Emmanuel Macron déjà en campagne pour les européennes

Emmanuel Macron déjà en campagne pour les européennes A cinq mois de ce premier rendez-vous électoral depuis sa réélection, le chef de l'Etat exalte déjà sa fibre européenne et désigne son principal adversaire.

Un drapeau français noyé au milieu des autres : le décor choisi pour l'arrière plan de l'allocution présidentielle de fin d'année n'a pas manqué de faire réagir. Déjà, Emmanuel Macron affirmait les enjeux extranationaux d'une nouvelle année marquée par les Jeux olympiques, mais avant tout, par les élections européennes. Le scrutin, qui aura lieu le 9 juin en France, sera le premier rendez-vous électoral depuis les législatives 2022. Et ça ne sent pas bon pour le camp présidentiel, à en croire les derniers sondages qui donnent le Rassemblement national en tête. Alors pour le chef de l'Etat, la campagne a déjà commencé.

La stratégie d'Emmanuel Macron est claire : incarner le camp de l'européanisme et de l'europhilie. Et dresser face à lui le portrait d'un adversaire résolument anti-Europe et porteur d'un projet destructeur de l'Union telle qu'elle existe. Le président n'a pas attendu pour lancer les hostilités. Dans ses vœux du 31 décembre, il annonçait la couleur, en décrivant une année 2024 "de choix décisif" :  "Nous aurons à faire le choix d'une Europe plus forte, plus souveraine, à la lumière de l'héritage de Jacques Delors", déclarait-il.

Et d'opposer le camp de ceux qui veulent "arrêter la Russie et soutenir les Ukrainiens" à ceux qui veulent "céder aux puissances européennes en Ukraine". Une attaque claire en direction du RN, qui continue de s'opposer aux sanctions européennes décidées contre Moscou depuis le début du conflit. Et, dans une moindre mesure, en direction de la gauche mélenchoniste et de ses ambiguïtés sur la Russie avant l'invasion en Ukraine. Le président donnait le choix entre "continuer l'Europe ou la bloquer", "affirmer la force des démocraties libérales ou céder aux mensonges qui sèment le chaos." Face à lui, donc, "le chaos" des oppositions, d'extrême droite comme de gauche. 

En cas de défaite, la fin du macronisme ?

Emmanuel Macron aura dès vendredi 7 janvier une occasion en or de réaffirmer sa fibre européenne : le chef de l'Etat a décidé de rendre un hommage national à Jacques Delors, cet "inépuisable artisan de notre Europe" décédé le 27 décembre. En présidant cette cérémonie aux Invalides, Macron se donne l'opportunité de célébrer sa vision de la construction européenne, un acte de campagne à peine masqué. La campagne se poursuivra, selon les informations du Figaro, avec un "discours de la Sorbonne bis" prévu en février ou mars par le chef de l'Etat, nouvelle occasion de définir ses objectifs pour l'UE.

Car qu'adviendrait-il de la Macronie si ces élections étaient un échec ? Déjà privé de majorité à l'Assemblée nationale, le camp présidentiel cherche toujours un successeur à son leader pour 2027. Pour un conseiller d'Emmanuel Macron, cité par Les Echos, ces élections "sont essentielles car elles détermineront la couleur de la fin du quinquennat. Si on s'en tire bien, le bloc central sera pérennisé, mais si c'est un échec, ce sera la dislocation de ce bloc".