échec du parti de Nicolas Sarkozy est déjà manifeste. Comment le principal parti d'opposition, qui appelle déjà à l'alternance, au rassemblement de la droite et du centre pour remporter la présidentielle, peut-il recueillir moins de voix que l'extrême droite ? Le désaveu du premier tour restera quoi qu'il advienne comme une trace indélibile pendant les 18 prochains mois.
Que faut-il en conclure ? En réalité, qu'aucune formation politique ne pourra s'afficher comme ayant remporté cette élection régionale. Pour dire qui a le plus perdu, attendons les résultats définitifs, mais il semblerait bien, hélas, que ce soit la classe politique dans son ensemble.
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