A l'Assemblée, Attal montre des photos de chien sur son téléphone : polémique en vue pour le gouvernement ?

A l'Assemblée, Attal montre des photos de chien sur son téléphone : polémique en vue pour le gouvernement ? Gabriel Attal a été pris en flagrant délit d'inattention à l'Assemblée nationale, le 5 février, pendant que la gauche défendait sa motion de censure contre lui. Une photo de chien sera-t-elle le point de départ d'une polémique ?

Un Premier ministre distrait et même inattentif au discours des parlementaires à l'Assemblée nationale. C'est ce que montre un cliché de Gabriel Attal pris sur les bancs de l'hémicycle le lundi 5 février, alors que les forces de gauche étaient en train de défendre leur motion de censure. Le chef du gouvernement n'était visiblement pas inquiet de son avenir, les yeux rivés sur son téléphone et riant avec les ministres autour de lui. L'objet de l'amusement ? Une photo de chien, adorable.

Photo ou montage ?

La scène d'un Premier ministre menacé d'une motion de censure, même si celle-ci avait peu de chance d'être votée, s'attendrissant devant l'image d'un chien parait surréaliste. Est-ce un montage ? Non, assure Amaury Corne, le photographe à l'origine de la photo et travaillant pour l'agence Hans Lucas, contacté par Libération. L'auteur du cliché a partagé plusieurs images de la séquence au journal ainsi que les métadonnées des photos qui confirment qu'elles ont été prises le lundi 5 février à "10h37 et 35 seconde selon le boitier du photographe".

Les photos d'Amaury Corne couplées à celles de l'Assemblée nationale confirment que c'est bien Gabriel Attal qui tient le téléphone dans sa main droite et montre son écran aux trois ministres près de lui : Prisca Thévenot et Rachida Dati derrière lui, Marie Lebec à sa gauche. Quant au contenu de l'écran du téléphone, seuls les clichés du photographe de l'agence Hans Lucas permettent de le voir. Lequel assure qu'il n'y a aucun montage et que c'est bien l'image d'un chien, de race chow-chow a priori, que le Premier ministre partageait à ses collègues.

Un Premier ministre "toujours à l'écoute" ?

Si l'objet de la déconcentration de Gabriel Attal à de quoi faire sourire, il ajoute surtout à la colère de l'opposition, notamment celle de gauche qui était à la tribune au moment des faits. A l'heure à laquelle le cliché a été pris, c'est le député socialiste Boris Vallaud qui s'exprimait avant le vote de la motion de censure déposée par les quatre forces de gauche. L'élu des Landes évoquait le mal-être au travail et le sort des travailleurs. Agacé par l'inattention des membres du gouvernement, il l'avait fait remarquer à toute l'assemblée : "Je vois que vous riez à cet instant, des vies qui abîment les corps, les âmes, font des malades et des morts, monsieur le Premier ministre. Mais tout cela, dans l'indifférence de votre absence d'écoute d'une opposition à laquelle vous avez prétendu tendre la main."

Le socialiste soulève là une erreur de la part du Premier ministre ou du moins le manquement à la promesse qu'il avait formulée seulement quelques minutes avant que la gauche ne prenne la parole : celle d'être "toujours à l'écoute". C'est loupé. Gabriel Attal s'est toutefois repris après cette sortie du député puisque sur les photos d'Amaury Corne prises les minutes suivantes et consultées par Libération, tous les téléphones des membres du gouvernement sont rangés.

Les photos risquent toutefois de faire réagir et l'image d'un Premier ministre qui se désintéresse des débats à l'Assemblée risque de coller un temps à Gabriel Attal. Le même jour à la chambre basse, Manuel Bompard avait repris les mots du chef du gouvernement, les modifiants quelques peu, pour mettre Gabriel Attal face à ses propres injonctions. L'expression du Premier ministre "tu défies l'autorité, on t'append à la respecter" était alors devenue : "Tu défies le Parlement, le Parlement t'apprend à le respecter". Voilà qui est dit.