Après les "rencontres de Saint-Denis", pas d'annonces d'Emmanuel Macron

Après les "rencontres de Saint-Denis", pas d'annonces d'Emmanuel Macron Emmanuel Macron a reçu, mercredi 30 août à Saint-Denis, les chefs de partis de l'opposition dans le cadre de son "initiative politique d'ampleur". Une longue réunion qui n'a pas abouti à des réformes ou des mesures de poids.

Si l'initiative politique d'ampleur a rempli les attentes de la majorité, elle laisse perplexe, voire déçoit, les forces de l'opposition. Emmanuel Macron a rencontré les chefs de toutes les "forces politiques représentées au Parlement" le mercredi 30 août, en Seine-Saint-Denis, pour des tables rondes qui se sont éternisées : 12 heures de discussions qui n'ont abouti à aucune mesure concrète. Mais ce n'était pas l'objectif des "rencontre de Saint-Denis", nom donné à la réunion politique, a assuré Olivier Véran. Invité de France Info, ce jeudi, le porte-parole du gouvernement a précisé qu'il s'agissait "de consultations", et non de "programmation de réformes à venir". Pourtant les échanges entre le chef de l'Etat et les chefs des partis politiques devaient ouvrir la "voie" à des textes législatifs et "le cas échéant" à des référendums, d'après la description faite par la présidence de "l'initiative politique d'ampleur".

Les discussions ont été rythmées par trois grands axes : "la situation internationale", les institutions chargée de l'"action publique" et "la cohésion de la Nation". Un dernier thème qui a permis d'aborder les questions liées à l'école, au pouvoir d'achat, à l'intégration ou encore aux inégalités.

Des annonces d'Emmanuel Macron à venir ? 

Aucune prise de parole du président de la République n'était annoncée, ni même prévue, à l'issue de sa réunion avec les forces d'opposition. La rencontre était surtout un moment d'écoute et d'échange, mais "il va y avoir un retour" a tout de même déclaré le porte-parole du gouvernement sans préciser la forme, ni même le date de ce compte rendu. Ce retour pourrait correspondre au séminaire gouvernementale prévu le 6 septembre et évoqué à l'issue du Conseil des ministre par Olivier Véran. Le séminaire doit assurer le suivi de l'initiative politique, des propositions faites par les oppositions et "pour aborder les enjeux sur le fond mais aussi d'un point de vue de la méthode". "Le président de la République fera parvenir dans les prochains jours une lettre synthétisant les échanges et les pistes de travail proposées que chacun pourra amender pour poursuivre les échanges sur cette base", a également indiqué une source proche du chef de l'Etat à BFMTV. Mais rien qui ne soit adressé aux citoyens français.

S'il ne faut donc pas s'attendre à des annonces d'Emmanuel Macron, ce dernier a déjà souhaité la reconduction de cette réunion politique "sous le même format, dans les mêmes conditions" selon les déclarations de son entourage à l'AFP. Encore faut-il que les onze chefs des partis politiques conviés acceptent de réitérer l'expérience après le bilan mitigé de ce première essai.

Quelles réactions de l'opposition après la réunion avec Macron ?

La réunion entre Emmanuel Macron et les oppositions s'est tenue dans la plus grande discrétion. Ni les conseillers des politiques, ni les téléphones portables n'avaient été autorisés à entrer dans la salle de réunion. Quant à la presse, elle n'a pas pu aller plus loin que devant le perron de la maison d'éducation de la Légion d'honneur de Saint-Denis. Il a fallu attendre la sortie des participants pour avoir des retours sur les longues heures d'échanges, et aucun n'a semblé convaincu par l'intérêt de la réunion.

Si Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a souligné des échanges "faits de manière très civilisée et en même temps très franche", les autres forces de la gauche ont surtout pointé l'immobilité des débats et les refus catégoriques, selon eux, de la majorité à l'égard de leurs propositions. "Le référendum sur la retraite à 64 ans, c'est non. Le blocage des prix, c'est non. L'indexation des salaires sur l'inflation, c'est non. L'allocation pour les jeunes, c'est non", a regretté le coordinateur de LFI, Manuel Bompard dénonçant "un président hors sol sans réponse face aux priorités de la rentrée". Même retour pour le patron du PCF Fabien Roussel qui conclut sur les "points de désaccord" sur plusieurs sujets : "Je ne vois pas comment nous les dépasserons, laissons la démocratie et les Français s'exprimer". Quant à la chef de file d'EELV, Marine Tondelier, elle résume "on est venus, On a vu, On a été déçus. Le vivant s'effondre. Et ces 12h de discussion m'ont paru en décalage total avec l'urgence environnementale et sociale".

A droite, c'est le scepticisme qui règne de l'aveu du patron des LR Eric Ciotti. "Il n'y a pas eu d'annonces particulières. [...] On verra sur quoi [la réunion] débouche. J'espère que cela ne sera pas qu'une opération de communication", a soufflé le député des Alpes-Maritimes à l'issue de la réunion envisageant deux cas de figure : "Au pire il ne se passera rien, au mieux quelques propositions vont prospérer, celles que nous avons faites, celles que j'ai portées notamment sur un recours au référendum de façon beaucoup plus fréquente". Le RN attend aussi de voir les effets de cette réunion. "Il n'y a pas de conclusion pour l'instant. [...] Je lui ai dit ce que j'avais sur le cœur, il faudra voir quelles suites le président souhaite donner, j'espère lui faire prendre conscience que le pays ne peut plus continuer dans cette direction", a déclaré Jordan Bardella.

A l'opposé de ces réactions, le gouvernement s'est réjoui de l'initiative politique d'ampleur. "Des gens qui ne se parlent pas, qui ne s'entendent pas, qui ne se comprennent pas, qui ne pensent pas la même chose, ont décidé de se parler à huis clos, ont décidé d'échanger, ont décidé de partager désaccords et désaccords, et ce, jusqu'au milieu de la nuit", a souligné le porte-parole de l'exécutif au micro de Franceinfo au lendemain des "rencontres de Saint-Denis".

Des référendums et des mesures concrètes décidées lors de la réunion ?

Emmanuel Macron a validé une proposition venant de la gauche : la création d'une "conférence sociale" sur les salaires, concernant notamment "les carrières et les branches situées sous le salaire minimum", l'information a été confirmée à l'AFP par l'entourage du chef de l'Etat. C'est la seule piste de travail concrète, issu des discussions, à ce stade.

En plus des propositions, ce sont des demandes de référendums que les chefs des partis d'opposition ont défendu durant la la rencontre. La droite et l'extrême droite, représentées respectivement par Eric Ciotti et Jordan Bardella, avaient en ligne de mire la politique migratoire, et souhaitaient que cette dernière soit soumise à référendum. Et à gauche, la Nupes réclamait un référendum sur la réforme des retraites, seulement quelques mois après son adoption et alors que le projet de loi doit prendre effet le vendredi 1er septembre 2023.

Aucun de ces référendums n'a été retenu à l'issue de la réunion. Tous les participants "ont convenu dans un premier temps d'engager un travail sur le champ du référendum avant tout d'abord", a indiqué l'entourage d'Emmanuel Macron à BFMTV.