Résultat de Jordan Bardella aux européennes : un carton pour RN
[Mis à jour à le 26 mai 2019 à 21h50] Jordan Bardella est devenu le plus jeune eurodéputé de l'histoire du Parlement européen. A 23 ans, le jeune homme porte la candidature du Rassemblement national (ex-FN) dont il a été investi tête de liste pour ces européennes 2019. Durant les débats organisés sur les différents plateaux de télévision, il n'a certes pas brillé par sa connaissance des dossiers - il a même multiplié les raccourcis et les éléments de langage abusifs sur le fonctionnement de l'UE - mais il a montré de véritables talents d'orateur. Avant lui, le Bulgare Andrey Novakov, du parti centre droit GERB, n'avait que 25 ans quand il a été élu en 2014.
Jordan Bardella n'est pas un tribun, mais il a fait preuve d'un aplomb certain, d'une farouche capacité à moucher ses interlocuteurs. "Cette mobilisation témoigne d'un sursaut populaire contre le pouvoir en place. Le peuple français a infligé une leçon d'humilité au président de la République : il a transformé ce scrutin en plébiscite. Ce soir c'est lui et sa politique qui sont rejetés", a-t-il déclaré dès l'annonce des premiers résultats.
La campagne a déjà permis à Jordan Bardella de multiplier les interventions à la télé, d'afficher sa proximité avec la grande cheffe, de lui démontrer sa fidélité. Le "bébé Front national", comme on le surnomme déjà, montrait déjà une âme militante au lycée, bien avant d'être nommé en 2014, à 22 ans, porte-parole du parti. Né à Drancy (Seine-Saint-Denis) et scolarisé au sein d'un lycée privé de Saint-Denis, il s'investit adolescent dans son département dès l'âge de 16 ans, par l'intermédiaire du FNJ (Front national de la jeunesse). Bientôt repéré par Florian Philippot [qui a claqué la porte du parti en 2017, ndlr], qui le fera monter, il est nommé le 7 juillet 2014 secrétaire départemental du FN en Seine-Saint-Denis, à 18 ans à peine. Après sa participation à plusieurs élections, il présidera aussi le collectif Banlieues patriote, lancé fin 2015 par le Front national en vue de la présidentielle. Sur sa personnalité, "c'est un garçon qui est loin d'être idiot et apprend ce qu'on lui dit d'apprendre", résume auprès de France Info un frontiste qui l'a connu à ses débuts.
Pour celui qui n'était jusque-là que porte-parole du Rassemblement national et président de Génération nation - le nouveau nom du Front national de la jeunesse -, cette campagne des européennes a été un tremplin inespéré pour s'imposer comme figure incontournable du parti. Cet étudiant en géographie poursuit ainsi sa progression à la vitesse de la lumière.
La présidente du Rassemblement national peut aussi sans sourciller, après cette campagne, se vanter d'avoir su mettre en avant une nouvelle génération, montrer que le parti, loin de se scléroser, s'ouvre et fait confiance à sa jeunesse militante. "C'est un garçon solide qui a fait ses preuves au Rassemblement national. Il s'est imposé sur les plateaux. C'est un exemple de méritocratie", confiait d'ailleurs au Point le proche conseiller de Marine Le Pen, Philippe Olivier, il y a quelques semaines. Un autre membre de l'entourage de la leader du RN y voyait aussi une manière de placer ses pions pour l'avenir : "Son choix permet à Marine de ringardiser Marion Maréchal", disait ainsi un "lieutenant frontiste" à l'hebdomadaire.