Les Républicains (LR) : quelle position face à Macron ?
LR. Avec un groupe parlementaire solide envoyé à l'Assemblée, les Républicains jouent déjà un rôle de choix dans l'opposition morcelée. Vont-ils accepter les alliances proposées par le gouvernement?
[Mis à jour le 24 juin 2022 à 13h55] La droite a sauvé les meubles en formant un groupe parlementaire à l'Assemblée. Mieux encore, les Républicains détiennent un rôle-clé à l'issue de ces législatives qui ont privé le camp présidentiel sa majorité absolue. L'opposition, pléthorique, se montre pour le moment réticente à former des alliances avec Emmanuel Macron, préférant s'imposer comme un contre-pouvoir solide. La droite dite "républicaine" est le seul espoir pour la macronie si elle souhaite gouverner sans blocages. Invitée sur LCI le 23 juin, la Première ministre expliquait vouloir "bâtir des majorités", insistant sur l'importance de travailler "naturellement avec les Républicains qui ont un groupe important". Le gouvernement s'attèle donc à convaincre ce nouveau groupe de 61 députés de le rejoindre pour refonder une majorité stable... Sans grand succès.
Alors que le président des Républicains Christian Jacob ressortait sceptique de son entrevue élyséenne avec le président, réaffirmant la volonté de son groupe de "faire figure d'opposition", et une opposition "constructive" qu'on "n'achète pas", son successeur, le député de l'Eure-et-Loir Olivier Marleix qui entrera en fonction début juillet est perçu comme le tenant d'une ligne d'opposition ferme vis-à-vis d'Emmanuel Macron. Si, dans les rangs du parti, certains appellent au rapprochement avec la majorité, voire à un pacte de gouvernement, à l'instar de Jean-François Copé, accusé par certains militants d'être trop complaisant à l'égard de LREM, ou du nouveau député des Hauts-de-Seine Philippe Juvin qui plaide pour une "cohabitation dure" (des propos rapportés par Le Monde), la plupart des ténors de la droite entendent conserver leur indépendance. De Laurent Wauquiez à Xavier Bertrand, on s'inquiète des conséquences d'un rapprochement qui affaiblirait le parti déjà grandement fragilisé par cinq ans de déclin. Au vu de la paralysie institutionnelle qui guette le pays, Emmanuel Macron peut-il convaincre les LR à s'allier à la majorité ?
Des alliances entre LR et Ensemble pour gouverner ?
Il aura manqué 44 sièges à Ensemble! pour retrouver sa confortable majorité absolue, largement décrochée en 2017. Le camp présidentiel se retrouve d'ores et déjà contraint de former des alliances pour éviter des blocages politiques trop récurrents de la part des partis d'opposition. La formation d'Emmanuel Macron se tourne aujourd'hui vers la droite dans le but d'empêcher la gauche ou l'extrême-droite d'entraver les réformes de l'Etat.
Mais pour l'heure, la réponse est non, et ce presque unanimement, à en croire les multiples déclarations des ténors du parti. Le 15 juin déjà, Rachida Dati se montrait ferme au micro de Franceinfo : "On n'ira pas au gouvernement", affirmait-elle, estimant que le parti jouerait un rôle-clé dans l'hémicycle : "il est absolument nécessaire que nous ayons un groupe politique responsable à l'Assemblée. Nous serons un bloc décisif, un vrai contrepoids de responsabilité". Depuis, la droite se montre déterminée à rester indépendante. Tandis que Christian Jacob répète qu'il n'est question "ni de pacte, ni de coalition, ni d'un accord de quelque nature que ce soit", le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, estime qu'une alliance gouvernementale reviendrait à "sauter dans le Titanic avant son naufrage", rapportait Le Monde. Aux yeux du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez aussi, la droite a un avenir et une responsabilité dans la vie politique française : "Le pays va être très fracturé, il va découvrir l'extrême gauche, les Français vont chercher des espoirs", expliquait-il, persuadé que LR va devenir "un repère pour les Français qui sont très inquiets". Enfin, l'élection du très droitier Olivier Morlaix à la tête du parti est considérée par les politologues comme un signal fort envoyé à l'exécutif.
Pour autant, les Républicains n'auront sans doute pas d'autre choix que de s'allier s'ils veulent peser dans la balance décisionnelle des parlementaires. Seuls au milieu d'une Assemblée morcelée, avec les deux groupes d'opposition principaux qui les écrasent numériquement (avec respectivement 89 sièges pour l'extrême-droite et 142 pour la coalition de gauche), ils auront des difficultés à imposer leurs orientations politiques et leurs propositions de loi.
Quel résultat pour LR aux élections législatives ?
Avec 64 députés envoyés à l'Assemblée, le groupe LR-UDI est arrivé en 4e position, derrière le RN et ses 89 députés, et loin de la Nupes (142 députés) et d'Ensemble (245 députés), perdant ainsi son statut de premier parti d'opposition. Affaibli par le score de Valérie Pécresse à la présidentielle (4,7% des voix recueillies au premier tour), le parti est bien loin des 136 sièges décrochés en 2017. Pour autant, la forte percée de l'alliance des partis de gauche pourrait, malgré elle, favoriser Les Républicains. Emmanuel Macron n'ayant obtenu qu'une majorité relative au palais Bourbon, il cherche actuellement à négocier un accord afin de pouvoir faire passer ses textes de loi au Parlement. Il n'aura d'autre choix que de composer avec les quelques députés divers-gauche qui auront été élus en marge de la Nupes, ou les députés de droite. La seconde option est la plus plausible, ce nouveau gouvernement étant orienté plus à droite, et LREM ayant moins de points de divergence avec les LR qu'avec la Nupes. Tous les regards se tournent donc du côté des Républicains...
Être en mesure de compter dans la politique menée à l'échelle nationale, les dirigeants de LR n'auraient pas pu rêver mieux ! En effet, si l'ancrage local de la droite républicaine reste d'actualité, les dernières élections (8% aux élections européennes, moins de 5% à la présidentielle) sur le plan national n'annonçaient rien de bon pour l'avenir du parti gaulliste. Si l'on est bien loin des 199 duels auxquels LR a participé en 2017, le score du premier tour le 12 juin représentait d'ailleurs "un soulagement" pour la formation, comme l'expliquait au Monde le chef de file des eurodéputés LR, François-Xavier Bellamy, se félicitant de ce que certains candidats aient "multiplié le résultat de leur candidate à la présidentielle par dix". Cette période post-élections augure du rôle crucial que jouera le parti droitier dans la vie politique des cinq années à venir.