Dans un livre explosif, Hollande livre quelques confidences sur Macron

Dans un livre explosif, Hollande livre quelques confidences sur Macron À travers un livre "Le Traitre et le néant", écrit par les journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet, Emmanuel Macron pourrait voir sa campagne présidentielle bousculée.

[Mis à jour le 12 octobre 2021 à 11h00] Une campagne présidentielle sans polémique, sans accusation, sans scandale privé... Est-ce une vraie campagne ? Pas encore déclaré candidat à sa propre succession, mais fortement pressenti, Emmanuel Macron va devoir faire face à quelques débuts d'incendie, allumés par la sortie du dernier livre de Fabrice Lhomme et Gérard Davet, "Le traître et le néant", publié aux éditions Fayard. Les deux journalistes du Monde, habitués de l'exercice, avaient pesé dans la décision de François Hollande de ne pas se représenter en 2017 avec la sortie de l'ouvrage "Un président ne devrait pas dire ça."

Pour justifier leur titre, les deux auteurs ont expliqué sur l'antenne de BFM TV ce 12 octobre qu'il s'est "imposé" à eux, car ils représentent les deux aspects "primordiaux" d'Emmanuel Macron. "Sa conquête du pouvoir s'est faite par des trahisons, qui ont ensuite continué à l'Élysée. Mais aussi parce qu'il y a le néant de la République en Marche et de la situation politique avec la candidature d'un polémiste d'extrême droite et des partis politiques traditionnels totalement effacés", a expliqué Fabrice Lhomme. Pour écrire ce live, les journalistes ne sont pas entrés directement en contact avec Emmanuel Macron, mais affirment avoir parlé à plus de 110 personnes, présentés comme des "témoins" de l'exercice du pouvoir. Mais les journalistes se sont confrontés à des freins, venus selon eux du sommet de l'Etat". Gérard Davet a expliqué sur l'antenne de BFMTV que "des consignes ont été données, par l'Élysée et Matignon, pour nous empêcher de rencontrer des proches".

Hollande se paye-t-il Macron dans le livre ?

Mis sur le banc des accusés lors de la sortie du livre "Un président ne devrait pas dire ça", François Hollande passe de l'autre côté du miroir pour cet ouvrage. "Parler d'Emmanuel Macron sans questionner François Hollande, c'est de la folie pure, car c'est François Hollande qui l'a créé politiquement" a justifié Gérard Davet qui fait savoir que l'ancien président n'était pas un "informateur", mais un témoin pour le livre. De manière générale, François Hollande s'est senti trahi par Emmanuel Macron. Les anciens membres du gouvernement et alliés socialistes racontent dans le livre les conversations, nombreuses, avec Emmanuel Macron, sur sa prise de distance avec François Hollande.

Le lundi 29 août, explique Gasapard Gantzer, Macron va voir François Hollande dans son bureau et lui dit : 'Oui mais non… non mais oui… je ne suis pas bien, je n'ai pas d'espace.' Mais il ne lui dit pas : 'Je pars'. Et donc Hollande lui dit : 'Eh bien, réfléchis, voilà, et on se reparle…' Et le lendemain, Macron fait le coup de la rupture par SMS : 'Écoute, je pars.' Je te soutiendrai à la présidentielle", aurait-il quand même affirmé. François Hollande fait désormais le bilan du macronisme et de la désintégration du paysage gauche-droite habituel dans un discours "libre". "Il y a un mécontentement sourd qui est là ; mais comme il n'y a pas de débouché politique... on est dans le néant" analyse l'ancien président.

Parmi les anecdotes et informations distillées par l'ancien président, l'une concerne les lunettes de Brigitte Macron. "Ils se souviennent de ce dîner, à l'Élysée, vers la fin du quinquennat Hollande. Où Philae, l'imposant labrador présidentiel, s'est jeté sur le sac à main de Brigitte Macron, déchiquetant par jeu les lunettes de l'épouse de celui qui n'est encore que ministre de l'Économie. Furieuse, la future première dame. Hollande s'excuse, bien sûr, mais enfin, ce ne sont que des lunettes. Et ce n'est qu'un chien. Quelques jours plus tard, il nous l'a confirmé, Hollande recevra la facture de la paire de lunettes de Brigitte Macron. L'ex‐président soupire: 'Il faut oser, quand même...".

Que retenir du livre "Le traitre et le néant ?"

BFM TV et RMC livrent quelques extraits du livre polémique sur Emmanuel Macron qui pourrait entacher sa future campagne présidentielle. L'un des témoins, le député Les Républicains Olivier Marleix formule une accusation assez grave : il considère probable qu'Emmanuel Macron ait été à l'origine d'un "pacte de corruption" pour le financement de la campagne de 2017. "Vous avez quand même, à un moment, un petit doute sur à quoi ont servi toutes ces ventes, dans quel état d'esprit elles ont été organisées (la vente d'Alstom notamment NDLR) (...) Un tel système peut être interprété comme un pacte de corruption. Le pacte de corruption, c'est si vous considérez que ce système est un système organisé" justifie-t-il.

Le chef de l'état major des armés "acheté" ?

"Si vous partez, moi, je vous nomme dans un poste qui vous permettrait d'avoir, en termes d'émoluments...' Il utilise ce mot là ! Explique Philippe de Villiers. "Il lui propose d'avoir une très belle retraite ! Et Pierre  à La Lanterne répond : 'Monsieur le Président, ma décision était prise, mais là, vous venez de franchir la ligne rouge, parce que vous ignorez tout de ce que je suis et de ce qu'est ma famille. Nous sommes une vieille famille de chevaliers français. Et donc, là, vous venez de m'insulter...'" 

Bernard Tapie comme conseiller 

Bernard Tapie s'est fendu en conseiller lors de la crise des gilets jaunes en toute discrétion. Il a "notamment décrit la composition hétéroclite des ronds‐points tenus par les manifestants, avec ces femmes privées de pensions alimentaires. "Je l'ai vu à l'Élysée, et avec beaucoup de précautions: en cachette, etc."

Des ministres moqués par Stéphane Bern

Dans le livre, Stéphane Berne explique qu'il donne des surnoms aux ministres, une attitude qui fait beaucoup rire le président comme l'explique l'animateur. "L'actuelle ministre de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, par exemple, méchamment rebaptisée Amélie "de mon machin" par Bern. Emmanuel Macron adore. "Il me dit: "Comment tu l'appelles?!" Ça le fait rire et, en même temps, il me dit : 'Tu exagères'".

LREM, un parti inexistant ?

Le sénateur LREM et l'un des plus fidèles soutiens du président, François Patriat, explique qu'"Emmanuel (Macron NDLR) n'aime pas les partis, il ne voulait pas de parti. Moi je lui dis : il faut en faire un. Mais la vision d'Emmanuel c'est : pas de parti, et une équipe autour de lui. Donc on a un mouvement qui n'a pas de réalité. (…) Pour les gens LREM c'est quoi ? C'est rien". Un constat également partagé par François Bayrou. "Un parti politique, c'est quatre choses. Un, c'est une doctrine, une philosophie, une vision du monde, une idéologie. (…) Deuxièmement, c'est une affectio societatis : 'Il est des nôtres', ça veut dire un goût pour être ensemble. Troisièmement, c'est un enracinement, un réseau. Dans chaque région, une présence, légitimée par les élections. Et, quatrièmement, c'est un leader. Si vous n'avez pas les quatre, vous tombez."