Ruffin et Glucksmann s'écrivent et s'apostrophent : la gauche réconciliable ?

Ruffin et Glucksmann s'écrivent et s'apostrophent : la gauche réconciliable ? Le député LFI a interpellé son collègue du Parlement européen dans une note de blog, à laquelle Glucksmann n'a pas tardé à répondre. Tous deux pointent leurs divergences tout en insistant sur le maintien du dialogue.

Des piques cordiales, des divergences de fond et de forme, leur inquiétude sur l'avenir de la gauche... Ces derniers jours, François Ruffin et Raphaël Glucksmann ont pris la plume pour échanger publiquement sur leurs canaux respectifs. Le 19 janvier, Le député LFI de la Somme apostrophait Glucksmann sur son blog, "sans agressivité, mais avec sincérité". Mercredi 24 janvier, la future tête de liste du Parti socialiste aux européennes se fendait d'une réponse sur son site internet.

"Vos propos, ces derniers temps, me paraissent pour de bon hors-sol, déconnectés, sans ancrage", déplorait François Ruffin dans son texte, lui qui disait avoir pourtant apprécié la "lucidité" et la "critique de classe" dont faisait preuve l'essayiste lors de sa première campagne européenne en 2019. Mais désormais, Ruffin voit dans l'attitude de Glucksmann "une élite qui avance, avec arrogance et inconscience".

"Un dialogue franc et ouvert"

Ruffin s'inquiète de voir "une partition" de la gauche "où chacun joue son solo, se tourne le dos : une gauche radicale qui fait tout pour effrayer, et un centre-gauche tout pour désespérer". Il ne veut pas "un retour des 'deux gauches irréconciliables'", qui constituerait, selon lui, "la certitude de la défaite, la voie ouverte au pire".

Dans sa réponse, Raphaël Glucksmann balaie les "caricatures" de classe faites par Ruffin, rappelant au passage que l'insoumis a fréquenté "la même école privée catholique et bourgeoise qu'Emmanuel Macron à Amiens". Après avoir salué "l'opportunité d'un dialogue franc et ouvert, sans invective ni poussière sous le tapis", l'eurodéputé contrattaque, accusant à son tour Ruffin d'être "hors sol", au sujet de la guerre en Ukraine, en faisant "comme si la guerre en Europe n'existait pas ou comptait si peu."

Raphaël Glucksmann conclut en espérant pouvoir poursuivre cet échange épistolaire, soulignant la nécessité d'une "discussion publique, franche et approfondie" dans la "quête démocratique qui nous rassemble parfois et nous sépare aussi".