Attal, c'est "Fillon Premier ministre" : LR condamné à une opposition de façade ?

Attal, c'est "Fillon Premier ministre" : LR condamné à une opposition de façade ? Le discours de politique générale de Gabriel Attal a confirmé le virage à droite pris par le gouvernement. Les Républicains, concurrencés sur leurs sujets de prédilection, montent au créneau et dénoncent une position opportuniste.

Le gouvernement poursuit son virage à droite et le Premier ministre marche sur les plates-bandes des Républicains. C'est l'impression laissée à la classe politique, notamment aux cadres du parti de la droite après le discours de politique générale de Gabriel Attal. "Sa feuille de route reprend plusieurs thématiques propres à la droite" a constaté une élue auprès de franceinfo quand un autre député s'agaçait : "Il a coché toutes les cases : travail, mérite, autorité, identité, les classes moyennes, l'Europe... Il ne reste plus grand-chose à LR". Un autre Républicain est allé jusqu'à lâcher auprès de Politico : "On dirait un discours de Fillon Premier ministre".

Une majorité accusée de "ratisser" à droite

Après s'être emparé des sujets chers à la droite en fin d'année dernière avec le projet de loi immigration, le gouvernement continue d'avancer sur une ligne plus droitière. Et la nomination de Gabriel Attal, issu de la gauche, à Matignon ne semble pas mettre un terme à cette trajectoire. Au contraire, les expressions utilisées et les thèmes mis en avance ont bien montré des accointances avec la droite : retour de l'autorité, défense des classes moyennes, valorisation du travail jusque dans le versement des aides sociales... "C'est Sarko qui lui a écrit son discours, ce n'est pas possible !" s'est même emporté un député LR dans les colonnes du Parisien.

Le Premier ministre a bien fait quelques références à la gauche pour assurer la poursuite du "en même temps", mais le jeu d'acteur n'a dupé personne. "Le verbe est de droite, la posture est de droite, les idées en grande partie viennent de droite. Le Premier ministre ratisse à droite", a constaté le député Eric Pauget sur X, anciennement Twitter.

Et au sein de la majorité certains se réjouissent de ce tournant assumé, notamment les transfuges des Républicains. "Quand on est député LR, on peut enfin comprendre qu'il est possible de travailler avec la majorité sans se renier", a estimé Robin Reda, député Renaissance issu de la droite, auprès de franceinfo. D'autres sont mêmes plus catégoriques et vont presque jusqu'à placer la majorité à la droite de l'échiquier politique comme l'élu et ancien ministre Damien Abad : "Si certains doutaient encore du cap clairement à droite du Premier ministre, il suffit d'écouter sa déclaration !"

Eric Ciotti lutte, mais peine à garder la main

Si quelques députés se sont laissés séduire par le discours de Gabriel Attal et veulent remettre sur la table l'idée d'un "accord de gouvernement", pour d'autres c'est tout simplement hors de question. Selon eux, la prise de parole devant le Parlement était davantage un "discours de campagne pour les élections européennes, avec la volonté de défoncer le RN et de charmer la droite". Eric Ciotti est le premier à s'élever contre le gouvernement. S'il n'a pas pu huer le Premier ministre qui défendait des idées de droite, il ne l'a pas applaudi non plus dans l'hémicycle. Plus tard, sur X, le président des Républicains a dénoncé un "manque de vision" dans ce discours qui s'est résumé à une "addition de petites mesures", loin des "réformes profondes et d'ambitions" qu'il juge nécessaires. "Il ne suffit pas de parler avec les mots associés à la droite pour agir comme la droite" a encore ajouté l'élu des Alpes-Maritimes.

Eric Ciotti tient donc ses positions et continue de lutter pour que son parti reste la référence de la droite ainsi qu'une force d'opposition identifiée. LR qui s'était targué d'avoir imposé sa vision sur le projet de loi immigration en travaillant avec le gouvernement a déchanté le 25 janvier en voyant tous ses ajouts censurés par le Conseil constitutionnel et la majorité célébrer la nouvelle. Certains élus ont même crié à la "trahison". Mais face à la pression d'une majorité qui penche à droite et au Rassemblement national qui gagne du terrain, le parti LR a du mal à tenir sa barque. "Ciotti ne sait pas comment reprendre la main", a glissé un stratège des Républicains à Politico. La partie s'annonce donc difficile pour la droite.