Pourquoi la PAC cristallise la colère des agriculteurs

Pourquoi la PAC cristallise la colère des agriculteurs La Politique agricole commune européenne est votée tous les quatre ans depuis 1962. Aujourd'hui, son fonctionnement est remis en cause par le monde agricole.

Quatre cents milliards d'euros : c'est le budget voté pour la dernière Politique agricole commune (PAC) au sein de l'Union européenne en 2023, pour quatre ans. La France, premier bénéficiaire des aides prévues par le programme, s'est vu allouer neuf milliards d'euros pour ses agriculteurs. Pourtant, l'acronyme crispe les exploitants mobilisés dans toute la France et dans les pays voisins. Des drapeaux européens incendiés, des slogans assassins... que reproche-t-on à la PAC ?

La Politique agricole commune est née du Traité de Rome en 1957, et entrée en vigueur en 1962. Le but était alors de relancer l'agriculture européenne après la guerre, en garantissant des prix rémunérateurs pour les agriculteurs tout en taxant fortement les importations hors Europe. Mais la politique européenne a connu un virage à partir de 1992 : les prix agricoles baissant, la PAC est devenue avant tout un dispositif d'aide financière aux exploitants, en contrepartie du respect de normes environnementales toujours plus nombreuses. En parallèle, des accords de libre-échange ont été signés avec des pays hors UE.

"Des prix, pas des aides"

Ce changement de politique est resté en travers de la gorge des agriculteurs, qui dépendent de plus en plus des aides européennes pour vivre et préfèreraient que leur travail soit plus rémunérateur. "Des prix, pas des aides", peut-on ainsi lire sur des pancartes depuis quelques jours. Ce sont aussi les contreparties imposées par la PAC, sous la forme de normes environnementales, qui cristallisent le ras-le-bol.

La PAC 2023 a encore ajouté des contraintes pour les exploitations agricoles. Une norme en particulier les met en difficulté : l'obligation de conserver en permanence 4% de leur sol en jachère, c'est-à-dire sans culture, pour en assurer le renouvellement. La PAC impose aussi aux agriculteurs de respecter une certaine diversité de culture sur leurs terres, ou encore de couvrir leurs sols en hiver. Autant de règlementations coûteuses et incontournables pour toucher les aides désormais indispensables à la survie de nombreux exploitants.