Le Pen - Darmanin : séparatisme, immigration, droit du sol… Le résumé du débat

Le Pen - Darmanin : séparatisme, immigration, droit du sol… Le résumé du débat DEBAT LE PEN DARMANIN. Gérald Darmanin, qui incarne l'axe très droitier du gouvernement, et Marine Le Pen entretiennent une relation politique... contrastée. Ils ont débattu ce jeudi 11 février sur France 2. 

Gérald Darmanin et Marine Le Pen ont débattu ce jeudi 11 février, et évoqué plusieurs thèmes sur France 2, au cours de l'émission "Vous avez la parole" : l'immigration, le séparatisme ou encore la question du droit du sol. "Je suis déçue car je trouve que ce texte ressemble un peu à un texte de police administrative", a affirmé Marine Le Pen à Gérald Darmanin, concernant son texte sur le séparatisme. "Vous limitez les libertés de tout le monde pour limiter les libertés de quelques extrémistes", a-t-elle poursuivi. "À part quelques incohérences, j'aurai pu le signer ce livre", a-t-elle rajouté, en évoquant le livre du ministre de l'Intérieur. Ce dernier a tenu a précisé : "Il y a une Marine Le Pen des plateaux et une Marine Le Pen de l'Hémicycle." Abordant la question du droit du sol, la future candidate à l'élection présidentielle a déclaré : "Tous les étrangers qui ont commis des crimes et des délits en France doivent être renvoyés dans leur pays." Sur un autre thème, 69% des Français sont contre le port de signes ostentatoires dans l'espace public, selon un sondage récent. Si Marine Le Pen est à l'initiative de la proposition, Gérald Darmanin s'est dit contre. "La question est délicate, et elle ne peut pas être réglée en disant non ou en disant oui", a jugé le ministre. "La proposition de Marine Le Pen, je comprends qu'elle puisse plaire, mais elle n'est pas sérieuse", a-t-il rajouté. "Je suis contente d'avoir débattu, nous avons parlé d'immigration, d'islamisme, et je suis toujours contente quand les Français peuvent savoir ce que l'on pense", a conclu Marine Le Pen.

Le Pen / Darmanin, des courtoisies et des tacles appuyés

Ce n'est pas la première fois que Gérald Darmanin et Marine Le Pen se font face. Il n'est pas inutile de le rappeler, la présidente du Rassemblement national a été reçue en octobre dernier au ministère de l'Intérieur, par Gérald Darmanin lui-même et ses conseillers, pour parler, déjà, du projet de loi contre les séparatismes. Le ministre a reçu de nombreux présidents de parti ou de groupe parlementaire, mais pour Marine Le Pen, l'organisation de cet entretien place Beauvau a sans doute eu une saveur particulière. A la sortie de ce rendez-vous, elle avait d'ailleurs salué ce geste, et qualifié Gérald Darmanin de "ministre républicain". Le sénateur RN Stéphane Ravier, qui était aussi présent, a semble-t-il apprécié la teneur des échanges. "Il aurait pu tirer la gueule et nous expédier en vingt minutes, mais il a pris le temps d'écouter", confiait-il alors au journal L'Opinion, ajoutant que le ministre s'était montré "courtois". Sur le projet de loi, l'élu a même concédé "un certain courage" de l'exécutif et ce commentaire : "Personne n'était allé aussi loin". L'Opinion précise toutefois que Gérald Darmanin s'est opposé à Marine Le Pen sur les causes de la montée en puissance de l'islamisme radical, refusant de faire un lien direct avec l'immigration.

Reste que Gérald Darmanin, depuis son entrée au gouvernement, en 2017, a toujours veillé à parler du Rassemblement national comme un ennemi politique. Lors d'un précédent débat, sur France 2 en octobre 2017, celui qui était alors ministre des Comptes publics avait pris soin de moquer les positions radicales du parti de Marine Le Pen, et notamment le flou de son programme sur la sortie de l'euro. Quelques semaines auparavant, Gérald Darmanin avait aussi réussi un joli coup d'éclat en s'en prenant à la députée RN, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Réagissant à des applaudissements du FN à un élu de droite, le ministre s'était alors illustré par ces propos : "Il était un temps, pas si éloigné, où quand je siégeais sur ces bancs, c'était une honte d'être applaudi par le Front national". Marine Le Pen, manifestement contrariée, avait répondu, en référence à son départ de LR pour intégrer le gouvernement : "Pas de leçon de morale, Judas !". Réplique de Gérald Darmanin : "A la différence de vous, Mme Le Pen, (...) Judas restera dans l'Histoire".

L'ancien maire de Tourcoing, qui s'est toujours présenté comme un gaulliste social s'étant construit dans les pas de Nicolas Sarkozy, avait aussi envoyé un message aux lecteurs de Libération, en septembre 2017, explicitant sa rupture avec LR. "Pour moi, la droite, ce n'est pas la protection du tabac, de l'immobilier et du catholicisme blanc. Si c'est leur logique, ils vont terminer comme le PCF. Moi, face à Le Pen, j'aurais voté pour Hollande, voire pour Mélenchon. Alors qu'ils aient hésité à le faire pour Macron..."