Florence Parly : pourquoi sa nomination à Matignon est possible

Florence Parly : pourquoi sa nomination à Matignon est possible Le nom de Florence Parly, actuelle ministre des Armées, revient très régulièrement parmi les potentiels successeurs d'Edouard Philippe, si le Premier ministre venait à être débarqué...

Après la lourde défaite du parti présidentiel aux élections municipales, place donc au remaniement, que l'on annonce d'ampleur et à même d'incarner la nouvelle ère qui doit mener Emmanuel Macron à 2022. Prévu pour la fin de semaine, voire le début de la prochaine, ce changement d'équipe gouvernementale fait encore l'objet d'intenses tractations, au sommet desquelles se trouve une question : Edouard Philippe va-t-il garder sa place de Premier ministre ? A en croire les chuchotements glissés par des proches du pouvoir un peu partout dans la presse, les chances de voir le Normand rester à Matignon sont aussi élevées que celles qui le donnent partant. Du 50-50, en somme.

Les prétendants à cette éventuelle place vacante, déclarés ou pas, sont nombreux - qu'ils soient déjà au gouvernement ou non -, mais un nom se détache : Florence Parly, pas vraiment la plus célèbre des ministres, mais assurément celle qui coche un certain nombre de cases pour rejoindre la rue de Varenne. Le fait de placer une femme à ses côtés constituerait indéniablement un signal fort envoyé par Emmanuel Macron, puisque jusqu'à présent, Edith Cresson, le temps d'une dizaine de mois au début des années 1990, reste la seule Première ministre de l'histoire.

"Elle est aussi compétente qu'Édouard Philippe"

Le chef de l'Etat n'en avait d'ailleurs pas fait un secret peu de temps avant la présidentielle de 2017, nommer une femme à Matignon faisait partie de ses souhaits, même s'il assurait à l'époque ne pas vouloir "choisir un Premier ministre parce que c'est une femme". Jugée apte pour la fonction par ses pairs - "elle est aussi compétente qu'Édouard Philippe", estime un ministre cité par L'Opinion -, de gauche... Florence Parly pourrait incarner un virage social attendu par bon nombre de mécontents de la politique du chef de l'Etat, à qui l'on prête par ailleurs une très grande estime à l'égard de celle qui a occupé des hauts postes chez Air France et à la SNCF.

Ces dernières heures, les signes encourageants pour l'actuelle ministre des Armées, 57 ans, se sont intensifiés. Selon des informations relayées par LCI, l'ancienne secrétaire d'Etat au Budget de Lionel Jospin aurait les faveurs des députés de la majorité en cas de départ d'Edouard Philippe. Un soutien fort et collectif sur lequel Emmanuel Macron ne peut assurément pas fermer les yeux.

Florence Parly Premier ministre ?

Si Florence Parly n'est assurément pas la ministre la plus médiatique du gouvernement d'Emmanuel Macron, son nom a vite émergé pour remplacer Edouard Philippe s'il venait à quitter son poste de Premier ministre. L'actuelle ministre des Armées fait même office de favorite et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, elle aurait la pleine confiance du chef de l'Etat, qui aurait, dit-on, beaucoup d'estime pour l'ancienne secrétaire d'Etat du gouvernement Jospin. Par ailleurs, son profil de femme de gauche lui donne un maximum de chances, si l'on considère le probable virage social que souhaite prendre Emmanuel Macron pour le reste de son quinquennat. A 57 ans, Florence Parly dispose d'une solide expérience, à la fois dans le public et dans le privé, pour prétendre à succéder à Edouard Philippe. Et puis Emmanuel Macron l'avait annoncé juste avant d'être élu en 2017 : nommer une femme Première ministre fait partie de ses options privilégiées, 30 ans après que la seule femme, Edith Cresson, ait occupé ce poste.

Un remaniement d'ampleur annoncé

Alors qu'il doit intervenir dans les jours à venir, le remaniement est annoncé d'ampleur. Plus que de simples ajustements, il s'agit pour Emmanuel Macron de changer de cap, comme il l'avait annoncé pendant la crise du coronavirus, souhaitant naturellement tourner la page de cette longue séquence. Pour ce faire, ne pas changer de Premier ministre pourrait s'annoncer risqué pour le chef de l'Etat, même si Edouard Philippe est populaire. Dans un gouvernement où les têtes connues des Français sont plutôt rares, quelques changements pourraient ne pas suffire dans l'opinion publique pour incarner ce nouveau départ voulu par Macron. Ainsi, débarquer Edouard Philippe et nommer Florence Parly, femme de gauche, à sa place marquerait efficacement les esprits.

Une femme à Matignon ?

Cela peut paraître d'un autre âge de se poser la question, mais indéniablement, une femme nommée à Matignon constituerait un évènement. Cela n'est arrivé qu'une seule fois et pour une durée assez limitée. C'est Edith Cresson qui deviendra en mai 1991 Première ministre, nommée par François Mitterrand qui en est alors à son second mandat. A l'époque, le choix du président socialiste balance entre cette dernière, Robert Badinter et Roland Dumas. Mais la volonté d'imposer une femme au profil peu technocrate, quelques temps après avoir nommé le plus jeune Premier ministre de l'histoire - Laurent Fabius, à 37 ans -, s'impose. A Matignon, son mandat sera marqué par une impopularité record et une fronde des députés socialistes. La lourde défaite du PS au élections régionales de mars 1992 marquera le début de la fin pour Edith Cresson, qui s'accroche à son poste, mais qui perd alors le soutien de François Mitterrand. Le 2 avril 1992, après avoir remis sa démission au chef de l'Etat, elle est remplacée par Pierre Bérégovoy. C'est donc à ce jour la seule Première ministre de l'histoire de France, mais également la deuxième, après Bernard Cazeneuve, à avoir occupé le poste aussi peu de temps dans la Ve République.

Qui est Martin Vial, le mari de Florence Parly ?

Florence Parly est en couple avec Martin Vial depuis 1991. Il s'agit d'un haut fonctionnaire français de 66 ans. Nommé à la direction financière de la direction générale des Postes à sa sortie de l'Essec en 1982, il devient directeur général du groupe La Poste en 1997. Entre temps, il effectue des missions dans le public, à l'image de son poste au cabinet du ministre des Postes et Télécommunications et de l'Espace. Entre 2003 et 2014, Martin Vial est directeur général du groupe Europ Assistance avant d'être nommé en 2015 commissaire aux participations de l'État. En 2017, lors de la nomination de sa femme Florence Parly au poste de ministre des Armées, Martin Vial met alors entre parenthèses toutes ses responsabilités liées aux industries de défense. "Martin Vial s'est déporté de tous les sujets concernant les entreprises de la défense du portefeuille de l'Agence des participations de l'Etat", avait-t-on indiqué au ministère des Armées à l'époque. L'Agence des participations de l'Etat gère plusieurs secteurs liés à la défense, notamment des participations chez Safran (14%), Thales (26%) et Airbus (11%). Pour éviter les conflits d'intérêts, il sera également remplacé au conseil d'administration de Thalès, très présent dans le secteur de la défense.