Macron en Alsace : tacles, critiques et huées en vidéos... Ce que lui ont dit les manifestants

Macron en Alsace : tacles, critiques et huées en vidéos... Ce que lui ont dit les manifestants En déplacement en Alsace, mercredi 19 avril, Emmanuel Macron s'est confronté à la colère des manifestants opposés à la réforme des retraites. Chahuté, le chef de l'Etat a répondu aux invectives non sans lancer des piques.

Son retour a été mouvementé. Après trois mois de discrétion pendant la crise sociale et politique autour de la réforme des retraites, Emmanuel Macron a décidé de revenir sur le terrain auprès des Français, le mercredi 19 avril. Et c'est en Alsace que le président de la République s'est rendu, une région plutôt favorable à la majorité présidentielle et un choix a priori judicieux pour lui éviter d'essuyer de trop vives critiques, mais les huées et invectives ont marqué, et même rythmé la visite. Pas de quoi dissuader Emmanuel Macron pour autant et le politique l'a assuré lui-même : "Je ne vais pas ne pas aller au contact parce que les gens ne sont pas contents."

Le président de la République a toutefois esquivé le rassemblement de plusieurs dizaines de manifestants qui l'attendait près d'une usine de Muttersholtz, son première arrêt. Ce n'est qu'à Sélestat, deuxième commune qu'il a honoré de sa présence, qu'Emmanuel Macron s'est mêlé à la foule et s'est confronté à la colère des Français pendant de longues minutes. Une façon de prouver sa volonté de renouer le contact avec les citoyens malgré le mouvement contestataire qui a fracturé le lien de confiance entre le peuple et l'exécutif. Mais force est de constater que le chef de l'Etat n'a pas passé un agréable moment : les huées et les chants appelant à la démission mais aussi les interpellations des manifestants à l'adresse d'Emmanuel Macron ont été nombreux et parfois virulents.

Le tacle d'Emmanuel Macron sur les manifestants aux casseroles

Si les manifestants opposés à la réforme des retraites n'ont pas manqué de faire entendre leur colère et leurs reproches à Emmanuel Macron, le chef de l'Etat ne s'est pas contenté d'encaisser les critiques. Retrouvant le ton provocateur qu'on lui a déjà connu, le président de la République s'est fendu d'une petite phrase à l'égard des opposants : "Ce ne sont pas les casseroles qui feront avancer le pays". Une référence évidente aux concerts de casserole grâce auxquels les manifestants expriment leur mécontentement depuis l'allocution d'Emmanuel Macron, le 17 avril. En Alsace, les ustensiles de cuisine étaient de nouveau de sortie dans les mains des contestataires devant l'usine de bois Mathis, à Muttersholtz.

Emmanuel Macron ouvert au dialogue, oui ou non ?

Impossible pour Emmanuel Macron de "rester sourd" à la colère qu'expriment les Français au sujet de la réforme des retraites. Il a lui-même reconnu dans son discours le 17 avril, mais ce n'est pas pour autant que le chef de l'Etat est prêt à discuter avec tout le monde. Preuve en est : son refus de défiler devant les manifestations lors de sa première halte en Alsace. Interrogé sur la question, Emmanuel Macron a assumé cette décision : "Je ne crois pas qu'ils cherchent à parler, ils cherchent à faire du bruit. Je suis prêt à entendre les oppositions, mais on ne peut convaincre que des gens qui vous écoute". Et d'ajouter non sans attiser la colère : "S'ils ne vous écoutent pas, il faut les laisser ne pas écouter un moment et puis, après, ils passent à autre chose".

Dans les dernières minutes de son déplacement, Emmanuel Macron a toutefois rouvert la porte à un dialogue avec toutes les oppositions même les plus réfractaires, mais jamais sans envisager de répondre aux revendications concernant le retrait de la réforme : "Les gens en colère, je les respecte. (…) J'ai envie qu'ils se réengagent sur le dialogue. On peut convaincre encore des gens sur les retraites."

Huées et critiques à l'égard de Marcon : "On n'en veut pas de ta retraite !"

Après une esquive qui n'a pas été du goût des militants et a remis en question la volonté de l'exécutif de renouer avec les citoyens, Emmanuel Macron s'est finalement prêté au bain de foule à Sélestat et à deux reprises : lors de son arrivée et avant de partir. Mais ce quart d'heure passé dans une marée humaine a été un succession presque ininterrompue d'interpellations, parfois d'invectives et de huées. Les slogans "Macron démission !" et le chant "On est là" n'ont cessé d'être entonné par les manifestants et de plus en plus fort, de même que les huées.

Certaines interventions de manifestants ont particulièrement attiré l'attention. Dès les premières minutes d'Emmanuel Macron face aux manifestants, un homme a lancé : "On n'en veut pas de ta retraite, qu'est ce que tu comprends pas là-dedans !" Un autre a tendu sa main au chef de l'Etat pour mieux le prendre à partie et le vilipender, le mettant même en garde des possibles conséquences du mouvement social : "Vous avez des ministres corrompus ! Vous allez bientôt tomber !".

D'autres réactions ont été plus polies mais pas moins critiques vis-à-vis de la réforme et d'Emmanuel Macron. Lequel a échangé un long moment avec une syndicaliste de l'Unsa qui ne cachant pas son opinion sur la politique "délétère" du chef de l'Etat lui a demandé "de retirer cette réforme qui est injuste et brutale et d'envoyer des signes d'apaisement". En réponse, le président de la République a déroulé les mêmes arguments que ses ministres sur la nécessité de la réforme sans convaincre la manifestante. "Je n'ai pas le sentiment d'avoir été entendue. J'ai eu le sentiment qu'il donnait des éléments de langage, les mêmes que l'on a pu entendre lors de différentes interviews de sa part", a-t-elle regretté au micro de BFMTV.