Découverte d'un réseau de propagande pro-russe, quelle menace contre la France ?

Découverte d'un réseau de propagande pro-russe, quelle menace contre la France ? L'agence française VIGINUM met en avant l'existence d'un réseau de désinformation et de propagande pro-russe, "Portal Kombat", pour tenter d'influencer les soutiens de Kiev. La France est notamment concernée.

Alors que les combats entre la Russie et l'Ukraine se poursuivent, l'organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, VIGINUM, met en lumière l'existence de près de 200 portails d'information servant la propagande pro-russe. Ce réseau surnommé "Portal Kombat" n'est pas sans conséquences sur la France, "dénigrant les autorités de Kiev, afin d'influencer les opinions publiques notamment françaises" précise le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN).

Une campagne de désinformation pro-russe bien structurée

Après quatre mois de travail, VIGINUM a rendu son rapport. L'organisme met en avant un réseau "structuré et coordonné de propagande pro-russe" d'au moins 193 portails d'information. Il indique notamment que les "sites de ce réseau ne produisent aucun contenu original mais relaient massivement des publications issues en majorité de trois types de sources : des comptes de réseaux sociaux d'acteurs russes ou pro-russes, des agences de presse russes et des sites officiels d'institutions ou d'acteurs locaux".

"L'objectif principal semble être de couvrir le conflit russo-ukrainien en présentant positivement "l'opération militaire spéciale" et en dénigrant l'Ukraine et ses dirigeants. Très orientés idéologiquement, ces contenus exposent des narratifs manifestement inexacts ou trompeurs qui, concernant le portail ciblant la France, pravda-fr[.]com, participent directement à polariser le débat public numérique francophone" peut-on lire sur le site du SGDSN.

Une menace réelle pour la France, proche de la mouvance complotiste

Dans le détail, une fausse liste de 13 "mercenaires" français qui "étaient à Kharkiv" au moment d'une frappe russe sur la ville a notamment été publiée. Des propos sortis de leur contexte, voire appartenant à des personnalités politiques françaises sont même utilisés. Comme cette phrase de Florian Philippot : "Ça suffit ! La France appelle à des mesures radicales contre Zelensky !". Une sortie médiatique qui n'engage en auras cas l'Etat français. Alors, cela peut-il constituer une menace pour l'Etat français ? Oui, d'abord car ces publications sont massives et automatisées. 152 000 articles ont été publiées en moins de trois mois par le système Pravda. Les sites concernés traitent aussi de thématiques "proches des sphères des complotantes francophones". Une manière de décrédibiliser la parole politique tricolore, tout comme celle des médias. 

Une tentative de fragilisation de l'Occident aux effets modérés

Dans un entretien accordé au Figaro, VIGINUM assure que "les conséquences en France" de cette organisation de désinformation pro-russe "sont restées modérées". Les audiences parlent d'elles-mêmes, seulement 10 700 visites pour pravda-fr en novembre 2023. En Allemagne, le site totalise 34 400 visites sur la même période, et 55 000 en Espagne.

Même si la France semble plus épargnée que ses voisins, le "réseau constitue une ingérence numérique étrangère" indique le rapport technique. De quoi inciter à la plus grande prudence. Si aucun acteur ou commanditaire n'est à ce jour désigné comme étant à l'origine de ces publications, le communiqué du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères évoque clairement un "réseau russe". Avec ces dernières révélations, l'objectif des autorités françaises est clair : alerter le grand public sur les dangers de la désinformation et mettre en avant la stratégie du Kremlin pour fragiliser l'Occident sous couvert de guerre en Ukraine.