Les macronistes ont désigné leur ennemi politique "numéro 1"

Les macronistes ont désigné leur ennemi politique "numéro 1" Un nouvel homme fait trembler le camp présidentiel pour les élections européennes, et ce n'est pas celui auquel vous pensez.

Il est populaire, sympathique, bien placé dans les sondages, et surtout, il empiète sur la ligne pro-Europe d'Emmanuel Macron. Pour les élections européennes, un nouvel homme inquiète le camp présidentiel : l'eurodéputé Raphaël Glucksmann. L'essayiste, élu au Parlement européen en 2019 à la tête d'une liste d'alliance entre son parti, Place publique, et le Parti socialiste, a d'ors et déjà annoncé sa candidature au scrutin de juin 2024. Les négociations sont toujours en cours avec les socialistes mais ces derniers auraient tort de lui tourner le dos, si l'on en croit les sondages.

Glucksmann "doit faire partie de notre inquiétude n°1", estime un stratège de Renaissance auprès de Politico. L'eurodéputé "sera le Jadot de 2024", prévoit même un ministre, qui se rappelle les inattendus 13,4 % de l'écologiste en 2019. Pour ce ministre, Raphaël Glucksmann incarne "la gauche raisonnable pro-européenne". C'est ce qui menace le camp présidentiel, qui a tôt fait de renvoyer tous ses adversaires dans un même bloc anti-Europe. Pour vaincre Glucksmann, il faudra trouver d'autres arguments.

Il séduit la frange gauche de l'électorat de Macron

D'autant que le député européen a pris des distances claires avec la gauche mélenchoniste ces derniers mois. Lui qui défendait en 2019 une liste d'union des gauches a refusé la main tendu de LFI cette année, pointant en septembre sur France Inter "des divergences de fond sur l'Europe de la défense, sur le soutien absolu qu'on doit apporter à la résistance ukrainienne, sur la politique qu'on doit mener à l'égard de la Chine."

De quoi séduire la frange gauche de l'électorat macroniste, à qui le vote de la loi immigration en décembre a laissé un goût amer. D'ailleurs, Raphaël Gluckmann n'avait pas manqué de "remercier" les députés de la majorité qui s'étaient abstenus lors du vote. Un geste aux airs de main tendue.

Un "vote plaisir" ?

A gauche, l'eurodéputé pourrait aussi bénéficier d'une prime au mieux placé dans les sondages : les baromètres de décembre créditent sa liste de 9 à 10% des intentions de vote, devant les écologistes et les insoumis, au coude à coude avec Les Républicains. Ajoutons que les élections européennes sont souvent favorables aux outsiders : un cadre de Renaissance dit craindre un "vote plaisir" pour "des mecs sérieux et sympas, comme Raphaël Glucksmann à gauche et François-Xavier Bellamy à droite". Un vote qui siphonnerait le réservoir électoral macroniste. 

Ainsi, la stratégie macronienne qui consiste à réduire une élection à un match entre le centre et l'extrême droite pourrait trouver ses limites le 9 juin. Pour ce scrutin européen à la proportionnelle en un seul tour, des électeurs habitués à voter utile à la présidentielle pour éliminer le RN seront tentés, cette fois-ci, de suivre leur cœur.

Glucksmann, star des réseaux sociaux, pourra notamment compter sur un électorat jeune, apprivoisé sur Instagram au cours de ses grandes campagnes humanitaires comme celle pour la reconnaissance du génocide ouïghour en Chine. "Je vais y aller et porter une liste qui va faire la surprise de cette élection", déclarait-il le 15 décembre à Sud Radio. Il y croit, et manifestement, la Macronie aussi.