La réforme de l'AME enterrée avec le départ d'Elisabeth Borne ?

La réforme de l'AME enterrée avec le départ d'Elisabeth Borne ? L'ancienne Première ministre avait promis aux sénateurs LR un projet de réforme de l'AME dès le début de l'année 2024. Que va devenir cet engagement ?

Les sénateurs avaient arraché à Elisabeth Borne cette promesse, clé de voûte d'un accord sur le projet de loi immigration. Le 18 décembre, à la veille du vote ultime du Parlement sur ce texte très controversé, l'ancienne Première ministre s'était engagée, dans un courrier adressé au président LR du Sénat Gérard Larcher, à initier une réforme de l'Aide médicale d'état (AME), dispositif d'accès aux soins à destination des étrangers en situation irrégulière sur le sol français. A présent que Borne a quitté le gouvernement, quid de cette réforme ?

"J'ai demandé aux ministres concernés de préparer les évolutions réglementaires ou législatives qui permettront d'engager une réforme de l'AME", écrivait Elisabeth Borne à Gérard Larcher. "Comme vous l'avez souhaité, les parlementaires seront pleinement associés à ces travaux", ajoutait-elle, précisant que "les évolutions nécessaires" devraient "être engagées en début d'année 2024". Un engagement pris sur l'insistance du patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, qui réclamait une promesse écrite avant tout accord sur le texte de loi immigration au Parlement.

Gabriel Attal va-t-il engager la réforme de l'AME ?

Elisabeth Borne se doutait-elle, en prenant cet engagement, qu'elle ne serait plus à Matignon pour y donner suite ? La tempête qui a suivi la loi immigration a achevé de convaincre Emmanuel Macron de remercier sa Première ministre, qui a quitté ses fonctions mardi 9 janvier. Son successeur, Gabriel Attal, n'a pas encore indiqué ses intentions concernant une réforme de l'AME. Cependant, l'ancien ministre de l'Education national n'a jamais fait partie des membres du gouvernement qui critiquaient la loi immigration. Lors de la passation de pouvoir, il a dit son intention de travailler à "maîtris[er] mieux notre immigration", s'inscrivant par là dans la droite lignée de la politique menée par Borne.

Il n'y a donc pas de raison de penser que Gabriel Attal reviendra sur la promesse de l'ancienne cheffe du gouvernement. Les Républicains auraient tôt fait de lui rappeler l'engagement pris par sa prédécesseure. Celle-ci avait indiqué que la réforme se ferait sur la base des recommandations assemblées par l'ancien ministre PS Claude Evin et l'ex préfet LR Patrick Stefanini, dans un rapport rendu début décembre.

Reste à savoir si le nouveau Premier ministre fera une priorité de cette réforme de l'AME, à présent qu'aucun texte de loi d'envergure ne nécessite dans l'immédiat le soutien des parlementaires LR.